Pourquoi après le Sommet de Copenhague?

Si tu veux la Paix, protège la Création

Message de Benoît XVI au lendemain de Copenhague

Tribune libre

L’OBSERVATORE ROMANO vient de rendre publique le message de Benoît XVI pour la 43 ième journée mondiale de la paix, célébrée le 1ier janvier 2010. Le thème porte entièrement sur l’environnement : SI TU VEUX CONSTRUIRE LA PAIX, PROTÈGE LA CRÉATION. Mais alors, pourquoi avoir attendu au lendemain du SOMMET DE COPENHAGUE pour le rendre publique ? N’était-ce pas le lieu et le moment tout indiqués pour en faire la diffusion auprès des représentants des 192 pays membres des Nations Unies et de nombreux représentants d’ONG, réunis spécialement pour débattre de cette question? N’y avait-t-il pas là la tribune idéale pour qu’il soit connu et discuté par les principaux intéressés ? Évidemment, il ne viendra à l’esprit de personne que certaines interventions extérieures aient pu influencer le Pontife pour qu’il en reporte sa diffusion après le SOMMET.
Je me permets de relever certaines affirmations et certains constats qui auraient été de nature à alimenter des débats de fond.
« le développement humain intégral est étroitement lié aux devoirs qui découlent du rapport de l'homme avec l'environnement naturel, considéré comme un don de Dieu fait à tous, dont l'exploitation comporte une commune responsabilité à l'égard de l'humanité tout entière, en particulier envers les pauvres et les générations à venir. » (par.2)
« le Pape Jean-Paul II attirait l'attention sur la relation que nous avons, en tant que créatures de Dieu, avec l'univers qui nous entoure. "A l'heure actuelle, on constate - écrivait-il - une plus vive conscience des menaces qui pèsent sur la paix mondiale [...] à cause des atteintes au respect dû à la nature". Et il ajoutait que la conscience écologique ne doit pas être freinée, mais plutôt favorisée, "en sorte qu'elle se développe et mûrisse en trouvant dans des programmes et des initiatives concrets l'expression qui convient. » (par.3)
« Paul VI avait souligné que "par une exploitation inconsidérée de la nature, (l'homme) risque de la détruire et d'être, à son tour, la victime de cette dégradation". Et il ajoutait qu'ainsi "non seulement l'environnement matériel devient une menace permanente: pollutions et déchets, nouvelles maladies, pouvoir destructeur absolu, mais c'est le cadre humain que l'homme ne maîtrise plus, créant ainsi pour demain un environnement qui pourra lui être intolérable: problème social d'envergure qui regarde la famille humaine tout entière.» (par.3)
« En 1990, Jean-Paul II parlait de "crise écologique" et, en soulignant que celle-ci avait un caractère principalement éthique, il indiquait "la nécessité morale urgente d'une solidarité nouvelle" (7). Cet appel est encore plus pressant aujourd'hui, face aux manifestations croissantes d'une crise qu'il serait irresponsable de ne pas prendre sérieusement en considération. Comment demeurer indifférents face aux problématiques qui découlent de phénomènes tels que les changements climatiques, la désertification, la dégradation et la perte de productivité de vastes surfaces agricoles, la pollution des fleuves et des nappes phréatiques, l'appauvrissement de la biodiversité, l'augmentation des phénomènes naturels extrêmes, le déboisement des zones équatoriales et tropicales? Comment négliger le phénomène grandissant de ce qu'on appelle les "réfugiés de l'environnement": ces personnes qui, à cause de la dégradation de l'environnement où elles vivent, doivent l'abandonner - souvent en même temps que leurs biens - pour affronter les dangers et les inconnues d'un déplacement forcé? Comment ne pas réagir face aux conflits réels et potentiels liés à l'accès aux ressources naturelles? Toutes ces questions ont un profond impact sur l'exercice des droits humains, comme par exemple le droit à la vie, à l'alimentation, à la santé, au développement. » (par.4)
« Il est donc sage d'opérer une révision profonde et perspicace du modèle de développement, et de réfléchir également sur le sens de l'économie et de ses objectifs, pour en corriger les dysfonctionnements et les déséquilibres. L'état de santé écologique de la planète l'exige; la crise culturelle et morale de l'homme le requiert aussi et plus encore, crise dont les symptômes sont évidents depuis un certain temps partout dans le monde. L'humanité a besoin d'un profond renouvellement culturel; elle a besoin de redécouvrir les valeurs qui constituent le fondement solide sur lequel bâtir un avenir meilleur pour tous. Les situations de crise qu'elle traverse actuellement - de nature économique, alimentaire, environnementale ou sociale - sont, au fond, aussi des crises morales liées les unes aux autres. Elles obligent à repenser le cheminement commun des hommes. Elles contraignent, en particulier, à adopter une manière de vivre basée sur la sobriété et la solidarité, avec de nouvelles règles et des formes d'engagement s'appuyant avec confiance et avec courage sur les expériences positives faites et rejetant avec décision celles qui sont négatives. Ainsi seulement, la crise actuelle devient-elle une occasion de discernement et de nouvelle planification. » (par.5)
« L'être humain s'est laissé dominer par l'égoïsme, en perdant le sens du mandat divin, et dans sa relation avec la création, il s'est comporté comme un exploiteur, voulant exercer sur elle une domination absolue. Toutefois, la véritable signification du commandement premier de Dieu, bien mis en évidence dans le Livre de la Genèse, ne consistait pas en une simple attribution d'autorité, mais plutôt en un appel à la responsabilité. » (par.6)
« Malheureusement, on doit constater qu'une multitude de personnes, dans divers pays et régions de la planète, connaissent des difficultés toujours plus grandes à cause de la négligence ou du refus de beaucoup de veiller de façon responsable sur l'environnement. Le Concile œcuménique Vatican ii a rappelé que "Dieu a destiné la terre et tout ce qu'elle contient à l'usage de tous les hommes et de tous les peuples" (14). L'héritage de la création appartient donc à l'humanité tout entière. » (par.7)
« Par contre, le rythme actuel d'exploitation met sérieusement en danger la disponibilité de certaines ressources naturelles non seulement pour la génération présente, mais surtout pour les générations futures (15). Il n'est pas difficile dès lors de constater que la dégradation de l'environnement est souvent le résultat du manque de projets politiques à long terme ou de la poursuite d'intérêts économiques aveugles, qui se transforment, malheureusement, en une sérieuse menace envers la création. Pour contrer ce phénomène, en s'appuyant sur le fait que "toute décision économique a une conséquence de caractère moral" (16), il est aussi nécessaire que l'activité économique respecte davantage l'environnement. Quand on utilise des ressources naturelles, il faut se préoccuper de leur sauvegarde, en en prévoyant aussi les coûts - en termes environnementaux et sociaux -, qui sont à évaluer comme un aspect essentiel des coûts mêmes de l'activité économique. Il revient à la communauté internationale et aux gouvernements de chaque pays de donner de justes indications pour s'opposer de manière efficace aux modes d'exploitation de l'environnement qui lui sont nuisibles. » (par.7)
« La crise écologique montre l'urgence d'une solidarité qui se déploie dans l'espace et le temps. Il est en effet important de reconnaître, parmi les causes de la crise écologique actuelle, la responsabilité historique des pays industrialisés. Les pays moins développés, et en particulier les pays émergents, ne sont pas toutefois exonérés de leur propre responsabilité par rapport à la création, parce que tous ont le devoir d'adopter graduellement des mesures et des politiques environnementales efficaces. Ceci pourrait se réaliser plus facilement s'il y avait des calculs moins intéressés dans l'assistance, dans la transmission des connaissances et l'utilisation de technologies plus respectueuses de l'environnement. » (par.8)
« A cette fin, il est nécessaire que les sociétés technologiquement avancées soient disposées à favoriser des comportements plus sobres, réduisant leurs propres besoins d'énergie et améliorant les conditions de son utilisation. Simultanément, il convient de promouvoir la recherche et l'application d'énergies dont l'impact environnemental est moindre et la "redistribution planétaire des ressources énergétiques... afin que les pays qui n'en ont pas puissent y accéder" (20). La crise écologique offre donc une opportunité historique pour élaborer une réponse collective destinée à convertir le modèle de développement global selon une orientation plus respectueuse de la création et en faveur du développement humain intégral, s'inspirant des valeurs propres de la charité dans la vérité. Je souhaite donc l'adoption d'un modèle de développement basé sur le caractère central de l'être humain, sur la promotion et le partage du bien commun, sur la responsabilité, sur la conscience d'un changement nécessaire des styles de vie et sur la prudence, vertu qui indique les actes à accomplir aujourd'hui en prévision de ce qui peut arriver demain». (par.9)
« Il s'agit d'une dynamique incontournable, car "le développement intégral de l'homme ne peut aller sans le développement solidaire de l'humanité" (24). Nombreux sont aujourd'hui les possibilités scientifiques et les chemins d'innovation potentiels, grâce auxquels il serait possible de fournir des solutions satisfaisantes et harmonieuses à la relation de l'homme avec l'environnement. » (par.10)
« Il faut des politiques nationales ambitieuses, accompagnées par un engagement international qui apportera d'importants avantages surtout à moyen et long terme. Il est nécessaire, enfin, de sortir de la logique de la seule consommation pour promouvoir des formes de production agricole et industrielle respectueuses de l'ordre de la création et satisfaisantes pour les besoins essentiels de tous. La question écologique ne doit pas être affrontée seulement en raison des perspectives effrayantes que la dégradation environnementale dessine à l'horizon; c'est la recherche d'une authentique solidarité à l'échelle mondiale, inspirée par les valeurs de la charité, de la justice et du bien commun, qui doit surtout la motiver. » (par.10)
« Il apparaît toujours plus clairement que le thème de la dégradation environnementale met en cause les comportements de chacun de nous, les styles de vie et les modèles de consommation et de production actuellement dominants, souvent indéfendables du point de vue social, environnemental et même économique. Un changement effectif de mentalité qui pousse chacun à adopter de nouveaux styles de vie, selon lesquels "les éléments qui déterminent les choix de consommation, d'épargne et d'investissement soient la recherche du vrai, du beau et du bon, ainsi que la communion avec les autres hommes pour une croissance commune" (26), devient désormais indispensable. » (par.11)
« Un rôle de sensibilisation et de formation incombe en particulier aux divers sujets de la société civile et aux Organisations non-gouvernementales, qui se dépensent avec détermination et générosité à l'expansion d'une responsabilité écologique, qui devrait être toujours plus attachée au respect de "l'écologie humaine". Il faut, en outre, rappeler la responsabilité des médias dans ce domaine en proposant des modèles positifs dont on puisse s'inspirer. S'occuper de l'environnement demande donc une vision large et globale du monde; un effort commun et responsable pour passer d'une logique centrée sur l'intérêt nationaliste égoïste à une vision qui embrasse toujours les besoins de tous les peuples. » (par.11)
« La dégradation de la nature est, en effet, étroitement liée à la culture qui façonne la communauté humaine, c'est pourquoi "quand l'"écologie humaine" est respectée dans la société, l'écologie proprement dite en tire aussi avantage" (27).(par.12)
« L'Église invite au contraire à aborder la question de façon équilibrée, dans le respect de la "grammaire" que le Créateur a inscrite dans son œuvre, en confiant à l'homme le rôle de gardien et d'administrateur responsable de la création, rôle dont il ne doit certes pas abuser, mais auquel il ne peut se dérober. En effet, la position contraire qui absolutise la technique et le pouvoir humain, finit par être aussi une grave atteinte non seulement à la nature, mais encore à la dignité humaine elle-même (30). » (par.13)
« Toute personne a donc le devoir de protéger l'environnement naturel pour construire un monde pacifique. C'est là un défi urgent à relever par un engagement commun renouvelé. C'est aussi une opportunité providentielle pour offrir aux nouvelles générations la perspective d'un avenir meilleur pour tous. Que les responsables des nations et tous ceux qui, à tous les niveaux, prennent à cœur les destinées de l'humanité en soient conscients: la sauvegarde de la création et la réalisation de la paix sont des réalités étroitement liées entre elles! » (par.14)

Le document a été signé le 8 décembre, dix jours avant la clôture du Sommet de Copenhague sur l’Environnement. Un délai suffisant pour le diffuser à temps aux participants de ce Sommet. Pourquoi ne pa l'avoir fait? Qui pouvait avoir intérêt à ce qu’il ne le soit pas? Son contenu,proche de certaines interventions des pays émergeants et des ONG, n’est pas sans nous fournir quelques indices.
Oscar Fortin
Québec, le 21 décembre 2009
http://humanisme.blospot.com

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citoyen du Québec et du monde

Formation en Science Politique et en théologie. Expérience de travail en relations et coopération internationales ainsi que dans les milieux populaires. Actuellement retraité et sans cesse interpellé par tout ce qui peut rendre nos sociétés plus humaines.





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5 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    26 décembre 2009

    Pour Sebas. Votre intervention m’oblige, à quelques considérations de nature à éclairer le lecteur de bonne foi. Il me semble important de bien distinguer les impératifs évangéliques de toute la nomenclature institutionnelle dont se sont investies les autorités vaticanes tout au long des siècles.
    Vous vous référez au Cardinal Biffi qui cite Vladimir Sergueïevitch Soloviev qui a vécu de 1853 à 1900. C’est durant cette période que le débat sur l’infaillibilité papale battait son plein. Il y avait évidemment ceux qui remettaient dans un contexte collégial et ecclésial cette autorité, tout comme l’autorité de Pierre qu’interpella Paul sur les usages de la religion juive pour les nouveaux baptisés non juifs. Nous savons que Pierre a du se rendre aux arguments de Paul. Il y avait les autres qui voulaient s’assurer d’une autorité absolue. Le premier Concile du Vatican, réalisé dans les années 1869-1870, déclara l’infaillibilité du Pape dans le cadre de certaines conditions. Tous les arguments étaient alors bons pour la défendre : le relativisme, l’œcuménisme, l’émergence de nouvelles idéologies étaient des ennemis à fuir. Tout ceci pour dire que la référence à cet auteur doit être lue dans le contexte du 19ième siècle et du débat sur l’infaillibilité et non dans le contexte du Concile Vatican II, réalisé au 20ième siècle. Biffi, né en 1928, sera fait cardinal par Jean-Paul II, en 1985. Sa trajectoire le place dans le groupe traditionnaliste et conservateur du Vatican.
    Il est important de rappeler qu’à toutes les époques il y a des prophètes qui interpellent l’institution ecclésiale non pas pour en faire un dénominateur commun qui couvrirait toutes les tendances, mais pour lui rappeler les impératifs évangéliques comme l’a fait Jésus avec les grands prêtres de son temps et les prophètes de l’Ancien Testament avec les leurs. Lorsque des chrétiens engagés rappellent les impératifs de la justice, de la vérité, du changement radical de la façon d’être, ils ne se font pas des amis. Les hiérarchies, alliées des oligarchies, les condamnent et les mettent en jugement. Les oligarchies pour leur part les excluent de leurs tribunes dont ils ont plein contrôle pour que leur message n’atteignent pas les populations victimes de leurs infamies. Loin d’être dans une approche de nivellement des valeurs, ces militants et militantes, portées par l’Esprit de ce Jésus dont vous parlez, risquent leur vie et la donnent dans bien des cas pour que les vraies valeurs soient celles qui rejoignent tous les humains de la terre. Il y a bien des manières de parler de la Justice, de la Paix, de la Vérité, de l’Environnement. Ce sont là des thèmes qu’abordent le Pape, mais aussi de nombreux prophètes, ceux-là mêmes dont Paul considère comme la deuxième colonne sur laquelle se bâtit l’Église, la première étant les apôtres.
    Il y a des choix qui doivent être faits de la part des croyants : soit qu’ils retournent aux véritables valeurs évangéliques et à l’Esprit que leur a légué Jésus, soit qu’ils s’accrochent à la sécurité que leur donnent le culte et le prosélytisme institutionnel. Aujourd’hui, ce n’est plus pour l’Église institutionnelle qu’il faut donner sa vie, mais pour l’Humanité, œuvre du créateur, qui rejoint tous les humains de la terre, celle pour laquelle Jésus nous invite à travailler.

  • Archives de Vigile Répondre

    25 décembre 2009

    Voici un « avertissement prophétique » -qui je crois-, est TRES approprié pour notre époque:
    Je place le mot prophétie entre « » car c’est en réalité un passage dans un roman d’un philosophe Russe:
    Le cardinal Biffi citant la dernière œuvre de Vladimir Soloviev, « Les Trois Entretiens » (1899-1900), et le récit de l’antéchrist:
    - "Dans « Les Trois Entretiens », expliquait-il, Soloviev présentait l’antéchrist comme pacifiste, écologiste et œcuménique : il convoque un concile œcuménique, et cherche le consensus de toutes les confessions chrétiennes, en concédant quelque chose à chacun. Les masses le suivent, excepté de petits groupes de catholiques, d’orthodoxes et de protestants qui lui disent : « Tu nous donnes tout, excepté ce qui nous intéresse : Jésus-Christ ».
    Ce récit, commentait le cardinal Biffi, contient pour nous un avertissement : aujourd’hui, nous courons en effet le risque d’avoir un christianisme qui met Jésus, sa Croix et sa Résurrection, entre parenthèses.
    Certes, faisait-il observer, si l’on se limitait à parler de valeurs partagées, nous serions bien plus acceptables dans les émissions télévisées et dans les salons. Mais ce serait renoncer à Jésus, à la réalité bouleversante de la résurrection.
    Tel a été l’avertissement de Soloviev aux chrétiens de notre temps, ajoutait le cardinal italien.
    Le Fils de Dieu, continuait-il, ne peut pas être traduit par une série de projets homologables par la mentalité mondaine dominante. Cependant, cela ne signifie pas une condamnation des valeurs qui doivent cependant être soumises à un discernement attentif.
    Il existe, soulignait le cardinal Biffi, des valeurs absolues comme le bien, le vrai, le beau. Qui les perçoit et les aime, aime aussi le Christ, même s’il ne le sait pas, parce que Lui est la Vérité, la Beauté, la Justice.
    Et puis il y a les valeurs relatives comme la solidarité, l’amour de la paix, et le respect de la nature. Si on les absolutise, en les déracinant ou même en les opposant à l’annonce du fait du salut, alors, ces valeurs deviennent des instigations à l’idolâtrie, et des obstacles sur le chemin du salut."
    Fin
    *
    Que nous soyons croyants ou non, cela peut peut-être nous aider à comprendre ce qui s’en vient… si cela s’avère vrai, bien sûr…

  • Archives de Vigile Répondre

    22 décembre 2009

    Un autre monde est-il possible?
    L’Église est-elle prête à assumer sa vocation d’être une institution de contre-culture? Le monde attend d’elle un «leadership » de justice et d’humanité, (quand elle se dit experte en humanité : déclaration de Paul VI aux Nations Unies) pour défaire les nœuds d’exploitations, d’injustices et de pillages dans le monde. À cet égard, le Vatican et les autres Églises auraient, dans les défis éthiques et écologiques, une plus grande marge de manœuvre que bien des gouvernements contraints par des conjonctures économiques, des échéances économiques ou électorales à court terme.
    Si nous voulons vraiment apporter le changement dans le monde, nous devons nous rendre compte qu'il faut plus que des résolutions et des sermons éloquents sur la paix et la justice. Mais encore faut-il préciser concrètement en quoi les habitants de la planète doivent transformer leurs façons de vivre? Pourquoi l’État du Vatican ne parlerait-il pas de sauver les forêts du Brésil, de protéger les terres agricoles des biocarburants, de freiner les massacres d’éléphants en Afrique, de boycotter le trafic de diamants et de drogues par des multinationales, la surexploitation des ressources naturelles, des océans, etc.?
    Plus près de nous, pourquoi les Églises canadiennes ne demandent-elles pas de stopper la pollution et non la production pétrolière de l'Alberta, en demandant de dépolluer les rivières et les lacs environnants, pour ne pas priver les autres provinces de millions de dollars en péréquation? Il en va de même pour la Chine et les pays d’Afrique, on ne peut pas leur demander de cesser l’utilisation du charbon, sans détruire leurs économies locales? On peut les aider à diminuer leur dépendance.
    Comment expliquer le silence des Églises de l’Amérique Latine face aux grands changements géopolitiques de beaucoup de pays? Combien de dirigeants politiques, de nouvelle génération, attendent un appui et un support de ces Églises muettes? Les pays émergents sont en train de changer la face du monde (on l’a vu avec l’échec de Copenhague) et ils ont besoin de toutes les forces vives de leurs populations.
    Marius MORIN
    mariusmorin@sympatico.ca

  • Jacques Bergeron Répondre

    22 décembre 2009

    Pourquoi cette haine Papale chez certains individus!
    Merci, Monsieur Fortin d'avoir écrit ce très bel article,même si,malheureusement, il permet à certains individus de démontrer leur hargne contre plus grand qu'eux.Je vous souhaite , cher Monsieur, un «Joyeux Noël» et une «Bonne et heureuse année 2010» et la santé qui vous permettra de continuer à écrire de si beaux textes qui nous alimentent intellectuellement et moralement.

  • Serge Charbonneau Répondre

    22 décembre 2009

    Excellente observation.
    Excellente réflexion.
    Mais cette photo!
    Une photo vaut mille mots. Celle-ci le démontre bien.
    Ah! Le Pape!
    Lorsqu'on regarde l'expression de ce dit Benoit, on remarque instantanément la similarité de sa grimace avec celle de son ami, Saint-Bush.
    La sainteté a ce petit quelque chose qui me fait gerber par tous les trous.
    43e journée mondiale de la Paix.
    La Paix! Cette vue de l'esprit! Cette "utopie". Ce paradis perdu.
    On donne maintenant des prix Nobel de la Paix à ceux qui dépensent des milliards pour tuer et qui tuent au quotidien.
    La Paix!
    Un message de Paix de ce saint père.
    Une hypocrisie qui me révolte au point de parfois vouloir prendre les armes ou poser des bombes. Mais soyez sans crainte, je suis trop pacifiste pour recevoir le Prix Nobel de la Paix. Je ne tuerai jamais personne et je ne poserai jamais de bombes.
    Pourquoi avoir attendu au lendemain du SOMMET DE COPENHAGUE pour rendre publique «SI TU VEUX CONSTRUIRE LA PAIX, PROTÈGE LA CRÉATION» ?
    Encore une fois, on voit que ce ne sont que des mots vides de sens. Le bon kr… de pape se fout pas mal de la Paix et de la "création". Ce bon pape aime bien dormir le popotin bien au chaud et se l'essuyer avec du papier doux et soyeux. C'est que voyez-vous, il a fait vœu de pauvreté!
    Les papes n'ont toujours agi que pour protéger les puissants qui crossent le monde et garde les masses sous l'emprise de la sainteté.
    À la veille de la guerre d'Irak, je me disais que si j'étais pape je me serais rendu à Bagdad et j'aurais attendu les premières bombes US.
    Je n'aurais pas hésité un seul instant à donner ma vie pour ces gens que l'on s'apprêtait à tuer massivement. D'autant plus, que si j'avais été pape j'aurais été convaincu de rencontrer allah et st-pierre à ses côtés.
    Alors, il ne faut pas s'étonner de cette stratégie papale.
    Il faut mettre en lumière que sainteté est synonyme d'hypocrisie et que la sainteté est la pire arnaque que le monde ait connue.
    Je sais, je suis excessif lorsqu'il s'agit de religion de pape et de saint, mais qu'il fasse un seul geste courageux pour la Paix et je tenterai de me guérir.
    Serge Charbonneau
    Québec