Combien y a-t-il de Tamouls qui sont venus au Québec en rêvant de se faire élire commissaire d’école? Ou conseiller municipal?
Il est de commune renommée internationale que le Québec est une démocratie exemplaire. Mais les immigrants viennent-ils vraiment ici pour goûter aux délices de l’éligibilité?
Pas sûr. Sur la liste de leurs 10 priorités figure rarement «être élu rapidement».
Ils viennent pour travailler, vivre en paix et en sécurité.
Qu’espèrent donc accomplir Pauline Marois et le PQ avec ce projet de loi punitif sur la citoyenneté québécoise? Affirmer et affermir l’identité québécoise et mieux intégrer les immigrants, nous dit-on.
Pourtant, si on refuse une «citoyenneté québécoise» aux immigrants sur la base de leur compétence linguistique, et qu’on les empêche de se faire élire ou de contribuer aux partis politiques, on n’avancera pas d’un centimètre sur la voie de l’intégration.
On ne créera aucune incitation à apprendre le français, parce que l’approche punitive, me semble-t-il, est contre-productive. Mais, même en admettant qu’elle soit efficace, la «punition», ici, ne voudra probablement pas dire grand-chose pour la majorité des gens visés, c’est-à-dire des gens qui ont choisi le Québec, mais qui ne parlent pas encore le français. Qu’est-ce que ça peut bien leur faire de ne pas pouvoir être maire de Roxboro?
On ne fera rien de bon, et peut-être en enverra-t-on simplement davantage vers le reste du Canada.
Il faut au contraire leur tendre la main pour qu’une fois intégrés, ils aient le désir de se mêler à la vie politique.
En sachant que le plus important est ailleurs : dans le fulgurant changement de tendance qui s’est opéré depuis 30 ans, et qui fait son travail lentement mais sûrement : la loi 101 envoie les enfants des immigrants à l’école française et intègre puissamment.
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Pauline Marois a bien raison de souligner qu’il faut faire plus d’efforts pour franciser les nouveaux arrivants. Mais en quoi sera-t-on aidé par l’expulsion de la citoyenneté québécoise de gens qui ont la canadienne de toute manière?
Ah ! Pour un trip d’acide constitutionnel, c’en sera tout un. On rêve sans doute, dans l’entourage de Pauline Marois, que Brent Tyler, ou mieux encore le gouvernement fédéral, attaque cette loi jusqu’en Cour suprême, gagne, et «humilie» le Québec. Sauf Henri Brun et Jean-François Lisée (qui cite la Nouvelle-Calédonie et un archipel finlandais à l’appui du projet !), à peu près tout le monde voit immédiatement l’inconstitutionnalité de cette loi.
Depuis 1990, certains stratèges péquistes cherchent l’astuce qui recréera le sentiment de rejet ayant suivi l’échec du lac Meech. Un beau gros brouhaha identitaire propre à créer des « conditions gagnantes » pour un référendum sur la souveraineté.
Faudra chercher encore avant de crier eurêka!
Bouchard-Taylor
Parlant d’identité, la semaine dernière, je suis allé faire quelques petits tours dans la salle de bingo de Longueuil ou siégeait la commission Bouchard-Taylor.
Première constatation: le ton général n’a rien d’hystérique, ce n’est pas un grand défouloir de xénophobie. Plutôt serein, plutôt modéré, très civilisé, très bien mené.
Deuxième constatation: ce que les immigrants demandent, ce ne sont pas des accommodements, c’est du travail. «La reconnaissance de nos diplômes et de nos compétences», a dit une femme d’origine algérienne.
Troisième constatation: je ne sais pas si c’est le hasard ou si c’est l’habileté de l’organisation péquiste qui fait ça, mais une forte majorité des immigrants qui ont pris la parole étaient de fervents souverainistes. Ils plaidaient pour l’indépendance avec passion et avec toutes sortes d’accents.
Tellement qu’en sortant de la salle, une vieille dame un peu éberluée disait à sa compagne : «Cou’donc, sont tout’ devenus séparatisses!»
(...)
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