Oubliez le Nouvel Ordre Mondial. Voici qui dirige vraiment le monde

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L'État profond américain

Pendant des décennies, les idéologies extrêmes à la fois sur la gauche et la droite se sont affrontées sur le concept d’une conspiration autour d’un gouvernement secret tirant les ficelles dans l’ombre au dessus des chefs d’État du monde et des capitaines d’industrie.



Le terme Nouvel Ordre Mondial est largement tourné en dérision comme une théorie de la conspiration infantile entretenue dans des esprits qui manquent de la sophistication nécessaire pour comprendre les nuances de la géopolitique. Mais il se trouve que l’idée de base, une collusion profonde et globale entre Wall Street et le gouvernement avec un agenda mondialiste, est opérationnelle dans ce qu’un certain nombre d’initiés appellent l’État profond.


Ces deux dernières années, le terme a acquis un pouvoir d’attraction pour un large spectre d’idéologies. L’ancien assistant du Congrès républicain Mike Lofgren dit que cet État profond est le lien entre Wall Street et la sécurité nationale, une relation où des personnes élues et non élues unissent leurs forces pour consolider leur pouvoir et servir des intérêts acquis. L’appelant «la grande histoire de notre temps», Lofgren dit que l’État profond représente l’échec de notre gouvernement constitutionnel visible et le croisement fertile entre des corporatismes et la guerre globale contre la terreur.


«C’est un hybride de la sécurité nationale et des organismes d’application de la loi : le ministère de la Défense, le Département d’État, le ministère de la Sécurité intérieure, les Services de renseignement (CIA) et le ministère de la Justice. J’y inclus également le Département du Trésor en raison de sa compétence sur les flux financiers, sa mise en application des sanctions internationales et de sa symbiose organique avec Wall Street», a-t-il expliqué.


Même des pièces de l’appareil judiciaire, à savoir la Foreign Intelligence Surveillance Court, appartiennent à l’État profond.


Comment l’État profond fonctionne-t-il?


Un réseau complexe de tourniquets entre le complexe militaro-industriel , Wall Street et la Silicon Valley consolide les intérêts des contrats de défense, des banksters, des actions militaires, et des services secrets autour de la surveillance à la fois extérieure et intérieure.


Selon Mike Lofgren et bien d’autres initiés, ce n’est pas une théorie du complot. L’État profond se cache à la vue et va au-delà du complexe industriel militaire. Le président Dwight D. Eisenhower nous en a avertis dans son discours d’adieu, il y a plus de cinquante ans.



Alors que la plupart des citoyens sont au moins passivement conscients de l’état de la surveillance et de la collusion entre le gouvernement et les chefs d’entreprises de Wall Street, peu de gens sont au courant du nombre de fonctions de renseignement du gouvernement confiées à des groupes privatisés, qui ne sont pas soumis à une surveillance ou à une quelconque responsabilité. Selon Lofgren, 70% de notre budget des services secrets va a des entrepreneurs privés.


En outre, alors que Wall Street et le gouvernement fédéral soutirent de l’argent de l’économie, conduisant des dizaines de millions de personnes à vivre des coupons alimentaires et à l’incarcération de plus de personnes qu’en Chine, un État totalitaire quatre fois plus peuplé que nous, l’État profond a, depuis le 9/11, construit l’équivalent de trois Pentagones, un appareil d’État pléthorique qui contraint les sociétés en contrat avec la Défense, les sociétés autour du renseignement, et des citoyens du privé irresponsables à marcher au pas.


Après des années de service au sein du Congrès, le moment de vérité de Lofgren sur cette question est venu en 2001. Il a observé le gouvernement s’appropriant une énorme quantité d’argent ostensiblement destinée à aller en Afghanistan, mais qui, à la place, est allée dans la région du golfe Persique. Ceci, dit-il, l’a désenchanté de la pensée unique, qui permet de tenir tous les sbires de Washington bien alignés.


La pensée unique, une assimilation inconsciente des vues de vos supérieurs et de leurs pairs, fonctionne aussi pour garder la technologie de l’information de la Silicon Valley canalisée sous surveillance fédérale. Lofgren croit que la NSA et la CIA n’auraient pas pu faire ce qu’elles ont fait sans la Silicon Valley. Celle-ci a développé un partenariat de facto avec les activités de surveillance de la NSA, le tout facilité par une ordonnance du tribunal de la FISA.


Maintenant, Lofgren note que ces chefs d’entreprise viennent se plaindre de perdre des parts de marché à l’étranger et des dégâts que cette collusion a provoqués sur la réputation à la fois nationale et internationale de leurs marques. Sous un prétexte pseudo-libertaire, ils ont barricadé le secteur commercial de la technologie de façon tout aussi intrusive que la NSA. Pendant ce temps, la mise en place de la loi DMCA sur la propriété intellectuelle, pour que le gouvernement puisse emprisonner les citoyens qui casseraient la sécurité des ces dispositifs, a réjoui  Wall Street. C’est sans surprise que le gouvernement a confirmé la législation draconienne pour quinze ans de plus.


Il n’est également pas surprenant que la croissance du pouvoir du Big Business aide l’État profond. Les portes tambour entre le gouvernement et l’argent de Wall Street permettent aux plus grandes entreprises d’offrir des emplois très bien payés à de hauts responsables gouvernementaux et militaires, les yes-men. Ceci dit, Philip Giraldi, un spécialiste du contre-terrorisme et un officier du renseignement militaire, ancien de la CIA, explique comment les Clinton ont quitté la Maison Blanche presque fauchés mais ont rapidement pu amasser $100 millions. Il explique également comment l’ancien général et directeur de la CIA David Petraeus, qui n’a aucune expérience dans la finance, est devenu un partenaire au sein du cabinet de capital-investissement KKR, et comment l’ancien directeur de la CIA Michael Morell est devenu conseiller principal chez Beacon Global Strategies.


Wall Street est la fondation ultime de l’État profond par la quantité incroyable d’argent qu’il génère, qui peut fournir des planques pour les yes-men du gouvernement après leur retraite. Le népotisme règne alors que les portes tambour entre Wall Street et le gouvernement facilitent l’existence d’une grande partie de nos soucis domestiques :


«Le sauvetages des banques, les allégements fiscaux et la résistance à la législation visent à réglementer Wall Street, les bailleurs de fonds politiques, et les lobbyistes. Les hauts fonctionnaires du gouvernement, les ex-généraux et des agents de renseignement de haut niveau qui y participent se retrouvent avec des maisons valant plusieurs millions de dollar où couler leurs années de retraite, lestés par une pile bien copieuse d’investissements», a dit Giraldi.


Comment l’État profond a-t-il vu le jour?


Certains disent qu’il est la progéniture hybride évolutive du complexe militaro-industriel tandis que d’autres disent qu’il est né avec le Federal Reserve Act, avant même la Première Guerre mondiale. A cette époque, Woodrow Wilson a fait remarquer :


«Nous en sommes venus à être l’un des pays les plus mal dirigés, l’un des gouvernements les plus complètement contrôlés et dominés du monde civilisé, et non plus un gouvernement de conviction, issu du vote de la majorité, mais un gouvernement d’opinion sous la contrainte d’un petit groupe d’hommes dominants


Cette cabale quasi-secrète qui tire les ficelles à Washington et sur une grande partie de la politique étrangère américaine est maintenue par une idéologie libérale entrepreneuriale qui se développe autour de la déréglementation, de l’externalisation, de la désindustrialisation et de la financiarisation. L’exceptionnalisme américain, ou le grand Consensus de Washington, provoque une guerre perpétuelle et un impérialisme économique à l’étranger tout en consolidant les intérêts de l’oligarchie, ici à la maison.


Mike Lofgren dit que ce gouvernement dans le gouvernement fonctionne hors impôts, qu’il n’est pas contraint par la Constitution, que ses machinations ne sont jamais dérangées par les changements politiques à la Maison Blanche. Dans ce monde, où l’État profond agit en toute impunité, savoir qui est le président n’a pas d’importance tant qu’il ou elle perpétue la guerre contre le terrorisme, qui sert ce réseau interconnecté d’intérêts des corporations et d’objectifs géopolitiques fallacieux.


«Tant que les lois adéquates sont votées à temps, que les listes de promotion se confirment, que les budgets noirs (c’est-à-dire secrets) obtiennent les bons tampons, que les subventions fiscales particulières pour certaines sociétés sont approuvées sans controverse, aussi longtemps que trop de questions gênantes ne sont pas posées, les engrenages de l’État hybride pourront tourner sans bruit», selon Mike Lofgren dans une interview avec Bill Moyers.


Fait intéressant, selon Philip Giraldi, la toujours militariste Turquie possède son propre État profond, qui utilise la criminalité manifeste pour garder actif le flot d’argent. Par comparaison, l’État profond des États-Unis repose sur une relation symbiotique entre les banksters, les lobbyistes et les industries de Défense, un hybride mutant qui possède également le 4e pouvoir (la presse) et les think tanks à Washington.


Peut-on espérer pour l’avenir?


Peut-être. À l’heure actuelle, la discorde et l’agitation continuent à grossir. Divers groupes, une partie de l’establishment, des organisations et des parties de la population de tous les coins de l’échiquier politique, y compris de la Silicon Valley, le mouvement Occupy, le Tea Party, les Anonymous, WikiLeaks, les anarchistes et les libertaires à la fois de gauche et de droite, l’Electronic Frontier Foundation, et des lanceurs d’alerte comme Edward Snowden et d’autres, commencent à remettre en question et à rejeter vigoureusement le labyrinthe du pouvoir exercé par l’État profond.


Est ce que ces groupes peuvent – pouvons-nous, nous les gens – surmonter les tactiques du diviser pour mieux régner utilisées pour étouffer la dissidence? L’avenir de la liberté peut en dépendre.


Jake Anderson


Traduit par Hervé, relu par Diane et jj pour le Saker Francophone


Note du Saker Francophone


Puisque cet article parle encore des États-Unis et de complots, j’en profite pour répondre à une remarque d’un lecteur sur notre obsession pour ce pays qui pourrait être perçue comme de l’anti-américanisme primaire, en disant qu’il suffit simplement de constater qu’ils ne font rien pour se faire oublier et que notre attitude n’est qu’une réplique à un exceptionalisme-primaire effrontément revendiqué. A doctrine primaire, anti-doctrine de la même eau !


Le Saker Francophone n’est pas américanophobe ou israélophobe ou islamophobe ni même adorateur de Poutine. Nous sommes pour la liberté de chaque peuple à disposer de lui-même en pleine souveraineté. Nous sommes contre toute forme d’abus d’autorité. Le centre du pouvoir mondial se trouve actuellement quelque part entre Washington, Wall-Street, la City et Tel-Aviv (pour certains aspects) et c’est contre ce pouvoir mortifère qu’il faut lutter. Quand un article parle des États-Unis, il faut lire les élites américaines ou mondialistes, pas le peuple américain qui nage dans un océan de propagande comme les Français ou les Israéliens.


Nous faisons l’effort de nous libérer de cette propagande. Ne jetons pas la pierre à ceux qui ont encore le tête sous l’eau. Aidons-les à ouvrir les yeux. Certaines élites lisent aussi ces blogs et prennent conscience de leur responsabilité à leur niveau. Ils ont aussi un rôle à jouer pour saper ce Système qui derrière les vrais complots crimes en bande organisée a aussi une dimension qui dépasse ces élites quoi qu’elles en pensent.


Liens 


La guerre de terreur des États-Unis : la CIA, le 11-Septembre, l’Afghanistan et l’Asie centrale – Par Peter Dale Scott (Traduction : Maxime Chaix)


Et la CIA créa le label Théoricien du complot



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