Les conservateurs ont demandé à Stéphane Dion de forcer Justin Trudeau à s’excuser pour ses propos sur les gens unilingues. On voit ici la jeune recrue libérale en compagnie de sa mère, Margaret Kemper. (Photo PC)
Hugo de Grandpré - Justin Trudeau est de nouveau dans l’embarras à cause de propos controversés sur le bilinguisme au Canada. Le Parti conservateur et le NPD n’ont pas perdu de temps pour attaquer le fils de l’ancien premier ministre Pierre Elliott Trudeau, devenu depuis quelques mois une cible de choix.
Au cours d’une conférence devant des professeurs albertains, lundi, le candidat dans la circonscription de Papineau a déclaré que les gens qui n’apprennent pas une deuxième langue sont « paresseux » et qu’ils se « tirent dans le pied ».
« De s’asseoir et d’attendre à ce que les autres apprennent votre langue n’est pas seulement paresseux, mais en fait vous vous tirez dans le pied, puisque vous mettez en péril votre habilité de communiquer avec le reste du monde », a dit M. Trudeau à Edmonton devant quelque 400 professeurs de la province.
Ces propos ont fait sortir le NPD et les conservateurs de leurs gonds. Selon eux, le candidat libéral dans la circonscription de Papineau insulte des millions de Canadiens unilingues français ou anglais.
« Cette déclaration laisse pantois, a déclaré le député néo-démocrate d’Outremont, Thomas Mulcair. Il est souhaitable que les gens puissent avoir l’occasion d’apprendre une deuxième langue, voire une troisième. Mais de là à traiter de paresseux les gens qui ne maîtrisent pas la deuxième langue, il y a un pas que je n’arrive pas à m’expliquer. »
Les conservateurs ont diffusé un communiqué quelques heures après le discours de M. Trudeau, titré : « D’autres insultes de la part de l’élitiste Justin Trudeau ». Ils ont souligné que 22 millions de citoyens du pays sont unilingues, et ont demandé au chef Stéphane Dion de forcer sa jeune recrue à présenter ses excuses.
Mea-culpa
C’est la troisième fois en moins d’un an qu’une sortie de Justin Trudeau soulève ainsi la controverse. En décembre, dans une entrevue accordée à un hebdomadaire montréalais, il s’était prononcé contre la reconnaissance de la nation québécoise. En mai dernier, il s’était dit contre le bilinguisme, en plus de prôner l’abolition des systèmes d’éducation distincts francophones et anglophones.
Chaque fois, l’ancien enseignant a dû clarifier ses propos dans les jours suivants. C’est encore ce qu’il a fait, hier, admettant qu’il était allé trop loin.
« Les atouts qu’amène la connaissance d’une langue seconde sont pour moi indéniables et très importants, a-t-il précisé à La Presse. Mais je suis prêt à avouer que je n’ai peut-être pas choisi les meilleurs mots, je me suis emporté un peu, parce que c’est un sujet pour lequel je ressens beaucoup de passion. »
Il a ajouté qu’il n’a pas voulu insulter ceux qui ne peuvent apprendre une autre langue à cause de leur situation économique ou pour une autre raison. Il a précisé que ses critiques visaient surtout l’Alberta, qui à son avis ne consacre pas suffisamment de ressources à l’apprentissage d’une langue seconde.
« Je pense que M. Trudeau a tendance à s’échapper chaque fois qu’il a un micro sous le nez, a néanmoins tranché Thomas Mulcair. Malheureusement pour lui, cela fait trois fois, sur des dossiers vraiment complexes, qu’il montre qu’il n’a pas encore une maîtrise des faits et qu’il ferait mieux de s’abstenir de véhiculer ces informations – parce que c’est insultant. »
M. Trudeau est candidat dans la circonscription de Papineau, détenue par la bloquiste Vivian Barbot depuis sa victoire contre le libéral Pierre Pettigrew. Le NPD ne compte toujours pas de candidat dans la circonscription, mais compte en faire l’annonce dans les deux prochaines semaines.
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