François Crépeau, Professeur de droit international à l'Université de Montréal
_ Georges Lebel, Professeur de sciences juridiques à l'UQAM
_ Céline Saint-Pierre, Sociologue
_ René Charest, Secrétaire général du Conseil central du Montréal métropolitain (CSN)
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Libre-Opinion - La crise s'aggrave de façon dramatique dans les territoires palestiniens de Gaza et de Cisjordanie. Gaza est totalement encerclé et les bombardements qui ont commencé, dont ceux de la centrale électrique et de ponts, auront des conséquences catastrophiques pour cette population déjà fort éprouvée par la répression israélienne et prolongeront encore l'impasse causée par la consolidation de l'occupation israélienne.
Nous croyons qu'il y a moyen de sortir de l'impasse et que le Canada pourrait jouer un rôle positif s'il le voulait. Il lui faudrait d'abord réaffirmer les principes du droit international, dont celui qui interdit l'annexion de territoires par la force militaire, puis faire pression sur le gouvernement israélien pour que cessent les violences exercées contre la population civile.
Depuis le début du mois, 94 Palestiniens (dont 31 femmes et enfants) ont été tués lors de diverses opérations de l'armée israélienne. Le massacre, le 9 juin, d'une famille qui pique-niquait sur une plage de Gaza a suscité un vif émoi dans la population palestinienne. Par ailleurs, la suspension des programmes d'aide de plusieurs pays donateurs a considérablement aggravé la pauvreté. La majorité des habitants de Gaza survit à peine grâce à l'aide alimentaire de l'ONU. Les incidents d'il y a une semaine, lors desquels des combattants palestiniens ont attaqué un poste de l'armée d'occupation, doivent être lus à la lumière de ce contexte.
Ces violences ont une cause centrale : le désir des autorités israéliennes de maintenir leur mainmise sur les territoires palestiniens en écrasant toute force politique qui demande la fin de l'occupation, que ce soit par des méthodes pacifiques ou non. Le gouvernement israélien a récemment réaffirmé son intention d'annexer une proportion importante des territoires occupés, en violation du droit international, et aménage le terrain occupé en conséquence. Le Canada ne dit rien, se mettant ainsi en contradiction avec les règles du droit international et avec les principes affichés de sa propre politique, qui affirme l'illégalité de l'annexion éventuelle des territoires palestiniens par Israël.
L'impasse politique
Bien avant la victoire électorale du Hamas, en janvier dernier, le gouvernement israélien, sous Ariel Sharon puis Éhoud Olmert, avait décidé d'agir unilatéralement afin de rendre permanente l'occupation de portions importantes du territoire palestinien. En se retirant de l'intérieur de Gaza (tout en l'encerclant et en l'étouffant économiquement), le gouvernement israélien entend consolider l'occupation de la Cisjordanie en annexant illégalement une partie importante du territoire et en transformant les territoires palestiniens en enclaves déconnectées les unes des autres. Ce plan est en contradiction avec les accords d'Oslo ainsi qu'avec la Feuille de route du Quartette. Il est inacceptable pour les Palestiniens car il mettrait fin au projet de constituer un État palestinien indépendant et viable en Cisjordanie et à Gaza (qui ne représenterait de toute façon que 22 % de la Palestine historique) en situation de coexistence pacifique avec l'État d'Israël.
Malheureusement, le plan Olmert est soutenu explicitement par les États-Unis et tacitement par le Canada. Les autres acteurs politiques importants, tels l'Union européenne et les pays arabes, ne semblent pas être en mesure de forcer la relance d'un processus de paix visant la fin de l'occupation.
Dans ce contexte, il est urgent que le Canada et d'autres acteurs internationaux tentent d'arrêter cette dérive. À court terme, il faut faire pression pour que l'armée israélienne mette un terme immédiat à ses attaques contre Gaza. Il faut aussi réaffirmer que la solution du conflit passe par la mise en oeuvre des principes du droit international plutôt que par la force brute appuyée politiquement par les puissances occidentales. Le Canada doit jouer un rôle international qui vise une paix juste plutôt que l'appui à une occupation armée.
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Maria-Luisa Monreal, Directrice générale de l'AQOCI
Pierre Beaudet, chercheur à Alternatives
Rachad Antonius, professeur de sociologie à l'UQAM
Diane Lamoureux, professeure au département
de science politique de l'Université Laval
Anne Latendresse, professeure au département
de géographie de l'UQAM
Mounir Samy, médecin spécialiste
Naima Bendriss, chercheure associée au CRIEC
Cynthia De Petrillo, Solidarité pour les droits humains
des Palestiniens (SPHR)
Raymond Legault, objection de conscience
Danièle Ouanès, traductrice et poète
Rezeq Faraj, auteur
Yolande Geadah, auteure
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