Je viens de lire la dernière chronique de Joseph Facal, l’arbre et l’écorce (http://www.vigile.net/L-arbre-et-l-ecorce,32589), et M. Facal ajoute encore une couche de conditionnement de la population, ça crève les yeux et ça m’énerve, il faut que ça cesse.
Même si manifestement M. Facal est ostracisé dans les milieux indépendantistes parce qu’il penche à droite, j’aime beaucoup ses idées, j’ai lu les lettres échangées entre lui et André Pratte, présentées dans un livre dont j’oublie le nom, il porte en son cœur le pays du Québec, il est indépendantiste.
Je ne comprends cependant pas comment il peut suggérer la mise en veilleuse du projet alors qu’il sait l’urgence de la situation. On dirait qu’il ne croit plus aux vertus d’un leadership fort et assumé. En fait, c’est probablement l’inertie du PQ qui le tue, qui lui fait dire que les choses sont bloquées pour plusieurs années (je crois cela moi aussi) alors aussi bien se concentrer sur notre santé économique. Je ne partage pas cela. S'il faut attendre notre bonne santé économique avant de travailler à inverser le mouvement assimilateur, nous risquons peut-être de mourir, politiquement. Ça accélérerait notre mort culturelle, sociologique. Il n’y aurait plus de réelle nation québécoise.
Mon propos ici est simplement le fait que M. Facal présente encore et toujours le référendum comme le seul moyen de procéder, le passage obligé. Sans le dire il ajoute à la croyance forte que la seule façon de devenir indépendant un jour, c’est de faire un référendum « OUI ou NON ». Il n’y a pas d’autre façon.
Tout le monde est d’accord, il ne faut pas faire de la stratégie ouverte, Gilles Duceppe le répète inlassablement, et Pauline Marois le dit aussi quelque fois. On comprend tous très bien qu’effectivement, ne faisons pas exprès, ne soyons pas idiots. Ne disons pas à nos adversaires ce que nous allons faire pour vaincre son emprise. Or c’est exactement ce que font tous les commentateurs autorisés, comme M. Facal, Michel David et pratiquement tout le monde : en n’ouvrant aucune autre porte ils ajoutent à la croyance solide de l’ensemble des Québécois qu’en effet, il n’y a rien qu’on puisse faire d’autre que de gagner un référendum. On s’enferme dans le piège, c’est trop stupide, Ça dure depuis beaucoup trop longtemps. Décréter cette nécessité de passer par un référendum, ça nourrit l’adversaire et ça nous affaiblit parce qu'il attaque toujours le même flanc, et ça libère les élites péquistes de réfléchir sérieusement à la question. Personne donc ne débat véritablement de l’essentiel, c’est-à-dire devenir un pays, on s’en tient mordicus au maudit référendum. Ça fait l'affaire des fédéralistes et nous, les indépendantistes, nous jouons leur jeu. Le référendum est l'épouvantail à moineaux et tout le monde ne parle que de lui. C'est vraiment pathétique. C’est ainsi que malgré ce qu’en pensent la majorité des gens, depuis de nombreuses années au Québec, on ne parle à peu près jamais de l’indépendance de la nation que nous sommes.
Je peux comprendre qu’à la limite, en poussant les raisonnements au bout, on en vient effectivement à reconnaître l’obligation de faire un référendum. C’est fort possible, je ne conteste pas cela, mais il y a plusieurs possibilités. Un référendum est impossible si on ne parle jamais du pourquoi de l’exercice, c’est comme débarquer chez les gens et les prendre par surprise en leur sommant de répondre « Oui ou Non ?? ». On ne peut pas juste préparer l’exercice du référendum, il faut surtout préparer les esprits à la nécessité d’évoluer, exactement comme les gens de droite le demandent ces temps-ci. Prenons exemple de ce qu’ils font. Ils conditionnent la population pour les amener à voir les choses comme eux.
Tout de même, pour ceux qui ne veulent rien savoir et qui exigent un référendum coute que coute (je suis sûr que ces gens sont peu nombreux), voici une suggestion : on peut structurer quelque peu la consultation de la population en s’adressant à leur intelligence au lieu de juste leur demander OUI (ce qui est risqué) ou NON (ce qui est la facilité). Par exemple on peut poser une question puis une seconde, lors d’un second vote après une semaine, deuxième question qui n’est pas la même selon la réponse à la première. J’ai déjà élaboré sur Vigile là-dessus.
Affirmer péremptoirement l’obligation d’un référendum, juste dire ça, en excluant de facto tout autre démarche, c’est précisément faire de la stratégie ouverte. J’aimerais qu'enfin tous les commentateurs et tous les élus indépendantistes comprennent cela. Depuis le temps qu’on déclare l’absolu nécessité d’un référendum on en a fait un conditionnement dans la population. Il est temps d’instiller dans leur tête qu’il y a d’autres façons raisonnables et légitimes de procéder. On aura peut-être enfin des sondages moins bêtes que « Voulez-vous un référendum ? ». Il serait temps d’agir plus intelligemment et c’est assez facile. Prenez exemple de Jacques Parizeau : réfléchissez, analysez et sous-pesez les choses, et lorsque vous vous prononcez, dites quelque chose, il faut que ce soit senti, dites-le en le croyant sincèrement. Plus que l’intelligence des mots, il faut absolument être compris par ceux à qui on s’adresse. Le plus simple ici, et le plus efficace, c’est de toucher les gens. Si Madame Marois était comme ça elle serait aussi populaire que Bouchard et Lévesque, et l'air du temps sentirait la liberté.
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4 commentaires
Archives de Vigile Répondre
18 novembre 2010M. Pomerleau,
je souscris au plan Marois, à la démarche. Je suis bien heureux qu'apparemment le PQ ait décidé de procéder autrement. Qu'on ne promette plus de tenir un référendum dans le premier ou le deuxième mandat, c'est secondaire, ça n'a vraiment pas d'importance. Jamais de toute façon on ne tiendrait un référendum si les circonstances ne s'y prêtent pas. Et si elles s'y prêtent "d'aplomb", promesse pas promesse on va en faire un, un référendum.
Malgré ce plan Marois rien de tangible n'est encore réalisé, il faut croire le PQ sur parole. Malgré ce plan Marois, le discours continue d'accréditer l'idée que l'acte ultime, c'est de tenir un référendum. Et ça occulte tout le reste. C'est l'opinion publique.
Je n'aurais pas de problème avec cela si Mme Marois était un leader que les gens veulent suivre mais ce n'est pas le cas. Il faudrait qu'elle parle et agisse comme M. Khadir. Il y a longtemps que l'Assemblée nationale n'a pas eu en ses rangs un citoyen et député aussi porteur d'espoir, aussi bien représentatif des sentiments populaires. En plus M. Khadir n'est pas populiste, personne ne peut lui reprocher ça. Il m'impressionne. Une coalition PQ-QS pourrait faire de grandes choses.
Le problème M. Pomerleau, c'est que le PQ sera élu avec une faible marge aux prochaines élections, si la tendance se maintient. Il sera menotté. Il le sera encore plus s'il n'a rien de concret à présenter à la population, s'il ne s'est fait élire que sur des promesses.
Il reste 2 ans. Malgré la mauvaise impression que me fait Mme Marois, si le PQ se met à l'ouvrage et construit quelque chose avant les élections, s'il met de la chair autour de l'os, en fait s'il démontre son sérieux et sa détermination, oui je voterai pour le PQ. Mais Mme Marois est en poste depuis quelques temps et le PQ est toujours inerte au sujet de notre nation à défendre. Il y a un plan qui correspond à ce que je demande moi-même depuis longtemps, d'accord. Mais je ne fais plus confiance au PQ. Il n'y a aucun signe qui permet de croire qu'une fois au pouvoir, ce parti se comportera différemment. C'est presque mathématique (il lui faudrait rallier beaucoup plus que 40% des gens).
Si je me trompe et que le PQ est élu avec un mandat bien défini et clairement affiché, si en plus il agit concrètement, je commencerai à croire qu'un changement s'est réellement effectué au sein du PQ.
Jean-Claude Pomerleau Répondre
18 novembre 2010La souveraineté il ne s'agit plus d'en parler, il s'agit de la faire. Pour y parvenir il faut changer de paradigme:
http://www.vigile.net/Le-difficile-changement-de
Pour réaliser la souveraineté, le déterminant politique c'est l'État. Donc il faut prendre le pouvoir et agir souverainement. C'est ce que propose la Plan Marois. Son équipe aura t elle la volonté d'agir, à nous de lui en donner.
Pour le moment, puisque l'enjeu est l'État. Il y a urgence total à sortir Charest et sa clique qui squatte notre État et le pille.
L'opération a atteint un climax. Madame Marois a passé la ligne rouge: Une enquête ou des élections; un vote de non confiance aura lieu, si les libéraux le gagne la pression populaire devra se diriger vers les députés du PLQ.
Exactement ce le but la campagne d'affichage:
http://www.vigile.net/J-ai-voulu-faire-ma-part-Andree
La souveraineté, il ne s'agit plus d'en parler, il s'agit de la faire. La game est commencé....
JCPomerleau
Archives de Vigile Répondre
18 novembre 2010Monsieur Bouchard
Excellent texte! Si les dirigeants péquistes avaient bien expliqué au peuple québécois tous les avantages de l'indépendance depuis la fondation de ce parti et s'ils avaient été vraiment sérieux et sincères pour réaliser cette indépendance, nous ne serions pas dans le cul-de-sac actuel. Ils s'imaginaient qu'en faisant du chantage auprès du gouvernement fédéral que celui-ci tenterait de nous accommoder en nous cédant certains pouvoirs mais ce fut le contraire qui se produisit. Après 2 référendums, le gouvernement fédéral ne nous a encore rien offert; il même durci ses positions. Pour qu'un référendum soit gagnant, il faut de l'éducation politique et le PQ a failli à sa tâche. Pas surprenant que ce parti est été doublé à gauche par QS et bientôt il sera doublé à droite par un nouveau parti. Si ce parti ne remet pas l'indépendance à l'ordre du jour et s'il ne travaille pas à mettre dans la tête des Québécois que seule cette indépendance peut nous sauver de notre disparition comme peuple, ce parti s'éteindra comme feu l'Union Nationale. Il m'a fait plaisir.
André Gignac patriote
Marcel Haché Répondre
18 novembre 2010Bonjour Pierre Bouchard.
Toujours plaisant de vous lire.
Les grands chefs que vous nommez, Parizeau, Bouchard (et même René Lévesque) ont tous eu le Pouvoir. Le peuple québécois leur avait passé le micro pour qu’ils s’adressent à lui. Mme Marois est en quête de ce micro.
Il est à remarquer que le peuple québécois est en train de contester sérieusement la possession du micro par Jean Charest. Je ne puis pas être plusse-plusse dans la rectitude politique et la langue de bois…
Je partage votre avis qu’il est devenu pathétique de réclamer un référendum—le saint-référendum—à ce stade-ci de la conjoncture.
Que Mme Marois s’empare enfin du micro ! On verra bien si elle entreprendra la grande bataille, référendaire ou pas. Ce détail n’est pas si important, en effet.
Je crois que si le P.Q. se « décide », Nous allons gagner. Ma conviction.
Mme Marois n’est pas une activiste, ni une passionaria. Elle ne changera pas. Mais cette personne qui ne changera pas a quand même un bon flair politique. Je sais, je suis partisan.
La clef, c’est véritablement le parti lui-même, wake-up P.Q. sa capacité à emprunter une nouvelle voie, de céder sur l’accessoire, mais rester intransigeant sur l’essentiel.
Garder le cap et rester fidèle clisss !
Salutations.