Le dirigeant catalan a laissé entendre qu'il allait déclarer l'indépendance si Madrid refusait une médiation à l'approche de la cruciale séance parlementaire du 10 octobre. Une démarche unilatérale qui pourrait coûter à la région son autonomie.
«Nous avons ouvert la porte à la médiation, nous avons dit "oui" à toutes les possibilités de médiation qui nous ont été présentées. Les jours passent et si l'Etat espagnol ne répond pas de manière positive, nous, nous ferons ce que nous sommes venus faire», a déclaré Carles Puigdemont, le dirigeant sécessionniste de la Catalogne, dans un entretien avec la télévision publique catalane diffusé le 8 septembre au soir.
Soufflant le chaud et le froid, il avait déjà auparavant promis d'aller de l'avant si le gouvernement du conservateur Mariano Rajoy n'acceptait pas de négocier un référendum légal, ce que ce dernier n'envisage dans aucun cas de figure.
De son côté, le 8 octobre, Mariano Rajoy, dans un entretien avec le quotidien El Pais, a demandé que «la menace de déclaration d'indépendance soit retirée le plus rapidement possible».
Et dans le cas contraire ? «Je n'écarte rien», a-t-il répondu au journal qui l'interrogeait sur l'application de l'article 155 de la Constitution permettant de retirer son autonomie à la région.
Mais cette volonté d'indépendance qui va crescendo depuis plusieurs années, divise l'Espagne et la Catalogne elle-même. «Prou! Recuperem el seny» (Assez! Retrouvons la raison), ont clamé le 9 octobre les opposants à cette sécession, qui représentent près de la moitié des quelque 7,5 millions d'habitants de cette région du nord-est de l'Espagne, grande comme la Belgique.
Selon les organisateurs, ils étaient près d'un million et selon la police municipale, 350 000. Des Catalans et des Espagnols venus du reste du pays ont déferlé dans le centre de Barcelone pour défendre «l'unité de l'Espagne», à l'issue d'une semaine d'émotion et d'angoisse dans tout le pays.
Le 1er octobre a eu lieu en Catalogne un référendum d'autodétermination interdit, marqué par des violences policières lorsque les forces de l'ordre dépêchées par Madrid ont tenté de l'empêcher dans une centaine de bureaux de vote. Des images montrant des policiers matraquant des Catalans pacifiques ont choqué l'opinion.
Les séparatistes catalans estiment avoir remporté ce scrutin boycotté par leurs opposants avec 90% des voix et un taux de participation de 43%. Assez, disent-ils, pour déclarer l'indépendance. Tous s'attendent à ce que cette déclaration, si elle intervient, se produise lors d'une séance au parlement catalan où le président indépendantiste catalan Carles Puigdemont doit s'exprimer, le 10 octobre au soir.
Une éventualité qui semble crédible aux yeux d'une quinzaine de grandes sociétés, dont deux grandes banques qui ont décidé le 5 octobre de transférer leur siège social hors de Catalogne.
En dépit de l'essor de l'indépendantisme dans la région, celui-ci n'a en réalité obtenu que 47,8 % des suffrages lors des dernières élections, en 2015, les partis favorables à un maintien en Espagne ayant eu plus de voix.
Mais les indépendantistes sont majoritaires au Parlement catalan, avec 72 députés sur 135, en raison d'un système de pondération des voix visant à favoriser les zones rurales.