GUERRE CULTURELLE

10 statues qui ne font pas l’unanimité dans la province

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Québecor fait l'apologie de la purge mémorielle


Figures incontournables de notre histoire ou personnages indignes ? Le Québec compte plusieurs monuments contestés, dont certains ont déjà été la cible de militants.


Le Journal a parlé à des historiens pour dresser la liste de ceux qui demeurent particulièrement polémiques à notre époque.  


Mais retirer une statue ne changera pas le passé, insiste Michael Rice. « Je ne crois pas que ça soit utile pour l’enseignement de l’histoire ou la discussion d’enjeux controversés. Il faut accepter ces personnages historiques, avec leurs bons et leurs mauvais côtés », dit le professeur d’histoire au secondaire d’origine autochtone.






Paul de Chomedey  


Place d’Armes, Montréal





Photo Pierre-Paul Poulin




« Au cours de la bataille, [...] Paul de Chomedey, sieur de Maisonneuve, tua le chef indien de ses propres mains », indiquait jusqu’en 2018 une plaque près du monument en l’honneur de l’un des fondateurs de la ville de Montréal. Elle a été remplacée depuis. De plus, une deuxième plaque en mohawk, en français et en anglais aborde maintenant l’épisode du point de vue autochtone grâce aux efforts de l’enseignant en histoire originaire de la réserve Kahnawake Michael Rice.  


Horatio Nelson  


Place Jacques-Cartier, Montréal





Photo Pierre-Paul Poulin





L’amiral Nelson est un héros de la marine britannique pour certains... et un suprémaciste blanc pro-esclavage pour d’autres. La colonne érigée en son honneur a failli être dynamitée par un petit groupe de militants nationalistes en 1893, qui y voyaient aussi le symbole de l’impérialisme britannique, rappelle l’enseignant d’histoire au collège militaire de Saint-Jean Charles-Philippe Courtois. En réplique, la statue d’un officier français de la marine, Jean Vauquelin, lui fait face depuis les années 1960.  


Guerre des Boers   


Cercle de la Garnison, Québec





Photo Simon Clark




Onze soldats québécois sont décédés pendant la guerre des Boers, le premier conflit international auquel le Canada a participé. « Ce n’est peut-être pas bête de dire que cette guerre était plutôt une invasion » de la Grande-Bretagne aidée de ses dominions, selon l’historien Denis Angers. Il s’agit d’une guerre en Afrique du Sud « pas très propre » où des milliers de gens ont été enfermés dans des camps de concentration. Une sculpture à la mémoire des héros de la guerre de Boers a aussi été inaugurée en 1907 au square Dorchester, à Montréal. 


Christophe Colomb  


Parc de Turin, Montréal





Photo Ben Pelosse




Des monuments à l’effigie de Christophe Colomb ont été dégradés en juin aux États-Unis. Sa statue a été décapitée à Boston, taguée en rouge à Miami, jetée dans un lac à Richmond, en Virginie. Tous les explorateurs et les conquérants européens peuvent devenir des objets de controverse, comme Colomb l’est déjà, explique Éric Bédard, professeur à l’université TÉLUQ. Le navigateur italien, longtemps présenté comme le « découvreur de l’Amérique », est désormais souvent considéré comme une des figures du génocide des Amérindiens. 


Reine Victoria  


Square Victoria, Montréal





Photo Pierre-Paul Poulin




En 2018 puis en 2019, des statues de la reine Victoria ont été vandalisées par des militants anti-impérialistes ou anarchistes à Montréal. Ce n’est pas tant sa personne qui en fait une cible, mais le symbole qu’elle incarne, celui d’une « Grande-Bretagne arrogante et convaincue de sa supériorité », explique le professeur Éric Bédard. En fait, tous les symboles de l’impérialisme britannique sont susceptibles d’être contestés, abonde Harold Bérubé, professeur à l’Université de Sherbrooke.  


James Wolfe  


Plaines d’Abraham, Québec





Photo Simon Clark




Le monument de James Wolfe, vainqueur de la bataille des plaines d’Abraham, a été vandalisé à maintes reprises, entre autres par le Front de libération du Québec. L’historien Denis Vaugeois tient à la colonne du général britannique, mais souligne qu’il y a un procès à faire au legs de Wolfe. « On peut rétablir les faits. Est-ce que les incendies des villages de la Rive-Sud [pendant la Conquête], c’était nécessaire ? », illustre-t-il.  


George-Étienne Cartier   


Parc du Mont-Royal, Montréal





Photo Pierre-Paul Poulin




Le personnage de George-Étienne Cartier est indissociable de celui de John A. Macdonald, dont la statue a été vandalisée samedi, indique Harold Bérubé, professeur à l’Université de Sherbrooke. Il est l’un des Pères de la Confédération canadienne et il a été le principal lieutenant de Macdonald. Il l’a même souvent remplacé comme premier ministre et comme chef du gouvernement à la Chambre des communes.   


Sir Wilfrid Laurier   


Square Dorchester





Photo Pierre-Paul Poulin




Sir Wilfrid Laurier, premier francophone à diriger le Canada, de 1896 à 1911, est généralement connu comme un « bon gars », un symbole de tolérance. « Moi-même, c’est comme ça que je le présente », avoue le professeur Harold Bérubé. Il a notamment tenté de trouver des compromis pour concilier les deux solitudes. En revanche, on lui reproche d’avoir prolongé les politiques de John A. Macdonald qui ont alimenté le génocide culturel des Autochtones.   


Dollard des Ormeaux  


Parc La Fontaine, Montréal





Photo Ben Pelosse




Peut-on considérer Dollard des Ormeaux comme un héros emblématique de la Nouvelle-France ? Faudrait-il célébrer son combat contre une armée iroquoise en 1660, qu’il a mené aux côtés de Hurons, de Français et d’Algonquins ? « Il y a différentes controverses à son sujet », souligne le professeur d’histoire Charles-Philippe Courtois. En juin dernier, le monument a été vandalisé dans ce qui se voulait une action « anticolonialiste » d’un groupuscule obscur.  


James McGill  


Université McGill, Montréal





Photo Ben Pelosse




Plus de 5000 personnes ont signé une pétition demandant de remplacer la statue de James McGill, fondateur de l’université du même nom, par un arbre. « James McGill était un propriétaire d’esclaves qui s’est servi de sa richesse, basée sur leur exploitation, pour fonder l’Université McGill », écrit l’étudiante Hannah Wallace, à l’origine de la pétition.  



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