La corruption endémique dans certains pays en développement, la Journée internationale contre la corruption et la création récente de plusieurs groupes non partisans pour lutter contre la corruption nous donnent aujourd’hui l’impression que cette dernière est un fléau international qui, au Québec comme ailleurs, transcende les partis politiques. Pourtant, ici, force est d’admettre que la corruption est bel et bien partisane. Et pour certains, cette partisanerie est particulièrement fructueuse.
Commençons par quelques statistiques, accessibles à tous, sur le site du directeur général des élections du Québec. À la fin de l’exercice financier de l’année 2008, la moyenne des contributions politiques était de 167 $ pour le Parti Québécois alors qu’elle était de 413 $ pour le Parti libéral. Pour la même année, le premier a amassé 4 143 490 $ en dons de plus de 200 $, alors que le parti au pouvoir recevait encore une fois plus du double, soit 8 345 660 $. Le plus inquiétant? Le PLQ allait chercher en 2008 près de deux millions en activité au coût de plus de 1000 $, alors que le PQ recevait un maigre 52 000 $. Évidemment, ces chiffres ne prouvent rien. Mais ils mettent la table à une situation périlleuse pour le parti de Jean Charest. On peut en effet se questionner sur les intentions d’un donateur de plus de 1000 $, mais beaucoup moins de celui qui donne 100 $.
Cela devient particulièrement inquiétant lorsque l’on fait des recoupements avec les multiples scandales du Parti libéral depuis son élection en 2003. De l’attribution discrétionnaire de permis de garderies au scandale des FIER en passant par les multiples allégations de corruption dans le domaine de la construction, les recoupements entre ces scandales et le financement du PLQ deviennent gênants. Entendons-nous : le Parti Québécois n’est pas exempt de taches à son dossier. Mais il agit. Suite au cas Oxygène 9, le PQ avait institué le Commissaire au lobbyisme du Québec, qui enquête aujourd’hui sur le nouveau député libéral de Rivière-du-Loup et ancien président de ce parti, Jean D’Amour. De l’autre côté, nous attendons toujours des actions concrètes — et une commission d’enquête sur la construction — du Parti libéral afin de redonner confiance au peuple québécois, une confiance sérieusement éméchée depuis 2003.
Les solutions sont à portée de main et le ministre Béchard a la poigne plutôt molle, en ne faisant que revoir le mode d’attribution des contrats en construction et haussant légèrement le financement public des partis. Allons-y donc de quelques pistes de réflexion. D’abord, le plafond du financement public, aujourd’hui fixé à 3000 $. Pourquoi ne pas le baisser radicalement, et ainsi avoir un réel financement populaire? Nous pouvons également penser à interdire le financement à ceux qui ne sont pas membres du parti financé, donner davantage de moyens au directeur général des élections, hausser et indexer le financement public ainsi que de doter les Québécois d’une carte d’électeur.
Dans le cadre de la Journée internationale contre la corruption, Pauline Marois proposera ses solutions afin de redonner au citoyen la véritable valeur de leur vote. Je prévois que ces mesures seront audacieuses et solides, et que cela créera une véritable démarcation entre un parti qui veut lutter contre la corruption et l’autre qui, mollement, se laisse dériver par certains qui en profitent. Plus que jamais, la lutte à la corruption n’est pas une lutte de génération ou encore une lutte transnationale. La lutte contre la corruption est bel et bien partisane, comme l’est la corruption elle-même. Elle oppose le Parti Québécois au Parti libéral du Québec.
Alexandre Thériault-Marois, Président du Comité national des jeunes du Parti Québécois
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