J'ai oeuvré au BAPE comme commissaire à temps partiel de 1991 à 2007. Au cours de cette période, j'ai siégé à des commissions qui ont examiné une diversité de projets, dont l'usine de magnésium Magnola à Asbestos, le barrage hydroélectrique Sainte-Marguerite sur la Côte-Nord, la mine de Niobium à Oka, la privatisation d'une partie du parc du Mont-Orford, le parc éolien dans la MRC de Rivière-du-Loup, une usine d'acide ptéraphtalique à Montréal-Est, les réservoirs d'essence au même endroit.
J'ai remis ma démission au BAPE au moment où je suis devenu candidat du Parti libéral du Canada dans la circonscription de Rimouski-Neigette-Témiscouata-Les Basques, dans le Bas-Saint-Laurent. Essentiellement pour défendre et mettre en pratique ce que j'avais appris à faire au BAPE: défendre l'environnement et les populations locales dans l'atteinte d'un développement durable. Et je n'ai pas un seul moment perdu la confiance que j'avais dans la nécessité et la probité de cet organisme unique au monde.
Depuis quelques jours, je lis et entends avec consternation les critiques du public, des environnementalistes et des journalistes à l'encontre du BAPE et de ses membres relativement au verdict positif accordé au projet de port méthanier Rabaska par la commission chargée d'examiner ce projet. Je suis consterné parce que ces gens tirent à boulets perdus. Et se tirent dans le pied.
Certains visent le président du BAPE, William Cosgrove. Mon expérience de travail auprès de M. Cosgrove m'a appris que cet éminent expert québécois, autant dans ses commentaires que dans ses admonitions, est aussi, sinon plus, vert et équitable que les commissaires qu'il avait choisis pour mener à bien leurs mandats. Combien de fois l'ai-je entendu dire, en privé comme lors de présentations publiques, que l'environnement ne serait vraiment protégé que le jour où ses défenseurs auront autant de fonds et de pouvoir que ceux qui veulent l'exploiter.
Voilà assurément un des fondements du problème. Depuis plusieurs années, le BAPE essaie de vivre avec une inéquation: mener à terme chaque année de plus en plus de mandats, mais avec un budget qui se rétrécit comme une peau de chagrin. Comment, dans ces conditions, s'assurer le soutien d'experts externes, faire réaliser des études indépendantes et faire autrement qu'en assignant le personnel interne (analystes, communicateurs, coordonnateurs, agents de secrétariat) et même les commissaires (eh oui!) à plus d'un mandat à la fois? Vous avez bien lu. Je puis témoigner que, sur un des mandats où j'ai agi à titre de président de commission, j'ai perdu l'un après l'autre, en cours de mandat, à une exception près, tous les membres de mon équipe?
Québécois qui croyez en l'avenir de nos enfants, qui croyez en la nécessité d'un développement qui allie économie, environnement et justice sociale, ne tirez pas sur le BAPE. Soutenez-le. À tout prix.
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Pierre Béland, Ex-commissaire ad hoc au BAPE
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