Qui trop promet...

La détérioration de la première ligne d'intervention (CLSC) montre à l'évidence que le problème n'est pas un problème de "gestion" des hôpitaux, mais une volonté politique de détruire le système public de santé.


Le Parti québécois a accusé la semaine dernière le gouvernement Charest d'avoir violé la promesse qu'il avait faite en 2003 d'«éliminer l'attente» en santé, notamment dans les urgences. Les députés Bernard Drainville et Nicolas Girard ont raison: l'engagement solennel pris par les libéraux, qui était au coeur de leur campagne électorale de l'époque, n'a pas été respecté.

Selon les dernières données disponibles, l'attente moyenne dans les salles d'urgence du Québec est de 16 heures et demie, aussi longue qu'en 2003. Depuis l'arrivée au pouvoir des libéraux, le nombre de patients poireautant à l'urgence pendant plus de 48 heures reste très élevé, quoique l'hiver 2007-2008 a été moins pénible que les hivers précédents. La situation s'est améliorée dans certains hôpitaux, mais s'est détériorée ailleurs. Le budget du ministère de la Santé a pourtant été augmenté de 6,5 milliards, le réseau réorganisé, le nombre d'infirmières et de médecins accru. Où est le problème?
«La situation des urgences, c'est un immense défi pour lequel il n'y a pas de solution unique ou magique», s'est défendu jeudi le ministre de la Santé, Philippe Couillard. C'est juste. Mais cela étant, il était malhonnête de la part des libéraux de s'engager à 2003 à «désengorger les urgences».
S'ils sont fondés à critiquer le gouvernement Charest, les péquistes devraient prendre garde de ne pas céder à la même tentation. Au cours de leur point de presse, MM. Drainville et Girard ont laissé entendre que s'ils étaient au pouvoir, ils seraient en mesure de régler les problèmes devant lesquels M. Couillard semble impuissant. Comme le Parti libéral, le Parti québécois devrait avoir appris sa leçon: aucun gouvernement depuis 30 ans n'est parvenu à briser l'embâcle.
En 1990, le ministre de la Santé d'alors, Marc-Yvan Côté, s'en était pris aux directions des hôpitaux. «Le ministre va encore plus loin en expliquant que des hôpitaux ont reçu de l'argent pour administrer plus convenablement leur salle d'urgence, mais n'ont rien fait pour améliorer la situation, alors que d'autres ont bien rempli leur mission», rapportait La Presse de l'époque.
Dix-huit ans plus tard, Philippe Couillard dit exactement la même chose: «C'est une question de priorité et d'intensité d'action. Depuis que je suis là, je remarque qu'au-delà des actions gouvernementales, dès qu'un hôpital ou une région décide de faire de cela sa priorité, on voit les choses s'améliorer.»
Un ancien ministre de la Santé a déjà fait remarquer qu'à son avis, plusieurs directeurs généraux des hôpitaux québécois n'avaient pas les compétences pour administrer des établissements aussi complexes. Est-ce là que le bât blesse?
Il est certain que, comme le souligne M. Couillard, les cas qui se présentent aux urgences sont de plus en plus lourds. En outre, le nombre de professionnels de la santé reste trop peu nombreux. Néanmoins, ce que disaient les libéraux en 2003 est tout aussi vrai et important: «En matière de santé, "attente" signifie "souffrance" ou "détresse".»
Confrontés à un problème apparemment inextricable, les élus ne doivent certainement pas baisser les bras. Mais ils devraient avoir la décence de ne pas promettre mer et monde.

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André Pratte878 articles

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[une chronique intitulée « Tout est pourri » (critique de Anne-Marie Gingras) ->http://books.google.fr/books?id=EZWguAMXAtsC&pg=PA27-IA27&lpg=PA27-IA27&dq=pratte+Tout+est+pourri&source=bl&ots=MUti9NTQuH&sig=h2zgJlLgOg844j5ejxnUl4zH2_s&hl=fr&sa=X&ei=73RrT8aQEqnh0QHuh4GyBg&ved=0CEEQ6AEwBQ#v=onepage&q=pratte%20Tout%20est%20pourri&f=false]

[Semaine après semaine, ce petit monsieur nous convie à la petitesse->http://www.pierrefalardeau.com/index.php?option=com_content&task=view&id=30&Itemid=2]. Notre statut de minoritaires braillards, il le célèbre, en fait la promotion, le porte comme un étendard avec des trémolos orwelliens : « La dépendance, c’est l’indépendance ». « La soumission, c’est la liberté ». « La provincialisation, c’est la vraie souveraineté ». « La petitesse, c’est la grandeur ». Pour lui, un demi-strapontin à l’Unesco est une immense victoire pour notre peuple. C’est la seule politique étrangère qu’il arrive à imaginer pour le peuple québécois. Mais cet intellectuel colonisé type n’est pas seul. Power Corp. et Radio-Cadenas en engagent à la poche.





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