Joly, ministre du gouvernement mondial ?

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À quand le postmondialisme ?


Quelle est la vision du monde de la nouvelle ministre des Affaires étrangères de notre Dominion, Mélanie Joly ?


« En a-t-elle simplement une ? » persifleront les mauvaises langues (qui, en se moquant de cette femme politique avec une sorte d’acharnement, se sont paradoxalement trouvées à la propulser toujours plus haut). On peut pourtant dire qu’il y a quelque chose comme une « vision du monde » dans son Changer les règles du jeu (Québec Amérique) – essai au demeurant plein de lapalissades et d’affirmations peu étayées – publié en 2014.


Fondement


À l’époque, elle venait de quitter la tête du parti municipal Vrai changement pour Montréal, qu’elle avait fondé pour l’élection de 2013. Dans les interviews, elle disait être contente d’avoir laissé la politique pour pouvoir « dire plus directement ce qu’elle pensait ».


Dans l’introduction, elle avait dévoilé l’aspect programmatique de l’ouvrage : « Je livre cet essai, qui se veut aussi le fondement de mes actions futures ».


Lors de la campagne électorale de 2019, je l’avais interviewée, à QUB radio, pendant 25 minutes, lui rappelant certains passages de son livre. Plusieurs de ses « actions politiques » ne concordaient pas du tout avec ce qu’elle affirmait dans Changer les règles du jeu. Notamment l’idée que les multinationales doivent prélever des taxes à la consommation. Mais aussi que « toute entreprise ou personne qui profite de l’accessibilité à un marché étatique paie en conséquence pour cet accès » (p. 179).


Ministre du Patrimoine canadien, elle avait plutôt renoncé à « appliquer les règles du jeu ». Souvenons-nous de sa politique complaisante à l’égard de Netflix, entre autres, qui se trouvait exemptée de prélever la taxe. Depuis, elle a admis qu’elle aurait dû « faire les choses différemment ».


Espérons que comme ministre des Affaires étrangères, elle travaillera aux ententes internationales qui forceront les GAFAM (Google, Apple, Facebook, Amazon, Microsoft) à payer leur dû aux États.






Souveraineté


Au reste, la nouvelle ministre des Affaires étrangères libérale semblait hostile, dans son livre de 2014, à l’idée de souveraineté des États, un des fondements des relations internationales.


« Les États d’aujourd’hui doivent accepter de délaisser une partie de leurs pouvoirs », insistait-elle. Notamment « en matière environnementale », où ils devraient « absolument accepter de [se] subordonner [...] à des principes planétaires de gestion du carbone » (p. 144). Elle estimait nécessaire que les États acceptent des « ententes mondiales contraignantes », afin que les États en infraction soient « sanctionnés ».


Dans certains passages de l’essai, l’idée d’un gouvernement mondial affleure : « Il faut donc absolument qu’un pouvoir d’influence planétaire soit mis en place pour que la conscience environnementale chez le citoyen puisse se développer ». (p. 138)


Cette « centralisation mondiale » qu’elle appelle de ses vœux devrait toutefois s’accompagner d’un délestage des États-nations vers les « communautés locales » (p. 145). Au Canada, vers les provinces ? Non, celles-ci sont absentes de la vision de Mme Joly en 2014. À ses yeux, les villes devraient hériter de plus de pouvoir et d’argent.


On nage ici dans le post-nationalisme, selon qui « l’individu est une institution politique en soi que l’on doit respecter » (p.140). En somme, « au XXIe siècle, le fait d’appartenir à un pays n’est plus une fin en soi » (p. 131).


Mais quel type de politique internationale peut-on vraiment échafauder à partir d’une telle position ?











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