GUERRE CULTURELLE

Viktor Orban appelle les conservateurs du monde entier à s’unir pour gagner « la guerre culturelle »

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Orban prône logiquement une baisse de l'immigration et une hausse de la natalité

Le Premier ministre hongrois chaudement applaudi après un discours prononcé au Texas, c’est assurément un événement qui n’a pas dû se produire si souvent. Viktor Orban était l’invité, jeudi 4 août, de la Conservative Political Action Conference — une réunion des conservateurs américains, organisée tous les ans depuis 1974. Le chef d’État européen y a prononcé une allocution remarquée, rapporte La Dernière Heure belge, au cours de laquelle il a appelé les conservateurs du monde entier à s’unir.


« Nous devons coordonner le mouvement de nos troupes, parce que nous faisons face au même défi », a déclaré Viktor Orban devant une foule conquise, appelant les forces conservatrices à « reprendre le contrôle des institutions » de Washington à Bruxelles. « Je suis ici pour vous dire que nous devons unir nos forces », a-t-il encore martelé, invitant les organisations politiques de droite du monde entier à « créer leurs propres règles ». Le tout dans un seul objectif : remporter « la guerre culturelle » initiée par la gauche.


Défendre les racines chrétiennes de l’Occident


« Les progressistes d’aujourd’hui tentent de séparer la civilisation occidentale de ses racines chrétiennes », a encore estimé le chef d’État magyar, qui n’a cessé de faire du christianisme la base de son action politique et de la civilisation qu’il entend défendre. « Les horreurs du nazisme et du communisme se sont produites parce que certains États occidentaux avaient abandonné leurs valeurs chrétiennes », a-t-il par exemple déclaré. Assurément de quoi séduire les conservateurs américains avant la prise de parole de Donald Trump, attendue dimanche prochain.


Rejet de la société multiethnique


Auparavant, dans un discours prononcé samedi 23 juillet en Transylvanie roumaine où vit une importante communauté hongroise, Viktor Orban avait tenu des propos qui avaient créé une vive polémique dans les médias de grand chemin français. En effet, comme le rappelle Le Monde, le président hongrois avait rejeté la vision d’une société « multiethnique » mélangée à des « non-Européens » : « Nous ne voulons pas être une race mixte », avait-il alors déclaré. En déplacement à Vienne le jeudi 28 juillet, Viktor Orban était revenu sur sa prise de parole et maintenu sa déclaration. « En Hongrie, ces expressions et phrases représentent un point de vue culturel, civilisationnel », a-t-il affirmé lors d’une conférence de presse dans la capitale autrichienne. Le dirigeant a aussi expliqué qu’il arrivait « parfois » qu’il parle « d’une manière qui peut être mal comprise » et assuré que son gouvernement appliquait une « tolérance zéro » quant au « racisme » et à « l’antisémitisme ».


Un combat commun avec l’Autriche


Malgré le tollé qui a retenti dans les médias, Viktor Orban est néanmoins resté droit dans ses bottes. Des survivants de l’Holocauste juif et de la communauté juive s’étaient notamment indignés et avaient appelé l’Union européenne à prendre ses distances avec le dirigeant nationaliste de 59 ans. Quant à son homologue autrichien Karl Nehammer, il a rappelé lors de la conférence de presse condamner « fermement toute forme de racisme et d’antisémitisme » et avoir abordé ce sujet « en toute franchise » avec Viktor Orban. Karl Nehammer a conclu en insistant sur ses points communs avec le dirigeant hongrois au sujet de l’immigration subie par les deux pays. « Nous voulons combattre ensemble », a-t-il déclaré.


Deux priorités : hausse de la natalité et baisse de l’immigration


Dans son discours annuel à Tusvanyos, Viktor Orban a insisté sur la question identitaire.


Le taux de fécondité de la Hongrie est en dessous du seuil de renouvellement. Il y a eu une amélioration de la natalité entre 2010 et 2020, depuis le Covid ce taux est en recul. Un peuple qui ne peut se renouveler biologiquement renonce à son droit à vivre. Si les Hongrois courent le risque d’être évincés du bassin des Carpates, la première cause en sera démographique. D’où le maintien des politiques natalistes et de l’orientation « pro-famille » du gouvernement hongrois.


Deuxième défi pour Viktor Orban : l’immigration. Le Premier ministre hongrois assume le terme de remplacement et lui adjoint celui de submersion. La première cause est spirituelle et Orban conseilla à son public la lecture du Camp des Saints de Jean Raspail. Face à l’immigration de peuplement qui caractérise l’Europe de l’Ouest depuis 50 ans, le Premier ministre hongrois épingle « les évolutions spirituelles qui expliquent l’incapacité de l’Occident à se défendre ».


Dans les pays de l’Ouest, « un conglomérat de peuples » se serait substitué aux nations. Les lois de la démographie donneront la mesure du bouleversement vers 2050. La Hongrie veut suivre une autre voie que ce « Post-Occident ». Que chacun suive sa voie. L’Europe centrale refuse le prosélytisme « diversitaire » de l’Ouest alors que celui-ci ne peut tolérer qu’une autre voie soit possible ou légitime.


Orban infirme par là l’argument de la gauche occidentale selon lequel il n’y a en Europe que des peuples métis. Il distingue le monde européen fait d’incessants échanges régionaux et le mélange révolutionnaire auquel sont livrées actuellement les populations de l’Ouest.


La Hongrie revendique la diversité (européenne) inhérente à l’Europe centrale : « nous sommes simplement un mélange de peuples vivant dans notre propre patrie européenne ». Orban entend respecter la continuité historique de l’Europe centrale, aux antipodes d’une obsession abstraite ou d’une idéologie identitaire. Il s’agit de refuser un nouveau fléau idéologique venu de l’Ouest : l’idéologie « diversitaire » qui cherche à abattre l’ordre antérieur au nom du Progrès. Ainsi Viktor Orban défend une logique de continuité, de transmission et de fidélité à l’égard de la civilisation dont nous sommes héritiers.