«PPP», comme dans Piketty, PKP et… PQ!

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Le défi de PKP

Ces jours-ci, un livre atypique trône au sommet des ventes d’Amazon et des listes best-sellers aux États-Unis. Ce n’est pas une coda insoupçonnée à la saga d’Harry Potter, mais un ouvrage d’économie qui porte ce titre parfaitement narcoleptique : Le capital au XXIe siècle (Seuil). Toutefois, ce livre n’endort pas nos voisins du Sud. Au contraire. Écrit par le français Thomas Piketty, cette étude-phénomène est encensée par les économistes de gauche et semble causer bien des insomnies chez ceux de la droite. Le New York Times compare l’importance de l’ouvrage à Wealth of Nations d’Adam Smith et Das Kapital de Marx. Rien de moins !

La thèse de Piketty est simple. Avec la collaboration de plusieurs universités, Piketty et ses collègues ont fait une récolte sans précédent des données d’imposition à travers le monde et sur presque 200 ans. Ils constatent ceci : la mouvance historique du capitalisme enrichit les très riches (le fameux 1 %) beaucoup plus rapidement que le reste de la population. Pourquoi ?

Parce que, selon ces données, le retour sur les investissements en capital excède habituellement, et de beaucoup, la croissance de la productivité et des salaires. Dans notre système, les « déjà-riches » s’enrichissent donc presque inévitablement plus vite que les « pas-encore-riches ». Selon Piketty, c’est un fait historique !

Cette idée, exprimée par les symboles suivants : r > g (rowth), deviendra peut-être le e = mc2 de notre époque. Cette tendance semble être systémique. À part pour l’exceptionnelle période de l’après-guerre (1945 aux années 70), l’inégalité économique semble augmenter dans les sociétés occidentales de façon inéluctable. Quantitativement, les États-Unis de nos jours retrouvent un niveau d’inégalité équivalant à celui de l’Europe d’avant-guerre : 1 % de la population détenant près de 20 % de l’économie. Les économistes qualifient ce retour comme étant le rétablissement d’un capitalisme patrimonial, « où, comme l’écrit Paul Krugman, les forces dominantes de l’économie sont contrôlées non pas par des individus de talent, mais par des dynasties familiales ».

Nous en avons peu d’écho encore sur nos berges québécoises, rivés comme nous l’étions aux récentes élections et à la sempiternelle équation souveraine/fédéraliste. L’inégalité économique est aussi beaucoup moins prononcée chez nous qu’aux États. Mais il est important de considérer certaines choses à la lumière de l’impressionnante étude de Piketty, dont celle-ci, proche de nous et de notre avenir.

Poulet St-Hubert

Sur l’étrange possibilité que le PQ confie ses rênes à un représentant modèle du 1 %… On ne va pas se leurrer (car on a des matchs du Canadien à regarder), il ne semble pas se profiler de réelle course à la direction du PQ. Et on ne parlera pas des prochaines années libérales, qui se dérouleront avec la prévisibilité réconfortante (ou non, ça dépend des goûts) du poulet St-Hubert. Pour être bref, il s’agit de faire une ellipse et d’examiner cette question, pour 2017.

Quel Québec M. Péladeau pourra-t-il nous proposer ? Je ne suis pas cynique. Je ne crois pas qu’il soit impossible pour un politicien d’aller à l’encontre de ses intérêts individuels et économiques. Mais ce que le PQ demandera à M. Péladeau relève de la véritable torture. Thomas Piketty vient possiblement de délimiter le spectre d’un énorme problème économique pour l’Occident. Il faudra l’affronter politiquement.

Et nous, de notre brave village encerclé, nous proposons d’envoyer le pire émissaire possible pour une telle éventualité. J’offre d’avance mes sympathies à M. Péladeau, qui devra aller à l’encontre de ses principes, de ses origines, et de sa situation, s’il veut nous guider à travers cette tempête.


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