Québec doit couper les vivres au privé

Écoles privées - subventions - frais - décrochage

«La question d'espace, c'est un faux départ, décrie le président de la FAE, Pierre St-Germain. Ce n'est pas vrai que tous les élèves du privé vont revenir vers le public si le financement est aboli.» Photo Alain Dion

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Cynthia St-Hilaire - (Granby) La Fédération autonome de l'enseignement (FAE) réclame l'abolition du financement des écoles privées par le gouvernement du Québec d'ici cinq ans. «On comprend que ça ne peut pas se faire du jour au lendemain, admet le président de la FAE, Pierre St-Germain. Notre idée, ce n'est pas de jeter à terre le réseau privé.»
Le président a choisi l'école primaire la Moisson d'or de Saint-Alphonse-de-Granby, hier matin, pour lancer la Semaine pour la promotion de l'école publique qui se déroule du 5 au 9 octobre. Ce lancement coïncidait avec la Journée mondiale des enseignants et des enseignantes décrétée par l'UNESCO.

Au cours de la semaine, 1073 messages publicitaires seront diffusés à la radio et dans les journaux pour valoriser l'école publique. Et mercredi, la FAE livrera les conclusions d'une étude sur le financement des écoles publiques réalisée par le chercheur Jean-François Landry de l'Institut de recherche et d'information socio-économique (IRIS). À l'heure actuelle, 60 % des revenus des écoles publiques proviennent de l'État.
«La FAE prétend que ce financement coûte plus de 60 % au gouvernement», insiste M. St-Germain, sans vouloir en dire plus sur les résultats de l'étude de l'IRIS. Le gouvernement du Québec alloue, actuellement, 485 M $ aux écoles privées, chiffre le président de la FAE.
Le gouvernement ne peut pas plaider un manque d'espace dans les écoles publiques pour justifier le coup de pouce qu'il donne au privé, met en garde M. St-Germain. «La question d'espace, c'est un faux débat, décrie le président de la FAE. Ce n'est pas vrai que tous les élèves du privé vont revenir vers le public si le financement est aboli. Et au public, nous sommes en décroissance. Prenez la commission scolaire de Montréal. Elle a déjà eu 100 000 élèves au secteur jeune et maintenant, ils sont 75 000.»
Mauvaise presse
Pierre St-Germain déplore que l'école publique défraie souvent les manchettes pour ses ratés et rarement pour ses bons coups. Le président rappelle que contrairement au privé, le public n'a pas le loisir de choisir sa clientèle. «Le privé n'accepte pas les élèves qui ont des troubles d'apprentissage ou des problèmes de comportement, souligne-t-il. Et les élèves qui se mettent à avoir ces difficultés au privé sont vite retournés dans le réseau public.»
L'école privée ne reflète pas ce qu'est une société, considère M. St-Germain. «L'école privée, c'est une ghettoïsation, lance-t-il. Les parents qui font le choix d'envoyer leurs enfants au privé, ce sont ceux qui ne veulent pas que leurs enfants socialisent avec des jeunes de différents milieux», ajoute le président, en prenant soin de souligner que les enfants de la ministre de l'Éducation, Michelle Courchesne, ont fréquenté le privé. «Disons que c'est un drôle de message qu'elle envoie à la population», dénonce-t-il.


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