L’historien israélien Shlomo Sand rappelle dans un nouvel essai – Deux peuples pour un État ? Relire l’histoire du sionisme – que de nombreux intellectuels juifs, dont Hannah Arendt, ont prôné en leur temps la création d’un État binational israélo-palestinien. Pour lui, cela saute aux yeux maintenant, il n’y a pas d’autre solution que celle-là pour mettre fin aux incessants conflits meurtriers en Israël [1].

     Si Mme Arendt était toujours de ce monde, elle aurait changé d’idée et rejeté ce projet. Pour elle, cet État binational tiendrait tant bien que mal aussi longtemps que les juifs seraient majoritaires, mais une fois minoritaires, ils seraient progressivement déclassés par les musulmans.

     C’est que Mme Arendt saurait en 2024 que l’islam a radicalement changé dans les cinquante dernières années. Qu’il est devenu par trop intolérant pour accepter que des juifs pratiquent au grand jour leur religion. Pour se donner une idée, il n’y a qu’à voir comment les minorités religieuses sont traitées dans les pays à majorité musulmane. Même les chiites et les sunnites, pourtant de même confession musulmane, ne s’accordent pas, alors imaginez.

     Bien entendu, si les Palestiniens étaient majoritairement, disons, chrétiens, ce serait une tout autre paire de manches. Les juifs et les chrétiens pourraient vivre côte à côte dans un Israël binational et laïque.

     Tant que l’islam restera cette implacable religion qu’elle est aujourd’hui, qu’elle refusera de faire le chemin éclairé qu’a fait le christianisme, il n’y aura pas d’avenir pour un État binational et laïque en Israël.

     Pour finir, cette précision du Petit Larousse illustré, sous l’entrée “islam” : « Principalement pratiqué en Asie, l’islam étend de plus en plus son influence en Afrique et en Europe. » [2] Sous peu, Larousse ajoutera “Amérique du Nord” à la liste.