Ruba Ghazal annulera son vote au fédéral

Il est normal et naturel pour les nationalistes de voter pour les siens

Tribune libre

     Parce que la souveraineté du Québec ne se fera pas à Ottawa, les élections fédérales indiffèrent Ruba Ghazal, qui aspire à remplacer Manon Massé au poste de co-porte-parole de Québec solidaire (QS). Elle a déclaré : « Je pense que, la prochaine fois, je vais annuler mon vote au fédéral. » [1] Et si le parti de Pierre Poilievre prenait le pouvoir, qu’il remettait sur le tapis la question de l’avortement et qu’il appuyait Israël dans sa conquête de la bande de Gaza (Mme Ghazal est d’origine palestinienne), s’en mordra-t-elle les doigts ?


     Il est naturel pour les nationalistes de l’Irlande du Nord (7 députés), de l’Écosse (48 députés) et du pays de Galles (4 députés) de voter pour les leurs aux élections générales britanniques [2]. Ces députés défendent d’abord les intérêts de leur nation à Londres. Idem en Espagne, où les nationalistes de la Catalogne (21 députés) et du Pays basque (11 députés) votent pour les leurs [3]. Avec ses 7 députés élus à Madrid en juillet, Junts pourrait même jouer le faiseur de rois et soutirer une contrepartie qui profiterait aux Catalans [4].


     Il est probable que le Bloc québécois (avec 32 députés dans la présente 44e législature [5]) joue ce rôle un jour. Bien entendu que l’indépendance ne se fera pas à Ottawa, mais en attendant le Grand soir, le Québec doit non seulement y faire entendre sa voix distincte du reste du Canada, mais tout faire pour y obtenir plus d’autonomie, ce qui le rapprocherait quelque peu de la souveraineté. Vous ne verrez pas le NPD, pour qui la quésoliste a incompréhensiblement déjà voté [6], faire cela, ce parti étant le plus centralisateur qui soit. Si le Bloc était un parti de droite, je comprendrais, mais ce n’est pas le cas.


     Tant qu’un référendum victorieux ne sera pas envisageable au Québec (l’unique menace qui ferait paniquer le gouvernement canadien), le gouvernement québécois est réduit à l’impuissance à Ottawa. La Coalition avenir Québec, pourtant fortement majoritaire, a démontré que le Québec ne peut plus y obtenir aucun nouveau pouvoir. En attendant qu’un parti ravive la ferveur indépendantiste à l’Assemblée nationale, seul le Bloc peut désormais surprendre à ce chapitre. Voilà pourquoi les nationalistes québécois (dont les membres de QS, qui est en principe indépendantiste) doivent lui donner sans hésitation leur appui.


     L’utilité du Bloc à Ottawa est incontestable. Ce que je m’explique mal, c’est pourquoi il n’est pas né avec la Révolution tranquille.


 


Sylvio Le Blanc













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