Un bilan négatif

c'est sur la scène internationale que Stephen Harper s'est révélé carrément incompétent.

Élections fédérales du 14 octobre 2008



C'est désolant: les pires failles du gouvernement Harper sont précisément celles dont on ne parle jamais dans cette campagne.


En effet, s'il y a bien des choses à reprocher à ce gouvernement sur le plan domestique, c'est sur la scène internationale que Stephen Harper s'est révélé carrément incompétent.
M. Harper n'était pas un homme cosmopolite quand il est arrivé au pouvoir, mais il n'a rien fait, depuis, pour s'élargir l'esprit. Il reste buté sur quelques idées fixes, et comme il veut tout contrôler, cette gaucherie se reflète sur toute la politique en matière d'affaires étrangères.
Son premier tort est d'avoir successivement nommé, à ce ministère important, des hommes mal préparés pour assumer ce genre de responsabilité - son ancien rival Peter Mackay et le pauvre Maxime Bernier. Peut-être M. Harper voulait-il ainsi garder la main haute sur les Affaires étrangères, mais c'était un très mauvais calcul car lui-même n'a ni le sens diplomatique ni le bagage culturel nécessaires.
L'une de ses décisions les plus bizarres a été de s'adjoindre Wajid Khan, un député libéral (devenu depuis conservateur) comme conseiller personnel pour le Moyen-Orient, bien que ce dernier, un ancien vendeur d'autos né au Pakistan, n'avait aucune qualification particulière et ne connaissait rien au monde arabe. Ce «conseiller» s'est baladé ici et là, au coût de 38 000$ pour les contribuables; il aurait produit un petit rapport que le gouvernement refuse de rendre public.
M. Harper semble incapable de réaliser que certaines décisions qui n'ont pas un impact électoral au Canada peuvent être bénéfiques au pays à long terme. Ainsi, c'est avec une désinvolture surprenante qu'il a renoncé à tout mettre en oeuvre pour que le Canada obtienne l'un des sièges tournants au Conseil de sécurité de l'ONU.
La désinvolture dont il vient de faire preuve dans le dossier de l'Afghanistan est encore plus surprenante, sinon scandaleuse. En fait, il s'agit d'une décision qui pue l'électoralisme et met nos troupes en danger. M. Harper s'est engagé, apparemment pour plaire au Québec (où pourtant l'offensive afghane ne constitue guère un enjeu électoral), à se retirer de l'Afghanistan en 2011, au mépris du fait que cela démolit la réputation de sérieux que le Canada s'était récemment acquise au sein de l'OTAN, tout en faisant le jeu des talibans qui savent maintenant que le Canada a hâte de retirer ses billes.
Les Forces canadiennes ne sont pas obligées de passer le reste du siècle en Afghanistan, mais l'annonce prématurée d'un retrait sera contre-productive pour le moral des troupes. Pourquoi déclarer trois ans à l'avance que la mission sera abandonnée à date fixe, et quels que soient les résultats?
Un autre tort impardonnable du gouvernement Harper est d'avoir infligé à la Chine une série de camouflets, au risque de détériorer les relations du Canada avec ce grand partenaire: appui maniaque au lobby taïwanais, réception du dalaï-lama, absence du premier ministre à l'ouverture des Jeux M. Harper, qui est le seul premier ministre canadien à s'être abstenu de se rendre en Chine, a été incapable de mesurer l'importance, sous l'angle des droits humains, de cette flamboyante ouverture au reste du monde.
Cruelle ironie, M. Harper, qui aime bien faire la leçon à la Chine en matière de droits humains, laisse un enfant-soldat croupir à Guantanamo. Omar Khadr y est le seul détenu dont le pays n'a pas réclamé l'extradition.
Son appui très controversé à Israël, dans la guerre du Liban, est d'un autre ordre. Pour M. Harper, c'était très clairement une position de principe, inspirée par la conviction qu'Israël avait le droit de se défendre et sa révulsion face au terrorisme du Hezbollah. Dans la foulée, il a pris l'excellente décision de boycotter la phase deux du «sommet de Durban» de l'ONU sur les droits humains, une conférence qui, comme sa première mouture, sera un festival de l'antisémitisme auquel le Canada n'a pas à donner sa caution.
Mais rares sont les enjeux de politique internationale où l'on peut se contenter de positions de principe. Il faut plutôt naviguer dans la complexité et cultiver l'art du compromis, tout en protégeant les intérêts de son propre pays un art que Stephen Harper est bien loin de maîtriser.


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