Université Concordia - Coûteux et douteux

Concordia - université sous enquête



Deux millions de dollars. C'est le total des montants versés en guise d'indemnité de départ aux deux derniers recteurs de l'Université Concordia, salaires non calculés! À Claude Lajeunesse, le conseil d'administration a montré la porte en 2007, en plein cœur de son mandat. La principale Judith Woodsworth vient de subir exactement le même sort: l'université invoque des «raisons personnelles» pour expliquer son retrait à mi-mandat. Madame soutient plutôt qu'on lui a demandé de se retirer.
Cette crise de leadership — une autre! — coûte démesurément cher, et en plus, on ne sait pas trop pourquoi on paie. La tourmente écorche une fois de plus la gouvernance des universités, déjà mise à mal par des scandales d'autre nature, notamment immobilière, ceux-là aussi renvoyés dans la cour des contribuables. Ils paient une somme démesurée pour éponger les querelles internes à l'université.
Aux deux millions versés aux recteurs déchus s'ajoutent des montants inconnus offerts à au moins cinq membres de la haute direction qui ont aussi quitté le navire Concordia dans des circonstances énigmatiques. Des sources à l'université parlent d'un climat «pourri». Des gens ont peur de parler — peut-être même les deux principaux intéressés, dont on a payé beaucoup trop cher un apparent silence...
Concordia offre des miettes en guise d'explications. Le président du conseil d'administration, Peter Kruyt, se tient coi. C'est une fermeture inacceptable. La reddition de comptes dont se vantent les directions universitaires, qui rechignent à la seule idée d'un contrôle plus imposant dans la gestion de leurs affaires, ne doit pas faire l'objet seulement de beaux discours.
Fort heureusement, comme Le Devoir l'évoque aujourd'hui, le cabinet de la ministre de l'Éducation Line Beauchamp étire le bras jusqu'à Concordia pour savoir de quoi au juste il en retourne. Il s'agit d'un pas politique élémentaire. Il faut connaître la suite.
Ce geste politique s'accorde parfaitement avec la volonté de la prédécesseure de Mme Beauchamp, Michelle Courchesne, d'encadrer davantage les universités — et les collèges d'ailleurs. Les projets de loi 38 et 44, qui militaient en faveur d'une gouvernance plus serrée des établissements d'enseignement supérieur, dans la foulée du fiasco UQAM notamment, sont malheureusement en sursis, et on ne sait pas ce que l'avenir leur réserve.
La déconvenue de Concordia, qui ne sent pas très bon, doit convaincre les parlementaires de la nécessité de ces projets de loi, qui prévoyaient la mise en place d'un comité d'éthique et de gouvernance dans chacune des universités et la révision de la composition des conseils d'administration. Il est urgent qu'on s'y replonge.
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machouinard@ledevoir.com


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