Séparation de la religion et de la culture

Tribune libre 2011



Depuis des générations, on s'est battu pour séparer l'Église de l'État et la religion de la politique. On en a retiré de grands bienfaits. Mais les croyants ont trouvé une nouvelle astuce: faire passer leur religion pour de la culture. Ainsi les musulmans nous affirment que l'excision des filles et les meurtres d'honneur font partie de leur culture...et de leur religion. Les chrétiens américains défendent leur culture de violence et du port des armes malgré l'interdiction de leur religion de tuer. Des Québécois non pratiquants et plus ou moins croyants et même des athées s'accrochent désespérément à leur patrimoine religieux en le faisant passer pour de la culture.

Il faudra donc entreprendre un nouveau combat soit la séparation de la religion et de la culture. Je trouve qu'on galvaude un peu trop le mot culture de nos jours. Tout devient culture pour tout justifier, même l'injustifiable. Autrefois, le chômage du dimanche faisait partie de notre culture, plus aujourd'hui. Une quinzaine de laïcisations d'habitudes religieuses ont ainsi changé notre patrimoine religieux et tant mieux.

La génération des seniors reste attachée à sa culture religieuse malgré qu'elle pratique plus ou moins, mais cet attachement n'est qu'affectif et n'a aucun fondement religieux. La prière aux conseils municipaux n'est pas une obligation religieuse, ce n'est qu'une habitude comme l'hymne national avant une partie de hockey. Mais l'être humain est ainsi fait, souvent il tient plus à ses coutumes qu'à ses croyances. Ceux qui défendent le patrimoine religieux au Québec se portent à la défense d'une coquille vide. Les Québécois ont sorti la religion de leur vie, mais ils veulent en garder les coutumes.

Les nouvelles générations ne partagent plus ce patrimoine religieux. La laïcité va donc s'implanter de plus en plus facilement et tant mieux pour tout le monde. Et la culture redeviendra ce qu'elle est vraiment: l'ensemble des valeurs humanistes véhiculées par la littérature, la musique et les arts en général. Espérons que la poutine et le crucifix à l'assemblée nationale ne feront plus partie de la Culture avec un grand C.

Normand Rousseau

Gatineau, (Québec)


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3 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    12 janvier 2011

    C'est un gros projet que vous avez là. Un changement de civilisation, quoi ! Pourquoi ne pas commencer par la séparation du Québec du Canada et la séparation de la banque et de la politique ? Simple suggestion, à prendre bien sûr avec un brin d'humour...
    GV

  • Andréa Richard Répondre

    11 janvier 2011

    En ce qui concerne le patrimoine et la culture, en vous lisant, je me suis exclamée,
    enfin quelqu’un qui va dans le même sens que moi! J’ai constaté que lorsque j’écris ou fais une réflexion sur le patrimoine et la culture, on est très frileux!!
    Votre réflexion est logique et intelligente. Je souhaite qu’on comprenne….
    Vous écrivez : « Les nouvelles générations ne partagent plus ce patrimoine religieux. La laïcité va donc s’implanter de plus en plus facilement et tant mieux pour tout le monde. Et la culture redeviendra ce qu’elle est vraiment : l’ensemble des valeurs humanistes véhiculées par la littérature, la musique et les arts en général » Oui, et non une tradition à garder a tout prix ! (je dis bien –a grands prix !!)
    Souvent on parle de valeurs en évoquant et en les limitant au patrimoine religieux, à la tradition, aux coutumes et aux usages du passé qu’on veut garder et perpétuer. Je pense que rien de tout cela n’a sa place dans la liste des valeurs. Je dirais plutôt que ce sont des « attachements respectueux » aux éléments culturels qui font l’histoire. Une valeur est ce qui est prisé comme important, vrai, beau, bien, selon les critères personnels ou sociaux. Elle sert de référence, de principe moral pour forger la personnalité et prémunir contre la déchéance. Une valeur distingue l’individu en tant qu’être pensant.
    Les valeurs sont très importantes dans la vie d’une personne. Il est nécessaire d’avoir des valeurs, celles-ci motivent et nourrissent le sens de la vie.
    Tout porte à croire que les sociétés de l’avenir aspireront davantage aux valeurs que sont la liberté et l’équité envers l’humanité, que ce soit sur le plan individuel, social ou anthropologique.
    Le Docteur Daniel Beaudry écrivait : « Il ne faut pas voir la culture uniquement dans le passé, mais aussi dans le présent et l’avenir. Nos enfants ne sont pas seulement des avaleurs de culture. »

  • Archives de Vigile Répondre

    11 janvier 2011

    Il était difficile pour nos ancêtres canadiens-français de séparer religion et culture puisque leur culture leur venait principalement de leur religion. La langue française protectrice de la foi catholique donc, de la culture mais nous avons pas mal perdu la foi aux pratiques religieuses.
    Que reste-t-il de tout cela, dites-le moi ?
    Ce sont les juifs, les musulmans et les sikhs qui produisent trop de fanatiques religieux actuellement. Faut juste que nos gouvernements les arrêtent avant d’être piégés dans leurs violences bornées inacceptables.