Un boomerang entre les dents

Vigile


Depuis au moins quatre bonnes décennies, l'antagonisme entre souverainistes
et fédéralistes domine immanquablement nos campagnes électorales. Mais après
tous ces appels aux urnes, certains arguments font aujourd'hui ricochet. Il
y a d'abord eu la menace d'une annulation des transferts fédéraux destinés
au Québec advenant une victoire péquiste le 26 mars prochain. Voilà
maintenant que le spectre du démembrement du territoire québécois advenant
une victoire référendaire souverainiste vient hanter les électeurs.
Lorsque Jean Charest, chef du principal parti fédéraliste au Québec, ne
cherche plus à nous convaincre des bienfaits du statut de province au sein
du Canada de 2007, mais plutôt à peindre en noir les lendemains d'une
victoire du PQ ou du Oui, il donne malgré lui raison à tous ses concitoyens
qui n'attendent plus rien du renouvellement mille fois promis du fédéralisme
canadien. Et si même lui n'a plus rien à dire pour nous faire imaginer un
avenir prochain où « le fruit sera mûr », comme dit Benoît Pelletier, le
message qu'il envoie aux indécis, c'est que le PLQ ne croit pas non plus que
le fédéralisme « d'ouverture » mouture Harper serve à autre chose qu'à faire
franchir une autre élection au statu quo.
Un providentiel budget fédéral viendra bientôt à la rescousse du chef
libéral. Mais lorsque tous les partis en lice n'ont d'autre choix que
d'attendre ce fameux 19 mars pour chambarder en catastrophe les projections
budgétaires de leurs promesses, on ne peut certainement pas y voir la
démontration d'une autonomie satisfaisante du gouvernement provincial de la
« nation » québécoise. C'est bien davantage la preuve de notre incurable
dépendance face aux choix politiques fédéraux qui saute aux yeux. Bref, si
André Boisclair disait avoir « un couteau entre les dents » à l'aube de la
présente campagne, c'est un boomerang qui risque de blesser le menton de
Jean Charest.
Christian Gagnon

Montréal

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CHRISTIAN GAGNON, ing.
_ L’auteur a été président régional du Parti Québécois de Montréal-Centre d’octobre 2002 à décembre 2005





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