HISTOIRE

La lutte contre la pédocriminalité, instrumentalisée pour attaquer l’Église ?

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Les chiffres de la pédocriminilatié des prêtres ont été gonflés

Par Paul Deheuvels, statisticien français, membre de l’Académie des sciences et responsable du Libre-Journal des Sciences et des Techniques sur Radio-Courtoisie ♦ Les sociétés traditionnelles considéraient la pédophilie comme un tabou dont on évitait de parler. La situation a changé depuis 1968. Depuis cette date la pédophile a été triplement instrumentalisée :

– Banalisée d’abord, au nom de la libération sexuelle des enfants et dans le but de détruire la famille ; telle fut la ligne de Charlie Hebdo, Libération  et « Dany » Cohn-Bendit.

– Criminalisée ensuite, pour tenter de justifier les atteintes à la liberté d’expression sur internet.

– Et enfin comme arme de destruction d’institutions traditionnelles comme l’Église, convoquée au banc des accusés.

Dans son livre Le rapport Sauvé : une manipulation ?, le Père Michel Viot revient sur le rapport Sauvé, dernière manipulation en date réalisée à coup de chiffres extravagants comme le rappelle Paul Deheuvels, agrégé de mathématiques et professeur de statistique, dans une préface que nous portons à la connaissance de nos lecteurs. Condamner la pédocriminalité, c’est bien. Raconter n’importe quoi pour nuire aux institutions traditionnelles, c’est moins bien.

Polémia 



Le rapport Sauvé : une manipulation ? – Préface de Paul Deheuvels


J’ai appris l’existence du « rapport Sauvé » fin 2021, en lisant dans Le Figaro une tribune, cosignée par un collectif de huit membres de l’Académie catholique de France, qui émettaient des réserves à son sujet. Les conclusions générales du « rapport Sauvé », largement médiatisées par la suite, m’ont paru extravagantes.

Il y aurait eu rien moins que 216 000 personnes abusées sexuellement en France par des prêtres, religieux ou religieuses de 1950 à 2020, auxquelles se rajouteraient 114 000 autres victimes de personnes en lien avec l’Église catholique.

Comment était-il possible d’obtenir un tel contingent de victimes, alors que le nombre de prêtres et religieux abuseurs a été « évalué » à 3 000 ?


Ce problème a stimulé mon intérêt, et j’ai immédiatement contacté à ce sujet le Père Armogathe, cosignataire de la tribune du Figaro, et que je connaissais de longue date. Il m’a communiqué le site internet permettant de télécharger l’intégralité du « rapport Sauvé », et je me suis lancé dans son analyse.

Mon but était simple : d’où venaient les chiffres, présentés comme irréfutables, de 216 000 et 330 000 victimes ?

La lecture des 2 500 pa­ges du « rapport Sauvé » et de ses annexes fut une tâche des plus rebutantes.

Au bout de mes investigations, je finis par découvrir, caché au milieu d’un fourre-tout invraisemblable, que l’origine de ces estimations venait d’un sondage établi par l’Inserm[1], à partir d’un panel commercial de personnes interrogées par internet, et reposant sur un tout petit nombre de témoignages.

Je savais très bien qu’un tel sondage, faisant l’objet de redressements par la méthode dite des quotas, était susceptible d’être fortement biaisé, d’autant plus qu’il aboutissait, dans le cas présent, à l’évaluation de très faibles pourcentages. À titre d’exemple, il relevait 0,17 % de femmes abusées, et 0,69 % d’hommes abusés (par des prêtres et autres religieux). Je passe sur le fait que ces chiffres étaient censés être représentatifs des pourcentages de victimes de 1950 à 2020, dont la plupart étaient très loin d’internet.

J’ai été stupéfait par la multitude d’approxi­mations et d’erreurs méthodologiques présentes dans ce sondage, et en ai tiré la conclusion générale qu’il manquait de crédibilité.

Curieusement, le « rapport Sauvé » mentionnait dans ses annexes l’exis­tence d’autres estimations du nombre de victimes, issues d’une étude de l’EPHE[2]. Or, celles-ci aboutissaient à des chiffres (eux-mêmes déjà extrapolés, il est fondamental de le préciser) bien inférieurs à ceux de l’Inserm, dans la proportion de 1 à 10. C’est alors que m’est apparue l’évidence de la partialité du « rapport Sauvé », qui a choisi d’ignorer l’étude de l’EPHE pour se con­centrer dans les chiffrages extravagants du sondage de l’Inserm.


La lecture complète du « rapport Sauvé » et de ses annexes est édifiante. Tout au long de ses indigestes 2 500 pages, transparaît une hostilité sourde à l’égard de l’Église. Comment est-ce possible ? Ce rapport est le fruit du travail de la CIASE[3], établi à la demande de la CEF[4], au prix d’un financement de trois millions d’euros.

J’ouvre une parenthèse. Au cours de cinquante années de vie scientifique, j’ai constaté que les journaux spécialisés contenant dans leur titre l’adjectif « international », du type International Journal of…, étaient souvent de piètre qualité vis-à-vis de ceux qui ne revendiquaient pas leur caractère « international ». Je pense que la qualification de « commission indépendante » pour la CIASE est, de même, un signe négatif.

Indépendante de quoi, lorsqu’elle est financée intégralement par la CEF ? N’aurait-il pas été plus honnête de retirer l’adjectif « indépendant », qui constitue, en vérité, un simple paravent destiné à camoufler des objectifs inavouables ?

À qui profite le crime d’assommer l’Église en lui attribuant de manière aussi hasardeuse un tel nombre de victimes sexuelles ? Des criminels, il y en a partout, et l’Église ne fait malheureusement pas exception. Par exemple, les 850 000 pro­fesseurs de l’Éducation nationale engendrent, chaque année, une trentaine d’abuseurs sexuels identifiés. Ces derniers sont jugés, condamnés et révoqués. On n’arrivera jamais à réduire leur nombre à zéro.

Qu’il y ait dans l’Église un petit nombre de « brebis galeuses », c’est inévitable, même si tout doit être fait pour les éloigner de l’enfance. Par contre, 330 000 victimes en soixante-dix ans, c’est une autre échelle de criminalité. C’est précisément là où repose le problème et c’est cette « supposée » prévalence qui a permis au raz-de-marée médiatique de se mettre en place.


Qu’y a-t-il derrière le « rapport Sauvé », et quelles sont les motivations de ce qui apparaît comme une véritable manipulation ? C’est l’objet de l’étude du Père Michel Viot et de Yohan Picquart. Au prix d’une analyse remarquablement documentée, ces auteurs révèlent le mécanisme pernicieux qui sous-tend les travaux de la CIASE. C’est bien dommage qu’on en soit arrivé là. Qu’est-ce que la vérité ? Il convient de la chercher en suivant le chemin étroit de l’objectivité. Lorsqu’on s’écarte tant soit peu de cette voie, on agit en pure perte.


Paul Deheuvels

02/06/2022


[1] Inserm : Institut national de la santé et de la recherche médicale.

[2] EPHE : École pratique des hautes études.

[3] CIASE : Commission indépendante sur les abus sexuels dans l’Église.

[4] CEF : Conférence des évêques de France.


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