Débat des chefs

Trente-trois pour cent

Où iront les indécis?

Chronique de Louis Lapointe

Vigile
33%, c’est le pourcentage d’électeurs qui n’a pas encore fait de choix définitif dans la présente campagne électorale. Combien parmi ceux-ci ont assisté au débat des chefs hier ? Je ne sais pas, mais on peut déduire que cela correspond à peu près au pourcentage de téléspectateurs indécis qui a pu constater en direct que Jean Charest ne connaissait même pas le déficit d’exercice de son propre gouvernement. Ça peut vraiment faire mal à Jean Charest si c’est bien récupéré par ses adversaires d’ici la fin de la campagne dans 12 jours !
***
Pour bien me mettre dans l’esprit de ces indécis et afin d’analyser correctement le débat sous le même angle qu’eux, j’ai changé une première habitude, je n’ai pas écouté le débat à la SRC, mais à TVA. Remarquez bien, cela n’a pas été vraiment difficile, je suis incapable de blairer le club des ex ni à la télévision, ni à la radio, pas capable…Je ne dois pas être le seul, on devait donc être nombreux à avoir préféré TVA hier !
Heureuse surprise, c’était Claude Charron, Luc Lavoie et Jean Lapierre qui allaient commenter la performance des chefs, ça promettait. Le premier grand moment de la soirée est survenu à l’occasion de l’avant-débat lorsque Luc Lavoie a dit qu’il ne pouvait plus entendre Jean Charest répété sa vieille rengaine des trois paires de mains sur le volant, ça pavait le restant de la soirée. Comme si Jean Charest l’avait entendu, il a plutôt parlé des six mains sur la « barre ».
Même si à la toute fin de la soirée nos analystes ont décrété que le match avait été nul parce que Jean Charest avait été ordinaire, pour le commun des mortels, cela voulait dire en termes polis que c’était Jean Charest qui avait perdu le débat. C’est d’ailleurs ce qui ressortait clairement de l’ensemble des commentaires reçus de la part des téléspectateurs sur le site internet de TVA. Ce serait donc Jean Charest qui aurait perdu le débat aux yeux des téléspectateurs qui ont assisté au débat hier.
Si dans l’ensemble Pauline Marois a eu la meilleure performance, le meilleur moment de la soirée appartenait hors de tout doute à Mario Dumont. C’est probablement de ce même moment dont tout le monde a parlé devant le café ce matin et ce sera sûrement de ce moment dont tout le monde parlera lors de la pause et au dîner, « As-tu entendu la réponse de Jean Charest quand Mario Dumont lui a demandé quel était le déficit du Québec ? ».
La réponse de Jean Charest est éloquente. Elle est la preuve flagrante que le slogan de la campagne libérale est de la foutaise et que Jean Charest se moque comme de sa dernière chemise de la santé économique du Québec. L’économie d’abord, oui ! Quand on est premier ministre du Québec et qu’on dit que l’économie c’est la priorité de notre parti et qu’à la face de tout le Québec on n’est même pas capable de répondre correctement à cette question alors qu’on ne connaît même pas le montant du déficit du Québec, ça fait pas mal amateur.
Il ne faut pas oublier que toute la campagne de Jean Charest repose sur l’idée qu’il serait le meilleur pour diriger le Québec dans la crise économique qui s’annonce. Il donne plutôt l’impression qu’il ne sait tout simplement pas où il va. Si j’étais indécis, je ne confierais certainement pas mon bas de laine à un premier ministre qui est incapable de me donner l’heure juste au sujet du déficit de son gouvernement et de la situation de mon fonds de retraite déposé à la Caisse de dépôt et placement. Je ne voterais tout simplement pas pour lui !
Reste à savoir où vont aller les votes de ces indécis. Même si Mario Dumont a marqué quelques points lors du débat d’hier, son passif des 20 derniers mois est trop frais à l’esprit des Québécois et empêchera probablement les indécis de se tourner vers lui, d’autant plus qu’il est d’ores et déjà acquis qu’il ne formera ni le prochain gouvernement, ni l’opposition officielle.
C’est donc Pauline Marois qui devrait faire le plus de gains à la suite du débat d’hier. Toutefois, pour maximiser les effets de cette soirée, elle devra, d’ici la fin de la campagne électorale, profiter de chacune des occasions qui lui seront données pour faire la démonstration que la seule priorité de Jean Charest est de se faire réélire d’abord, l’économie venant bien loin derrière.
C’est quoi déjà le déficit du Québec M. Charest ?
Louis Lapointe

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L'auteur a été avocat, chroniqueur, directeur de l'École du Barreau, cadre universitaire, administrateur d'un établissement du réseau de la santé et des services sociaux et administrateur de fondation.





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