Trudeau vient en aide aux PME

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L'aide aux entreprises risque d'être insuffisante


Le gouvernement fédéral prend acte du fait que l’aide qu’il a accordée jusqu’à présent aux entreprises n’est pas suffisante pour traverser la crise créée par la pandémie de COVID-19. Il subventionnera donc encore plus les salaires, accordera des prêts garantis aux entrepreneurs et leur donnera un répit pour remplir leurs obligations fiscales.



En vertu du plan d’aide initial, les petites et moyennes entreprises pouvaient faire subventionner par Ottawa les salaires de leurs employés jusqu’à concurrence de 10 %, question de ne pas avoir à les mettre à pied pendant leur fermeture forcée. Devant les multiples critiques faisant valoir que ce taux était nettement insuffisant, Ottawa ajuste le tir et fixe le pourcentage à 75 %. « SVP, gardez vos travailleurs sur votre feuille de paie », a plaidé M. Trudeau. 




« Je pense au petit restaurant familial qui existe depuis plusieurs années et qui a les mêmes employés depuis longtemps, [des employés] qui ont été là pour eux pendant les bons moments et les moments difficiles », a relaté M. Trudeau lors de son point de presse quotidien vendredi. « Et maintenant dans un moment de crise, ils se trouvent incapables de continuer à payer ces employés. Nous avons besoin d’être là. Oui, la Prestation canadienne d’urgence [sorte d’assurance-emploi pour les travailleurs mis à pied] sera là pour énormément de gens, mais quand c’est possible, c’est mieux pour tout le monde qu’on garde ce lien entre employeur et employé. » 



Ottawa met aussi en place le Compte d’urgence pour les entreprises, en vertu duquel les PME pourront solliciter auprès des institutions financières un prêt sans intérêt de 40 000 $ garanti par le gouvernement fédéral. Ce prêt, a expliqué le premier ministre, fournira les liquidités nécessaires aux entreprises jusqu’à ce que l’activité économique reprenne. Une tranche de 10 000 $ de ces prêts pourra même être non remboursable. M. Trudeau a indiqué que les détails de ces programmes seront concoctés d’ici lundi. 




Enfin, en ce qui concerne la TPS que les entreprises collectent pour Ottawa et doivent lui retourner, elles ont maintenant jusqu’au mois de juin pour retourner l’argent. Selon M. Trudeau, cela représente 30 milliards de dollars en liquidités, exemptes d’intérêt, dont les entreprises disposent pour traverser la tempête. 



Les entreprises soumises à la taxe sur le carbone, qui doit passer le 1er avril prochain 20$ à 30 $ la tonne, ne seront cependant pas épargnées. La hausse ira de l’avant comme prévu. M. Trudeau a fait valoir que les revenus de cette taxe sont retournés aux citoyens sous forme de chèque. « C’est important en ce moment qu’on mette plus d’argent dans les poches des Canadiens. Notre plan sur la tarification du carbone met plus d’argent dans les poches des Canadiens que ce qu’ils payeront avec notre prix sur la pollution. » 



Un déficit de plus de 100 milliards 



Sans surprise, la crise drainera les ressources du gouvernement fédéral. Aussi, le Directeur parlementaire du budget (DPB) a-t-il commencé à calculer quel pourrait être l’effet de la pandémie, et des mesures de distanciation sociale prises pour la contenir, sur les finances publiques. L’équipe d’Yves Giroux en arrive à la conclusion que le déficit pour l’année 2019-20 qui se termine mardi prochain grimpera à 26,7 milliards de dollars, et celui pour 2020-21, à 112,7 milliards! Et cela, alors qu’il n’a pas pris en compte la bonification de 25 milliards $ du plan d’aide fédéral annoncée cette semaine. 



D’ailleurs, le rapport du DPB le dit d’emblée très clairement: « Le présent scénario ne constitue pas une prévision. Il ne montre qu’une des issues possibles à la situation ». La situation est tellement volatile que les prévisions sont très spéculatives. Elles donnent néanmoins une idée de ce qui attend le Trésor fédéral. 



Selon le DPB, les revenus d’Ottawa diminueront de près de 40 milliards (principalement à cause de l’impôt sur le revenu amoindri des ménages) et les dépenses augmenteront 52,4 milliards. Le DPB précise cependant que malgré la taille imposante du déficit (ce serait la première fois dans l’histoire du Canada qu’il franchit la barre symbolique des 100 milliards), celui-ci serait encore contrôlé. Il représenterait 5,2 % du PIB, soit exactement le même pourcentage qu’en 1993-94. Le ratio dette-PIB atteindrait 38,1 %, soit 7,5 points de plus que ce qui avait été prévu en novembre dernier lors de la mise à jour économique. Mais il faut garder en mémoire que le sommet en la matière avait été atteint en 1995-96, avec un taux de 66,6 %. 



Justin Trudeau a tenté de rassurer les contribuables en faisant valoir que les finances publiques avant que la crise ne frappe étaient suffisamment en bon état pour faire face à la crise. « Le Canada était en très bonne situation fiscale », a-t-il dit en rappelant que le ratio dette-PID était « extrêmement bas ». « Ça nous permet justement de pouvoir prendre les mesures nécessaires en toute confiance pour appuyer les gens dans une situation d’urgence », a conclu M. Trudeau.




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