Oui, oui, vous avez bien lu, Karl Marx est de retour ! Et pas n’importe où, non plus. Dans les pages des plus influents médias financiers du monde qui titrent « Karl Marx is hot ! » , et qui affublent son portrait de lunettes de vedette pour qu’on comprenne bien le message.
On croit rêver ! Pour ma part, je croyais bien que le glas du marxisme avait sonné avec l’effondrement de l’Union Soviétique et la chute du mur de Berlin.
Il restait bien Cuba, où la population est en santé mais l’économie est exsangue, et la Chine qui est encore sous la férule du parti communiste tout en évoluant de plus en plus vers une économie de marché, mais ces deux pays ont chacun une situation si particulière qu’on ne peut même plus les considérer communistes ou même marxistes, même en faisant les distinctions qui s’imposent entre ces deux épithètes.
L’explication de cet inopiné retour en grâce ? La crise financière mondiale qui remonte à 2008, que les États ne sont pas parvenus à juguler et qui entre maintenant dans sa phase finale et fulgurante.
Lorsque les plus grands financiers du monde se mettent à plaider pour l’augmentation de l’impôt sur les grandes fortunes (Warren Buffett aux États-Unis), lorsqu’ils déclarent que « Le capitalisme à l’état pur ne peut pas nous tirer de cette ornière (Bill Gross, PIMCO), lorsque Bloomberg titre « donnez à Karl Marx la chance de sauver l’économie mondiale », lorsqu’un important gestionnaire de fonds de couverture à Londres annonce, que « La grande époque du capitalisme est terminée », ou qu’un chroniqueur très respecté de MarketWatch et du Wall Street Journal spécule ouvertement sur la possibilité d’une seconde révolution américaine et sur une décennie d’enfer économique, on comprend qu’il est en train de se passer quelque chose d’extrêmement grave.
Pour avoir il y a déjà près de 18 mois anticipé la tournure qu’allaient prendre les événements, en avoir alerté à plusieurs reprises les lecteurs de Vigile, et suivi de très près au cours de l’été l’évolution de la conjoncture en produisant une revue quasi quotidienne de la presse internationale, je n’en demeure pas moins sidéré par la profondeur des remises en question qui sont en train de se faire, même si une bonne partie des acteurs sont encore soit en rattrapage, ou pire encore, toujours en déni.
Dans les populations, ici comme ailleurs, le degré de conscience de la gravité de la situation demeure encore peu élevé. La finance internationale est un domaine très complexe, et les gens ne vont s’en soucier que lorsqu’elle affectera leur quotidien. C’est déjà le cas dans un certain nombre de pays, et notre tour viendra rapidement, n’en doutez pas.
Dans une économie fortement mondialisée comme c’est le cas depuis quelques années, une crise de système de l’ampleur de celle qui est présentement en cours a des répercussions partout, ce n’est qu’une question de temps.
Le préoccupant dans notre cas, c’est l’impréparation totale de nos gens à des transformations qui vont bouleverser de façon radicale leur mode de vie, car aux difficultés économiques qui nous assaillent se conjuguent désormais des questions sur la capacité de la planète à soutenir les rythmes de croissance que l’humanité lui inflige depuis les débuts de l’ère industrielle.
Déjà, au début des années 1970, un groupe de réflexion réunissant sous le nom de « Club de Rome » des scientifiques, des économistes, des fonctionnaires nationaux et internationaux, ainsi que des industriels de 53 pays, préoccupés des problèmes complexes auxquels doivent faire face toutes les sociétés, tant industrialisées qu'en développement, avait commencé à s’interroger sur les limites à la croissance et publié un rapport intitulé « Halte à la croissance ? ». Voici ce qu’en dit Wikipédia :
« Dans ce rapport, quatre ans après la contestation de la société de consommation de 1968 dans les pays d'économie libérale, pour la première fois, les vertus de la croissance sont remises en cause par des chercheurs du Massachusetts Institute of Technology au nom d'une prise de conscience d'une pénurie prévisible des sources énergétiques et des conséquences du développement industriel sur l'environnement. Les conclusions du rapport annoncent un futur inquiétant pour l'humanité.
Beaucoup lui ont reproché à l'époque une certaine exagération dans ses prévisions, même si le rapport ne prévoyait aucun épuisement de ressources, ni aucun événement catastrophique avant 2010 au moins [or nous y sommes justement], même dans le scénario le plus défavorable (et il ne s'agissait alors que des prémices de l'effondrement). »
Les thèses du Club de Rome allaient rapidement et habilement être récupérées par les tenants d’une approche beaucoup plus agressive face au développement des ressources, et il n’en resterait bientôt plus que la notion de « développement durable » qu’on est très discrètement en train d’enterrer en prétextant justement la crise économique.
La vérité, c’est que la croissance est devenue la drogue du capitalisme et de la société de consommation qui en est le sous-produit le plus élaboré, et sans doute aussi le plus toxique, comme les événements sont en train de nous le démontrer. Comme pour toute drogue toxique, l’accoutumance est fulgurante et le sevrage très pénible.
Certaines prévisions offertes par des chroniqueurs aussi chevronnés de la presse financière « mainstream » que Paul B. Farrell du Wall Street Journal, sont si noires qu’on hésite même à y accorder foi. Il reprend certaines conclusions d’un de ses collègues du New York Times, Thomas Friedman, spécialisé en questions environnementales,
en plus de citer un ouvrage récent de Paul Gilding, un chef d’entreprise et environnementaliste australien, intitulé « The Great Disruption: Why the Climate Crisis Will Bring On the End of Shopping and the Birth of a New World ».
Gilding répond lui-même à la question que soulève son titre
« La seule réponse possible, c’est le refus d’admettre la réalité. Quand vous êtes confronté à quelque chose de si gros qu’il vous faut changer, du tout au tout, votre façon de voir le monde, votre réflexe naturel est de refuser de reconnaître la réalité. Mais plus vous attendrez, plus l’ajustement sera important » (ma traduction).
Il faut donc s’attendre à
1. une série de crises écologiques, sociales, et économiques qui sont déjà à nos portes : fonte de la calotte polaire, phénomènes météorologiques extrêmes, modifications dans la production agricole, tensions économiques croissantes sur fond d’inquiétudes de plus en plus généralisées, interventions des gouvernements devant les catastrophes;
2. des problèmes d’approvisionnement alimentaire causés par l’augmentation des prix, l’instabilité économique et géopolitique, des tensions entre pays développés et non développés sur la responsabilité des premiers dans les dérèglements climatiques. L’alimentation des populations va poser de plus en plus de problèmes;
3. des problèmes d’approvisionnement en eau et en ressources halieutiques (pêcheries) qui auront des incidences sur l’alimentation, la stabilité politique et la sécurité internationale;
4. des problèmes d’approvisionnement et de coût de l’énergie avec l’épuisement des sources conventionnelles de pétrole et de gaz et les dislocations économiques et politiques qui s’ensuivent;
5. des mauvaises surprises, comme des attentats terroristes majeurs, des pandémies, des chocs en série, des catastrophes industrielles ou nucléaires, etc.
6. un climat généralisé de peur au fur et à mesure que les gens prendront conscience des implications de tous ces événements, sur fond d’effondrement de quelques grosses entreprises, des marchés financiers, et de contraction des marchés financiers.
http://www.marketwatch.com/story/a-no-growth-boom-will-follow-2012-global-crash-2011-08-23
« Il faut liquider ces enfants de salauds »
On comprend mieux dès lors que certaines des sommités du capitalisme mondial se mettent à émettre publiquement des doutes sur la capacité de celui-ci de constituer une réponse adéquate à la crise, d’autant plus qu’il en est justement le premier responsable. On ne confie pas à un pyromane la responsabilité d’éteindre le feu. Or c’est pourtant ce que souhaiteraient les « jusqu’au-boutistes » du Tea Party et des intérêts oligarchiques dont ils sont les marionnettes, dans une sorte de ferveur suicidaire.
Mais il semble que leurs jours soient désormais comptés s’il faut en croire le leader du syndicat américain des Teamsters, Jimmy Hoffa Jr. Dans un discours prononcé à Détroit lundi, le jour de la Fête du Travail, il a déclaré à leur sujet lors d’une assemblée publique dont le président Obama était l’orateur principal : « Il faut liquider ces enfants de salauds ».
Les débordements révolutionnaires commencent toujours dans le langage. En 1789, les foules affamées ont commencé à crier « Les aristocrates à la lanterne ! » dans les rues attenantes au Château de Versailles dont ils avaient payé les fastes de leurs deniers, de leur sueur et de leur sang. À la reine Marie-Antoinette qui demandait les raisons de tout ce raffut, son entourage avait répondu : « Ils veulent du pain et il n’y en a plus », ce à quoi elle avait rétorqué « Ah bon ! Et bien, si ce n’est que cela, qu’on leur donne de la brioche ! »
Quelques mois plus tard, les têtes, dont justement la sienne, commençaient à rouler dans le brin de scie au pied des guillotines, qu’on appelait également les « bois de justice ». Avez-vous pensé à tous les excès qui doivent s’accumuler avant qu’une foule en colère décide de se faire justice dans la violence ? Dites-vous bien que nous n’en sommes plus très loin.
AH ÇA IRA
Paroles de Ladré, musique de Bécourt
Ah ça ira, ça ira, ça ira,
_ Les aristocrates à la lanterne,
_ Ah ça ira, ça ira, ça ira,
_ Les aristocrates on les pendra !
V'la trois cents ans qu'ils nous promettent
_ Qu'on va nous accorder du pain,
_ V'la trois cents ans qu'ils donnent des fêtes,
_ Et qu'ils entretiennent des catins.
_ V'la trois cents ans qu'on nous écrase,
_ Assez de mensonges et de phrases,
_ On ne veut plus mourir de faim !
Ah ça ira, ça ira, ça ira,
_ Les aristocrates à la lanterne,
_ Ah ça ira, ça ira, ça ira,
_ Les aristocrates on les pendra !
V'la trois cents ans qu'ils font la guerre,
_ Au son des fifres et des tambours,
_ En nous laissant crever d'misère,
_ Ça n'pouvait pas durer toujours...
_ V'la trois cents ans qu'ils prennent nos hommes,
_ Qu'ils nous traitent comme des bêtes de somme,
_ Ça n'pouvait pas durer toujours...
Ah ça ira, ça ira, ça ira,
_ Les aristocrates à la lanterne,
_ Ah ça ira, ça ira, ça ira,
_ Les aristocrates on les pendra !
Le châtiment pour vous s'apprête,
_ Car le peuple reprend ses droits,
_ Vous vous êtes bien payé nos têtes
_ C'en est fini Messieurs les rois,
_ Il n' faut plus compter sur les nôtres,
_ On va s'offrir maint'nant les vôtres,
_ Car c'est nous qui faisons la loi.
Ah ça ira, ça ira, ça ira,
_ Les aristocrates à la lanterne,
_ Ah ça ira, ça ira, ça ira,
_ Les aristocrates on les pendra !
Cette très célèbre chanson a été composée en 1790, à l'occasion de la première fête du 14 juillet, Les ouvriers qui préparaient le Champs de Mars la chantaient déjà. L'auteur des paroles, Ladré, était chanteur des rues, métier dans lequel il avait acquis une notoriété certaine. Mais c'est surtout par le couplet vengeur (les aristocrates à la lanterne...), ajouté quelques mois plus tard par une main anonyme, que cette chanson a traversé toutes les époques et est arrivée jusqu'à nous.
La musique est une contredanse, qui était à la mode avant la révolution. Elle s'appelait « Le carillon National’ et son auteur était violoniste de l'orchestre du Théâtre des Beaujolais.
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8 commentaires
Archives de Vigile Répondre
8 septembre 2011Faudrait quand-même pas tomber dans le même piège que nos cousins.
À quoi servirait l'histoire ?
http://www.dailymotion.com/video/xfk85i_franck-abed-recoit-philippe-ploncard-d-assac-1-4_news
Christian Sébenne Répondre
8 septembre 2011Monsieur Le Hir,
L’Histoire et ses exemples combien nombreux ne servent à rien, pourtant votre réflexion devrait en faire réfléchir plus d’un, je ne puis que conforter vos mises en garde.
La politique suivie par notre voisin qui vient de faire augmenter la production de sa planche à billet sous l’égide de l’oncle Sammy n’est pas sans rappeler le système mis en place avant la Révolution en France par John Law et la matrice féconde des “Assignats“ qui tout comme le dollar ne vaut absolument rien nous fait pensez qu’à cette époque on menait les présumés coupable à l’échafaud en “Charest“ à foin.
Le jumeau de Charest qui fait office de président de la République Française a fait disparaître 52 tonnes d’or, ceci n’a amené aucun questionnement de la part des médias, je doute qu’il est converti ce pactole en Taratasy Fifirana (papier hygiénique)… il devrait un tant soit peu méditer sur le sort qua subi Robespierre.
Christian Sébenne
Archives de Vigile Répondre
8 septembre 2011Les conditions actuelles, surpopulation (la terre ne comptait que 1,5 milliards d'habitants en 1945...), sur-exploitation, sur-consommation, politique du apres moi le déluge ne peuvent que mener a un effondrement de l'ensemble des sociétés industrialisés et des autres aussi....Des prédictions (les plus noires ou les plus réalistes ?) entrevoient une population mondiale réduite a 1,5 milliard d'habitants en 2100. Cette attrition se fera brutalement par l'extension de la famine en association avec les autres facteurs énumérés par Monsieur Le Hir.
Les réserves de phosphate (essentielles a la production d'engrais) sont estimés a 25 années. Après nul ne sait...Seuls l'énergie disponible a gogo et les engrais ont permis l'accroissement de la population. Tant qu'au Club de Rome, j'ai un point de vue plus noir ici, il a permis a un certain nombre de puissances de tenter de s'organiser pour monopoliser ce qui peut rester d'exploitable.
Le Québec comme les autres devra subir cet écroulement et il suffit de se promener en Gaspésie ou sur la Cote Nord, si on a l'oeil un peu ouvert, pour se rendre compte que la vie dans ces parties du pays, sera tout simplement impossible, et en tout cas très éloignée des conditions de fonctionnement actuelles (énergie de transport disponible notamment). Au dela se pose le probleme de fournir a des populations qui seront plus vulnérables, les quantités de nourriture nécessaire car les terres arables et cultivables sont moins disponibles que ne le laisse supposer l'immensité du Québec et elles ont été souvent livrées a une spéculation imbécile (Laval, Terrebone...).
La population est totalement inconsciente, en général, des échéances dramatiques qui s'en viennent et la majorité des élites (?), tout au moins ceux qui ne sont pas en mode déni, trop effrayés pour se mobiliser. Seul compte le déficit des comptes courant. Quand j'entends les mots croissance, métiers du futur (informatique, aéronautique, médecine de pointe, Internet,etc) je ricane....et je recommande la lecture de 2 livres de Kunstler ("The long Emergency" et aussi "World Made By Hand"). Les métiers du futur ? Agriculture pas celle de l'UAP, la réparation et la maintenance de ce qui existera.
Vous pourrez dire adieux aux voyages dans le Sud et aux kiwis a Noel....
Rien ne pourra arreter les catastrophes de ce futur et aux causes énumérées par Monsieur le Hir j'ajouterais la guerre ou les guerres pour le dernier baril de pétrole, le dernier morceau de cuivre, etc...
Archives de Vigile Répondre
8 septembre 2011Effectivement Marx était avant tout un économiste. Il a fait une analyse très juste des crises financières du système capitaliste, nous y sommes.
La lecture intégrale de "Das Kapital, Kritik der politischen Ökonomie" est difficile, du fait tant de son ampleur que de la complexité de certaines de ses analyses.
Pour ceux qui veulent saisir l'essentiel sans se noyer dans la version intégrale il existe un très bon petit livre
"La logique méconnue du Capital" par le sociologue Alain Bihr aux éditions emPreinte.
Dans la meime veine il a aussi publié "La novlangue néolibérale" aux Editions Page deux.
Je ne sais si Mao, ni Staline, ni PolPot étaient marxistes, mais ils ne m'inspirent pas plus confiance que Obama et comme le disait Mao "les chiens courants de l'impérialisme américain"
Je ne vois pas grand chose dans le programme de Quebec Solidaire qui me fais penser à la dictature du prolétariat....
Archives de Vigile Répondre
8 septembre 2011Si ça continue comme cela, monsieur LeHir, vous allez finir par joindre les rangs de Québec solidaire....;-))))))
Marx était un immense économiste. Ce sont toutefois ses disciples qui sont devenus des salauds particulièrement Staline, Mao et Pol Pot. Alors, permettez qu'on se méfie un peu.
Pierre Cloutier
Archives de Vigile Répondre
8 septembre 2011Monsieur Le HIr,
Très très bien votre article sur le retour de Karl Marx.
J'ai étudié Marx en Allemagne sans devenir marxiste car
il existe souvent de grosses différences entre Marx et
marxistes.
Karl Marx, comme avant lui Martin Luther, est un
intellectuel allemand, lourd, très lourd, que les
Allemands en majorité comprennent difficilement parce
qu'il écrit en "Hochdeutsch", la langue savante dont
il faut s'arracher les méninges pour comprendre.
Les Allemands m'ont averti de faire preuve de prudence
lorsque j'aborde la lecture de Karl Marx ou n'importe
quel intelletuel lourd comme Martin Luther ou Zimmermann
sur l'aménagement du territoire ou encore les poètes
comme Goethe et Schiller.
Je me réjouis du retour de Karl Marix et j'espère que
cette perspective ne va pas engendrer la naissance
de nouveaux marxismes avec toute la confusion qui
en résultera. Karl Marx est profond et son
enseignement ne peut que rendre un immense service
à une génération mêlée comme jamais auparavant
dans l'histoire de l'humanité.
Salutations cordiales
JRMS
Archives de Vigile Répondre
8 septembre 2011Ah! Ça fait du bien de sentir la peur - notamment chez les aristocrates - ailleurs que dans les pieds du peuple!
Archives de Vigile Répondre
8 septembre 2011Impressionnant de réalisme, M. le Hir.
J'ai fait une petite enquête maison qui vous donne raison et la population en général est très inquiète de ce qui se prépare.
Merci d'avoir si bien résumé la situation et cette mise en garde des plus réalistes !
Et sans oublier les guerres de religion qui pointent aussi à l'horizon. Ces guerres, de la mort de François Ier en 1547 à l'adoption de l'édit de Nantes en 1599 qui auront été aussi meurtrières, sinon plus que la révolution française.
Soyons vigilants et ne nous laissons pas manipuler par les spécialistes de la manipulation...
Une chose est certaine, ce n'est pas le temps de nous diviser...
Marie Mance Vallée