L’auteur du « Capital au XXIe siècle» prend partie pour une restructuration de la dette grecque.
Au lendemain du référendum grec et de la nette victoire du non, l’économiste Thomas Piketty a accordé une interview au quotidien allemand Die Zeit (traduite en anglais par le site Medium). Piketty, l'un des économistes les plus influents au monde depuis le succès de son analyse historique des inégalités, Le Capital au XXIe siècle, prend clairement partie pour une restructuration de la dette grecque, jugeant que maintenir les Grecs dans l’austérité est une solution intenable et injuste.
Piketty estime que «les conservateurs, en particulier en Allemagne, sont sur le point de détruire l’Europe et l’idée européenne, tout ça à cause de leur ignorance choquante de l’histoire.» Et pour convaincre le lectorat allemand, il établit un parallèle entre la situation actuelle de la Grèce et celle de l’Allemagne soixante ans plus tôt:
«Ce qui m’a frappé pendant que j’écrivais, c’est que l’Allemagne est vraiment le meilleur exemple d’un pays qui, au cours de l’histoire, n’a jamais remboursé sa dette extérieure, ni après la Première, ni après la Seconde Guerre mondiale.»
Et plus loin, insistant:
«L’Allemagne est LE pays qui n’a jamais remboursé ses dettes. Elle n’est pas légitime pour faire la leçon aux autres nations.»
«Le pardon de la dette»
Alors que le journaliste revient à la charge –«Donc vous nous expliquez que le miracle économique allemand était basé sur la même sorte d’aide que nous refusons à la Grèce aujourd’hui?»–, Piketty répond: «Exactement.» France comme Allemagne ont fait baisser leur dette après guerre en employant trois outils conjoints, poursuit-il: l’inflation, un impôt sur la richesse privée et une restructuration de leur dette.
Nous ne pouvons demander à ce que les nouvelles générations payent pour les erreurs de leurs parents
Thomas Piketty
«L’Europe a été fondée sur le pardon de la dette et l’investissement dans le futur. Pas sur l’idée d’une pénitence infinie. Nous devons nous souvenir de cela.»
«Nous ne pouvons demander à ce que les nouvelles générations doivent payer pendant des décennies pour les erreurs de leurs parents. Les Grecs ont fait, sans le moindre doute, de grosses erreurs.» Mais selon l’économiste, faire porter aujourd’hui le poids de la dette sur la jeune génération serait revenu hier à punir les jeunes générations allemandes des années d’après-guerre.
Thomas Piketty propose une conférence européenne sur la dette, jugeant la restructuration des dettes non seulement grecques mais aussi d’autres États de l’Union, inévitable. Et rappelle à Angela Merkel que «ceux qui veulent chasser la Grèce de l’Eurozone aujourd’hui finiront dans les poubelles de l’histoire».
Le verbe Pikettien dans toute sa splendeur, fait d'approximations qui débouchent sur des contre-vérités.
L'effacement de la dette allemande dont il est question l'a été à hauteur de 50%, et non dans sa totalité.
La moitié restante a bien été remboursée, et le dernier versement date d'ailleurs de 2010.
En outre, la dette allemande était en grande partie le résultat de dédommagements issus de la Première Guerre Mondiale.
Le pardon mentionné par Piketty est une réalité, mais il repose avant tout sur une volonté de mettre un terme aux conflits qui ont baigné à deux reprises l'Europe dans son sang.
Rien à voir, donc, avec les déficits structurels de la Grèce, et ses 300 classes d'élèves fictives destinées à emmagasiner des aides européennes.
Ceci dit, notre coqueluche internationale a raison sur un point: on ne peut pas enfermer un pays dans une pénitence infinie, c'est dangereux et totalement contre-productif.
L’auteur du « Capital au XXIe siècle» prend partie pour une restructuration de la dette grecque.
Au lendemain du référendum grec et de la nette victoire du non, l’économiste Thomas Piketty a accordé une interview au quotidien allemand Die Zeit (traduite en anglais par le site Medium). Piketty, l'un des économistes les plus influents au monde depuis le succès de son analyse historique des inégalités, Le Capital au XXIe siècle, prend clairement partie pour une restructuration de la dette grecque, jugeant que maintenir les Grecs dans l’austérité est une solution intenable et injuste.
Piketty estime que «les conservateurs, en particulier en Allemagne, sont sur le point de détruire l’Europe et l’idée européenne, tout ça à cause de leur ignorance choquante de l’histoire.» Et pour convaincre le lectorat allemand, il établit un parallèle entre la situation actuelle de la Grèce et celle de l’Allemagne soixante ans plus tôt:
«Ce qui m’a frappé pendant que j’écrivais, c’est que l’Allemagne est vraiment le meilleur exemple d’un pays qui, au cours de l’histoire, n’a jamais remboursé sa dette extérieure, ni après la Première, ni après la Seconde Guerre mondiale.»
Et plus loin, insistant:
«L’Allemagne est LE pays qui n’a jamais remboursé ses dettes. Elle n’est pas légitime pour faire la leçon aux autres nations.»
«Le pardon de la dette»
Alors que le journaliste revient à la charge –«Donc vous nous expliquez que le miracle économique allemand était basé sur la même sorte d’aide que nous refusons à la Grèce aujourd’hui?»–, Piketty répond: «Exactement.» France comme Allemagne ont fait baisser leur dette après guerre en employant trois outils conjoints, poursuit-il: l’inflation, un impôt sur la richesse privée et une restructuration de leur dette.
Nous ne pouvons demander à ce que les nouvelles générations payent pour les erreurs de leurs parents
Thomas Piketty
«L’Europe a été fondée sur le pardon de la dette et l’investissement dans le futur. Pas sur l’idée d’une pénitence infinie. Nous devons nous souvenir de cela.»
«Nous ne pouvons demander à ce que les nouvelles générations doivent payer pendant des décennies pour les erreurs de leurs parents. Les Grecs ont fait, sans le moindre doute, de grosses erreurs.» Mais selon l’économiste, faire porter aujourd’hui le poids de la dette sur la jeune génération serait revenu hier à punir les jeunes générations allemandes des années d’après-guerre.
Thomas Piketty propose une conférence européenne sur la dette, jugeant la restructuration des dettes non seulement grecques mais aussi d’autres États de l’Union, inévitable. Et rappelle à Angela Merkel que «ceux qui veulent chasser la Grèce de l’Eurozone aujourd’hui finiront dans les poubelles de l’histoire».
Le verbe Pikettien dans toute sa splendeur, fait d'approximations qui débouchent sur des contre-vérités.
L'effacement de la dette allemande dont il est question l'a été à hauteur de 50%, et non dans sa totalité.
La moitié restante a bien été remboursée, et le dernier versement date d'ailleurs de 2010.
En outre, la dette allemande était en grande partie le résultat de dédommagements issus de la Première Guerre Mondiale.
Le pardon mentionné par Piketty est une réalité, mais il repose avant tout sur une volonté de mettre un terme aux conflits qui ont baigné à deux reprises l'Europe dans son sang.
Rien à voir, donc, avec les déficits structurels de la Grèce, et ses 300 classes d'élèves fictives destinées à emmagasiner des aides européennes.
Ceci dit, notre coqueluche internationale a raison sur un point: on ne peut pas enfermer un pays dans une pénitence infinie, c'est dangereux et totalement contre-productif.
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