Quand il n'y a plus de fierté

Tribune libre

Adolescent, à la fin des excitantes années 70, j'allais célébrer la Saint-Jean avec les copains sur le mont Royal. La fierté d'être Québécois étant omniprésente à cette époque - c'était avant deux défaites référendaires - les Canadiens de Montréal étaient invincibles et on se sentaient comme des géants. Tout était possible !
Du moins dans notre tête.
Puis sont arrivées les dures et tristes années 80 qui ont commencé avec un coup de poing sur la gueule un certain 20 mai. L'adolescence s'est est allée et avec elle une partie de mes rêves et de ceux d'un peuple.
Puis, quinze ans plus tard, par une soirée d'octobre: nouveau coup de poing en pleine gueule.
Depuis cette deuxième défaite, à l'instar de plusieurs Québécois, il m'est toujours resté un goût amer dans la bouche.
Aujourd'hui, la journée de la Fête nationale n'est plus pour moi qu'une journée de congé bien méritée. Que voulez-vous ? J'ai du mal à ressentir une quelconque fierté du fait d'appartenir à un peuple qui s'est dit non à lui-même deux fois en quinze ans.
Le pire, c'est que je crois que ce manque de fierté se reflète partout dans la société québécoise. Nous, les coureurs des bois et les bâtisseurs de barrages, ne sommes même plus capables de construire un hôpital ou de prolonger une autoroute sans s'entredéchirer sur la place publique. Les éternelles chicanes entre souverainistes et fédéralistes qui se querellent pour tout et pour rien sont devenues des obstacles qui font que la société québécoise stagne depuis au moins une vingtaine d'années.
Oui, j'ai un goût amer dans la bouche.
Bonne Saint-Jean quand même !

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Bachelier Art et Lettre (Histoire) Journaliste Écrivain





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1 commentaire

  • Christian Montmarquette Répondre

    20 juin 2009

    «Puis sont arrivées les dures et tristes années 80»
    Le sentiment d'impuissance d'un peuple ne passe pas seulement par sa souveraineté territoriale ou politique, mais aussi par représentation et la «défense des citoyens».
    Or, avant l'apparition de Québec Solidaire sur l'échiquier politique, sans gauche politique, il ne restait guère que des partis «alliés des entreprises» qui elles, détiennent déjà le pouvoir économique.
    Si le peuple, dégoûté de la politique et orphelin de représentation, comprenait véritablement ce qu'est venu faire Québec Solidaire dans la joute, il pourrait sans doute y retrouver un espoir et un projet de société emballant pour sortir de sa morosité.
    Le jour où nous retrouveront notre mémoire et finiront par comprendre qu'indépendance et solidarité sociale ne sont en fait qu'une seule et même cause au Québec, nous aurons avancé d'un sacré pas !
    _____________________
    Christian Montmarquette
    Membre de Québec Solidaire
    Militant pour l'éradication de la pauvreté et l'indépendance du Québec
    Vive le Québec libre... Quelle liberté ?