Les leçons de la Suède

Un biais à la Santé publique du Québec

La Suède est un pays souverain

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Tribune libre

Au moment le monde a réalisé que le coronavirus était une menace sérieuse, la Suède a pris la décision de ne pas procéder à un confinement général. C’était un pari risqué mais un pari fait après une analyse approfondie de la situation. Comme ailleurs, on a évalué le danger que l’épidémie se propage tellement rapidement que le système de santé ne soit débordé et qu’on ne puisse pas soigner correctement les malades. On peut dire que leur pari a réussi mais on ne peut pas conclure que leur décision aurait été la bonne pour d’autres pays. L’Italie et l’Espagne n’ont pas eu le temps de se poser la question, le système de santé a été rapidement débordé, ce qui a poussé la France à la prudence. Le Royaume-Uni a joué avec l’idée de laisser courir la maladie mais il s’est vite ravisé.


Au Québec la Santé publique a décidé assez rapidement d’un confinement strict. On comprend que, connaissant le peu de marge de manœuvre existant dans nos hôpitaux et l’état de désorganisation des soins aux aînés, la Santé publique ait eu peur qu’on perde le contrôle. Compte tenu de la difficulté à stabiliser la situation, même avec le confinement le plus sévère et le plus respecté au Canada, c’était sans doute la bonne décision. Il y a eu un peu de cafouillage au départ dans la gestion des ressources aux personnes âgées mais la catastrophe dans ce domaine résulte entièrement du laisser-aller des dernières décennies.


Il faut dire que le succès de la Suède est relatif. On y évalue le nombre de décès à 32 par 100000 habitants comparativement à 37 au Québec. Par ailleurs, en Finlande et en Norvège, deux pays voisins qui ont appliqué un confinement, le ratio s’établit à seulement 5 morts par 100000 habitants. Ainsi, pour la Suède, le non-confinement serait peut-être responsable de la mort de centaines de personnes, voire d’un millier. La Santé publique suédoise a accompli son travail, l’épidémie a été contrôlée. C’est à la population de juger si ces quelques centaines de morts représentent un prix trop élevé pour avoir évité le confinement et il semble qu’elle soit satisfaite de la stratégie des autorités.


L’expérience de la Suède devrait être prise en compte dans nos décisions de déconfinement. Globalement elle devrait nous inciter à ne pas trop craindre le déconfinement. Elle nous oblige aussi à réfléchir à l’avance à notre sensibilité aux décès qui surviendront avec le déconfinement. Il y aura certainement des décès individuels et des foyers d’infection avec plusieurs décès. Est-ce qu’on appellera au re-confinement aux premières alertes ou bien on ira de l’avant jusqu’à ce que les indicateurs scientifiques passent au rouge? Personnellement, je partage l’attitude des Suédois et je reculerais seulement s’il y avait un risque de perte de contrôle.


La Santé publique du Québec devrait se limiter à surveiller le danger d’un retour en force de l’épidémie. Cependant on observe un biais de leur part à l’encontre d’un déconfinement. La semaine dernière la présentation d’une étude ressemblait à une opération de propagande contre le déconfinement. Quand des scientifiques présentent une étude ils doivent s’assurer que le public en tire les bonnes conclusions. Ce qu’on a retenu dans les médias c’est qu’un déconfinement maintenant se traduirait par des milliers de morts au cours des prochains mois. L’étude ne permet pas de faire cette prévision et ce n’est sûrement pas ce qui arriverait. Leurs chiffres supposent qu’on regarderait passivement les gens mourir tout l’été. Pourtant c’est déjà très clair que M. Legault parle d’une tentative de déconfinement et qu’on va réagir rapidement si ça ne va pas bien.


Depuis plusieurs jour le Journal de Montréal publie l’étude statistique de Jean-Louis Fortin qui présente le nombre de décès selon le jour même du décès, et ce portrait est beaucoup plus positif. Le premier ministre en a parlé mercredi. Pourquoi la Santé publique qui annonce les décès à chaque jour n’a pas voulu présenter ces données corrigées auparavant? Des épidémiologistes ont répondu que la courbe corrigée ne tenait pas compte de toutes les données à venir mais la courbe présentée par la Santé publique a le même problème. Finalement quand la Ville de Montréal a annoncé qu’elle va procéder à un déconfinement très progressif pourquoi la Santé publique du Québec ne l’a pas rappelée à l’ordre publiquement?


Pour faire accepter le confinement la Santé publique a cru nécessaire de faire un peu peur au monde. Il serait temps qu’elle cesse de manipuler l’opinion et qu’elle se contente de fournir à la population une information objective.


La Suède est un pays, les dirigeants ont pu prendre leurs décisions en menant un dialogue direct, sans interférence, avec les citoyens. Le Québec doit composer avec une belle-mère arrogante à Ottawa et des politiciens québécois fédéralistes qui ne veulent pas de grosses chicanes avec le Canada.


C’est ainsi qu’on n’a pas pu fermer nos frontières au moment voulu et que pendant des jours des voyageurs infectés entraient sans contrôles par nos aéroports et nos voies terrestres.


Pire, des immigrants illégaux ont pu continuer à entrer au Québec sans plus de formalité qu’une tape dans le dos de la part des agents frontaliers et être relâchés sans les moyens de vivre adéquatement, surtout à Montréal. Naïvement et sans aucune gêne une intervenante sociale déclarait récemment que nous avions eu tort de tenter de fermer cette passoire puisqu’un grand nombre de ces illégaux s’occupent maintenant de nos ainés québécois dans les CHSLD et autres résidences. Je me demande dans quelle mesure tous ces pauvres travailleurs n’ont pas contribué involontairement à propager la contagion.


Quand notre premier ministre a voulu parler d’immunité collective, presque certainement efficace et invoquée ouvertement par les autorités suédoises, il s’est fait taper sur les doigts comme un gamin par fiston Trudeau qui a aussi multiplié les commentaires négatifs sur l’approche québécoise.


Avec cette feuille de route Justin Trudeau ose dire qu’il est inquiet pour les Montréalais. En bon premier ministre de la Fédération canadienne il aurait dû plutôt démontrer un respect des compétences du Québec et de sa capacité à exercer ces compétences, en déclarant qu’il faisait confiance à Québec pour réussir un déconfinement avec toute la prudence nécessaire.


Les Canadiens anglais ont un pays, pas nous.



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2 commentaires

  • Pierre Gouin Répondre

    15 mai 2020

    Merci pour votre commentaire M. Ricard. Je n'ai rien à dire pour défendre Legault et Arruda. Je pense qu'il vaut mieux taper sur les libéraux, pour ne pas que les gens oublient et ça fait une pression sur Legault en même temps. Legault-Arruda ont surtout fait des erreurs de gestion pour l'instant, les libéraux ont coupé par idéologie. 


    Pour moi ce qui compte c'est que Trudeau a refusé pendant plusieurs jours de fermer les frontières après que le Québec lui ait demandé.


    Il semble que vous ayez une appoche plus socialiste tandis que j'ai une approche plus nationiste. Peut-être que vous apprécier le mondialisme de Trudeau?


  • François Ricard Répondre

    14 mai 2020

    ""...la catastrophe résulte entièrement du laisser-aller des dernières décennies.""
    Le 30 janvier 2020, l'OMS a déclaré que " la flambée épidémique due au 2019-nCoV constitue une USPPI," (Urgence de santé de portée internationale) Et recommandait à tous les États d'implanter des mesures d'urgence, comme tests de dépistage, contrôle des frontières, contrôle des voyageurs.Ce même jour, Québec se refuse à mettre en quarantaine les voyageurs venant de Chine. De dire le dr Arruda « Il faut être vigilant, mais le risque d’importation du virus par des voyageurs est jugé faible, même si on sait que c’est possible ».Il ajoute que toutes les mesures ont été prise pour empêcher la maladie de se propager.Et de dire » Ces personnes-là ont le droit de revenir au Québec et de retrouver leur famille ».
    Le 5 février, les microbiologistes du gouvernement recommandent l'achat de matériel ( masques, écouvillions, etc) en vue d'une épidémie bien probable. Le tandem Arruda-Legault en a fait sa priorité le 29 mars.
    Le tandem Legault-Arruda est responsable de l'hécatombe survenue en nos résidences pour vieux.Mardi le 5, le dr Arruda l'a reconnu. On a tardé à interdire la visite en ces endroits de voyageurs revenant de l'étranger et on a aussi permis aux équipes volantes de se promener d'un établissement à l'autre. On aurait voulu que le virus s'implante bien et vite en ces endroits que l'on n'aurait pas fait autrement.Cette absence de protocoles n'est pas due aux carences accumulées, à la négligence systémique ayant cours depuis des années. Non. Le gouvernement Legault avait entière juridiction.Il devait agir. Il ne l'a pas fait.Et c’est ce que l’on leur reproche.La mort de vieux dans des conditions affreuses.
    Selon le JdeM,les CHSLD et ressources intermédiaires de la province ont été négligés pendant des années par Québec. Près de la moitié d’entre eux n’ont pas été inspectés depuis plus de trois ans, et certains sont même laissés à eux-mêmes depuis 2014. Seulement 554 résidences privées ont été inspectées en 2019, ce qui en fait l’un des pires bilans depuis cinq ans. La CAQ pire que le PLQ.
    Oui, il y a délabrement depuis des années dans nos résidences pour vieux. Mais ce délabrement ne doit pas exonérer le gouvernement Legault des mauvais résultats de sa gestion de crise.