Pays de lumières, gouvernements au noir!

Les Canadiens: signal avancé de la noirceur

Tribune libre

Au Québec, le hockey n'est pas seulement un sport national, c'est le miroir de l'état de la société. Je vais m'y aventurer en néophyte, à dire vrai je ne connais pas grand chose de ce sport, depuis la dissolution des Nordiques. Délicieux beau vieux temps!

Au Hockey, la violence fait partie du jeu, tout en étant punissable. Ce sport dont d'aucuns s'identifient et qui fascine la jeunesse, consacre une culture de la violence pendant que les milieux éducatifs tentent à grands fouets d'aseptiser couloirs et terrains de jeux de toutes apparences de violence, de tout contact physique ou verbal non affable. Sacrées incohérences! ou plutôt disons que je n'y comprends rien. Normal.
Cette semaine, un autre phénomène typique au Hockey québécois est venu troubler mon rêve de havre de la paix. Un joueur vient d'être viré, pour s'être librement exprimé. Dans un pays des libertés individuelles sacrées, j'éprouve de la difficulté à comprendre. Toutefois, je comprends que des fois, l'hypocrisie comme la diplomatie et le mensonge en politique, produisent du miel. On dit que le chemin de l'abeille n'est pas toujours propre, mais le miel a toujours bon goût.
Cependant, ce qui est troublant pour un néophyte que je suis, c'est que le scellé du sort de Michael Cammalleri au sein des Canadiens soit venu de l'extérieur de la patinoire. Cammalleri se serait confié à deux journalistes, à micros fermés. Ces derniers ont retranscrit et publié ses «perceptions». Mais lui ne les a pas endossées, ayant tenu à faire un démenti. Mais une fois des mots mis sur du carton, inutile de leur courir après. C'est comme une balle de tennis, au lancé de service. Le joueur qui tente de la rattraper, la reçoit en pleine face.
Cammaleri n'a pas dit exactement ce que les journalistes ont rapporté. Mais de la rue et des plateaux les jugements ont fusé, pour réclamer son congédiement. Point de bénéfice du doute, point de sagesse pour reconnaitre que le problème de l'équipe est d'une toute autre nature. Peut-être celle-là, qui tienne à l'externalité de la présidence des destins de l'équipe. Il suffit que des chroniqueurs ou des amateurs de patins à roues alignées s'expriment et s'indignent, pour voir des têtes d'entraineurs tomber, des chandails d'athlètes brûler.
Ce phénomène s'observe en politique. On est très habitué à le voir au Parti Québécois, mais en fait aucun parti n'est différent. Il suffit de perdre une fois, et l'extérieur, les sondeurs s'en mêlent. On vit ici comme des roseaux en plein milieu d'un courant d'eau. Sur les rivages, tout le monde saura lire le destin évident du roseau, lui dicter la conduite salvatrice.
Notre société à l'emblème de hockey est gouvernée de la même façon que les Canadiens de Montréal. Il suffit d'une avalanche d'opinions émotives pour entraîner les décideurs sur les pistes d'actions non nécessairement rationnelles. Et pourtant, notre société en est une de Lumières. Au nombre de centres du savoir, au nombre de penseurs et chercheurs payés pour créer et entretenir la lumière, nous ne devrions pas vivre des modes réactionnaires et des improvisations de décisions comme c'est hélas souvent le cas. Pourquoi sommes-nous gouvernés «au noir», avec autant de sources lumineuses? Est-ce que trop de lumière pollue? Non, non, non!
Le problème est que nous suivons les lumières des médias, qui somme toute sont sombres tout en prétendant être éclairantes. Puissions-nous renouer avec nos centres et sources de la lumière! Évidemment, que ces centres du savoir renouent avec la rigueur et l'intégrité incandescente.
Je m'en voudrais de ne pas tenter un examen de vue de notre système judiciaire à travers cette lunetterie. A date, on peut se féliciter du fait que les juges se tiennent debout, avec une colonne dorsale sans lordose ni scoliose. Mais cette droiture a des limites. Dans les cas par exemples trop médiatisés de contestations des décisions de déportation, tel le cas présent du Rwandais d'origine Léon Mugesera, il est difficile de s'imaginer qu'un juge puisse ne pas subir l'influence de l'opinion publique, si celle-ci est défavorable. J'aimerais bien me tromper. Autrement, la noirceur au dessus de notre société ira s'empirant.

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François Munyabagisha79 articles

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Psycho-pédagogue et économiste, diplômé de l'UQTR
(1990). Au Rwanda en 94, témoin occulaire de la tragédie de «génocides»,

depuis consultant indépendant, observateur avisé et libre penseur.





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2 commentaires

  • Louis-Olivier Lévesque Répondre

    16 janvier 2012

    Intéressant petit texte qui fait réfléchir sur la place de l'esprit critique face à la force de ce que est ruminé par les média.

  • Henri Marineau Répondre

    14 janvier 2012

    Vous dites:
    "Le problème est que nous suivons les lumières des médias, qui somme toute sont sombres tout en prétendant être éclairantes. Puissions-nous renouer avec nos centres et sources de la lumière !"
    Je suis d'accord avec vous lorsque vous affirmez que les médias sont souvent sombres tout en prétendant être éclairants.
    Ceci étant dit, j'aimerais bien que vous m'éclairiez sur ce que vous appelez "nos centres et sources de la lumière"...pour l'instant, je ne la vois nulle part sauf sur certaines tribunes libres qui se font de plus en plus rares !
    Et celle de Vigile en est une...à vous de continuer à l'utiliser comme vous le faites à l'occasion...et vous le faites avec toute l'honnêteté qui ressort de vos articles!
    Au plaisir de vous relire, M. Munyabagisha!