Une obligation morale

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Tout Québécois soucieux de démocratie devrait être gêné qu'Yves Michaud en soit rendu là !

Yves Michaud ne bénéficiera jamais de la même sympathie que Claude Robinson, qui s’est battu pendant des années pour qu’on reconnaisse en lui le père légitime de Robinson Sucroé. À la simple évocation de « l’affaire Michaud », plusieurs lèvent les yeux au ciel, l’air de dire que ce vieil enquiquineur a simplement eu ce qu’il méritait.

Son acharnement à obtenir réparation pour l’injustice commise à son endroit n’en force pas moins l’admiration. Après 15 ans de lutte, n’importe qui d’autre, ou presque, aurait lancé la serviette. Après avoir été débouté ou ignoré par tous les tribunaux auxquels il s’est adressé, voilà qu’il se tourne maintenant vers le Conseil des droits de l’homme de l’ONU. Tout Québécois soucieux de démocratie devrait être gêné qu’il en soit arrivé là.

On sait depuis des années qu’il ne méritait pas ce blâme de l’Assemblée nationale. D’entrée de jeu, l’ancien chef du Parti Égalité, Robert Libman, devenu entre-temps président de la section québécoise de B’nai Brith, avait déclaré que les propos prétendument antisémites qu’on reprochait à M. Michaud avaient été « incroyablement déformés ». On pourrait difficilement trouver meilleure caution.

Tous les partis politiques ont connu des moments moins glorieux. Cet épisode est sans doute le plus sombre de l’histoire du PQ. Soit, s’il avait été élu député de Mercier, comme il le projetait, cet électron libre aurait été une source de tracas permanent pour la direction du parti, mais Lucien Bouchard n’avait pas le droit d’instrumentaliser l’Assemblée nationale pour régler un problème interne.

En annonçant sa démission, l’ancien premier ministre avait plaidé que les propos de M. Michaud étaient nuisibles au projet souverainiste et que cela aurait été encore pire sans l’intervention de l’Assemblée nationale. Ce n’était pas faire l’honneur à la cause indépendantiste de l’invoquer pour justifier la condamnation d’un homme sans même l’entendre.

Même après le départ de M. Bouchard, le PQ a toujours semblé moins soucieux de réparer le tort causé à un vieux militant que d’éviter d’être entraîné dans un débat dont les libéraux pourraient profiter pour lui faire un procès par association.

En décembre 2010, Amir Khadir avait voulu déposer une motion par laquelle l’Assemblée nationale aurait reconnu l’erreur qu’elle avait commise. Les libéraux étaient prêts à en débattre. Jean-Marc Fournier, alors ministre de la Justice, se promettait bien de dénoncer « les vieux démons du nationalisme ethnique » qui hantaient toujours le PQ. Ce dernier avait finalement jugé préférable de s’opposer à présentation de la motion.

L’organisme Solidarité Yves Michaud voudrait maintenant que Pierre Karl Péladeau reprenne la cause à son compte. Dans sa préface du livre que Jacques Lanctôt a consacré à ce « diable d’homme », le chef du PQ écrivait qu’il avait été condamné « au mépris des règles élémentaires de la justice ». S’il estime nécessaire que le règlement de l’Assemblée soit modifié pour éviter qu’une telle ignominie se reproduise, M. Péladeau n’est cependant pas décidé à demander que des excuses soient présentées à M. Michaud.
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