Commission Bastarache

Quand le piège à cons* se referme sur Jean Charest

Chronique de Louis Lapointe

Marc Bellemare a peut-être exagéré lors de son témoignage, mais il ne peut pas avoir tout faux. Le personnage est connu comme un homme entier et intègre qui a à cœur les intérêts de ses clients. Avec un tel caractère, dans le feu de l’action, il peut arriver que certains événements soient grossis, mais cela ne saurait être interprété comme de purs mensonges.
Lorsque j’avais à affronter ce genre de témoins en contre-interrogatoire, plutôt que de les attaquer de front, je préférais les mettre devant leurs propres exagérations ou contradictions, faisant ressortir les petits détails où leur mémoire défaillante se manifesterait au grand jour dans le but d’attaquer leur crédibilité et par le fait même amoindrir la portée de leur témoignage.
Alors que le rôle de Me Battista consiste à obtenir la meilleure preuve, incitant le témoin à divulguer les faits les plus précis possible, celui des procureurs représentant des intérêts opposés à Marc Bellemare vise d’abord à le faire mal paraître. Ainsi, lorsque Me Battista invite ce dernier à répondre avec détails à ses nombreuses questions, il lui donne aussi beaucoup de corde pour se pendre, un piège que les autres procureurs exploiteront à dessein. Toutefois, si Marc Bellemare a dit la vérité sans exagérer, il sera très difficile de le contredire et sa crédibilité ne sera que rehaussée à la suite des attaques infructueuses et répétées de ses adversaires.
Plus la crédibilité de Marc Bellemare sera élevée au terme de la série de contre-interrogatoires qu’il aura subie, moins Jean Charest sera en mesure de nier en bloc les déclarations de Marc Bellemare faites à l'occasion de son interrogatoire.
Comment un témoin aussi crédible que Marc Bellemare pourrait mentir sur l’ensemble de ses déclarations?
Compte tenu de la cote dont jouit actuellement Marc Bellemare, malgré tout ce que les analystes pourront dire au sujet des quelques inexactitudes qu’aura pu révéler son contre-interrogatoire, tout ne pourra pas être faux, puisque de nombreux éléments crédibles de son témoignage persisteront.
Stratégiquement, il faudra donc que Jean Charest lâche un peu de leste et avoue au moins quelques péchés s’il souhaite être lui-même crédible face au public. Cela ne sera pas sans conséquence.
Peu importe le témoignage qu'il livrera et quoi qu’il fasse, Jean Charest est piégé. S’il nie tout en bloc, le public le percevra comme un menteur, s’il admet quelques écarts, il sera perçu comme un tricheur. Ce qu’on appelle un catch 22.
Dans de telles circonstances, si j’étais un proche de Jean Charest, je lui conseillerais d’avouer au moins quelques fautes commises afin de sauver la face, même s'il est condamné d'avance par le tribunal de l'opinion publique. Faute avouée, à demi pardonnée!
Il ne lui restera plus alors qu'à démissionner.
*Bellemare redoute un « piège à cons »

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Louis Lapointe534 articles

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L'auteur a été avocat, chroniqueur, directeur de l'École du Barreau, cadre universitaire, administrateur d'un établissement du réseau de la santé et des services sociaux et administrateur de fondation.





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3 commentaires

  • Lionel Lemay Répondre

    27 août 2010

    "Ali Baba et les 40 voleurs"
    Quand je vois les ministres et les proches de Charest l'applaudir à tout rompre, je pense qu'ils ne réalisent pas qu'ils s'identifient comme des acolytes de ce personnage venu d'ailleurs qui, au fil des ans, avec les deux mains sur le volant, a très mal géré le parti à tel point qu'il n'a plus aucune crédibilité et a perdu la confiance de la population. Si j'étais à leur place, je m'inquiéterais pour l'avenir du parti et je cesserais d'applaudir ce monsieur qui a mené le parti au bord du gouffre.

  • Jean-Louis Pérez-Martel Répondre

    26 août 2010

    Extrait de la lettre ouverte à Jean Charest que celui-ci a négligée en raison de son narcissisme maladif
    Voici la seconde partie de cette missive que je lui ai adressée le 14 décembre 2009 :

    [ La démission est l’unique solution à votre gouvernement erratique
    Pour tout cela, Monsieur le Premier ministre du Québec, quand l’esprit et l’éthique sont mis de côté, le comportement pervers s’accroît, le cœur se corrode et le sentiment se dissipe.
    Cette lettre qui vous est adressée en tant que Premier ministre du Québec, l’est aussi en tant que responsable du PLQ. À cet effet, permettez-moi de vous dire, Monsieur Charest, que le fait de savoir que la corruption en système, dans n’importe quel parti politique qui s’éternise dans le pouvoir, est comme un labyrinthe dans lequel toutes les sorties possibles à cette malversation institutionnalisée se ferment, à l’exception d’une seule : celle qui conduit à l’abîme politique du parti et à la ruine du peuple trahi en raison de cette perversion politique.
    Considérant ce contexte de dérive politique et de corruption institutionnalisée, il ne me reste qu’à vous rapporter ce que disait Georges Bernanos : « Ce qui rend la corruption, ou même la simple médiocrité des élites, si funeste, c’est la solidarité qui lie entre eux tous leurs membres, corrompus ou non corrompus, dans la défense du prestige commun ». Ce qui se fait au Québec sous votre autorité politique.
    Pour terminer, il convient d’ajouter qu’en conséquence de tous ces précédents de népotisme, mensonges, trahison et de libre arbitre lié au phénomène de la corruption dans l’exercice de vos responsabilités que vous ne voyez qu’étant du prestige politique et personnel pour bien servir le pouvoir centraliste d’Ottawa, aux dépens de l’État québécois pour lequel vous avez été mandaté, je vous demande, Monsieur le Premier ministre du Québec, d’avoir le courage de démissionner pour en finir avec votre gouvernement erratique qui nous conduit au réductionnisme identitaire des Canadiens français. Réductionnisme qui implique d’autre part des mesures arbitraires dans les cours d’ECR, afin que le phénomène du multiculturalisme soit la voie antinationaliste et antidémocratique car il s’inscrit dans une stratégie d’endoctrinement de la jeunesse, permettant ainsi l’imposition de cette mesure raciste. En somme, tout cela amène à la fragmentation sociale et à la ruine de la nation canadienne-française.
    Sans plus, espérant que cette lettre soit un apport aux autres demandes de votre démission.
    Jean-Louis Pérez ]*
    -..-..-..-..-..-..-..-..-
    *. Extrait de Lettre ouverte à Monsieur Jean Charest (Premier ministre du Québec). Pour en lire la première partie, consulter
    http://www.vigile.net/Lettre-ouverte-a-Monsieur-Jean,24357

  • Archives de Vigile Répondre

    26 août 2010

    C'est exactement ça de toutes façons, il ne lui reste plus qu'une chose à faire, démissionner, parce que plus personne ne le croit.
    Triste fin dout de même. Mais qu'il a lui-même préparée par son attitude.