A Dijon, pendant que la police interpelle, les communautés palabrent

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On offre des moutons pour assurer la paix sociale... en France !!!

Cinq membres de la communauté tchétchène ont été interpellés tôt dans la matinée ce jeudi 18 juin dans à plusieurs points de l'Hexagone, et notamment à Dijon, à la suite des violences survenues récemment dans la capitale bourguignonne. "Six objectifs" étaient visés à travers la France, tous dans la communauté tchétchène, selon une source proche de l'enquête citée par l'AFP, sans que le résultat de ces interpellations soit encore connu. Ces arrestations, menées par le RAID et la BRI, ont notamment été réalisées à Dijon et Besançon.


Dans la nuit du 17 au 18 juin, le plus grand calme règne au cœur des Grésilles. Le contraste est saisissant après quatre jours de violence, marqués par les feux de voitures et de poubelles qui ont suivi les inédits défilés de Tchétchènes venus montrer leurs muscles et leurs barres de fer suite à la violente agression de l’un des leurs, survenue jeudi dernier.


Il faut dire que des renforts de police occupent le terrain : pas moins d’une dizaine de cars de CRS étaient stationnés entre la place Galilée et la rue René Seguin, dans un périmètre encore récemment en proie au chaos. Un retour à la normale ? Pas sûr : "La nuit commence à peine", glisse un policier à Marianne. Entre eux et nous, c’est comme un jeu…" Pourtant, le constat est identique à Chenôve, cette autre banlieue dijonnaise qui s’était également enflammée. Il y a peu, des jeunes gens armés se filmaient en train de tirer sur des caméras de vidéo-surveillance, diffusant le tout sur Snapchat. Mais ici aussi, des fourgons de CRS patrouillent dans des rues quasiment désertes. La veille, un hélicoptère de la gendarmerie a survolé la zone jusqu'à deux heures du matin, et des barrages avaient été mis en place. Les contrôles s'étant multipliés, "ceux qui foutent le bordel ne peuvent plus vraiment bouger", comme le constate un habitant.


Au-delà du déploiement policier, certains voudraient voir dans ce cessez-le-feu la conséquence directe de l’appel à l’apaisement aux airs d’armistice, lancé 24 heures plus tôt depuis la mosquée de la Fraternité, en périphérie de la ville. "Les policiers jouent leur rôle, et nous autres, nous accomplissons notre devoir civique", estime l’imam Mohammed Ateb, représentant régional de Musulmans de France (ex UOIF), proche des Frères musulman et acteur-clé d’une réunion co-animée par son homologue, l’imam Mohammed El Mjidi, venu de Dole et représentant de la communauté tchétchène. "C’est un devoir civique et même religieux de participer à l’apaisement en cas de différents, de répandre l’entente et la fraternité citoyenne et d’œuvrer pour la cohésion et l’unité nationale", martèle Mohammed Ateb dans un communiqué diffusé sur sa page Facebook au nom de la Jeunesse musulmane de France en Bourgogne, que préside ce professeur en retraite. Reste que les clauses de cette pacification, dont Mohammed Ateb assure n’avoir pas connaissance, serait selon nos informations plus concrètes que ses belles paroles.


Plusieurs sources assurent que les trois agresseurs du jeune I., âgés de 14 à 18 ans, ne viennent pas des Grésilles, mais de Quetigny. Hasard ou non, c’est précisément dans cette banlieue qu’ont eu lieu les pourparlers révélés par Marianne. Promesse aurait ainsi été faite aux Tchétchènes décidés à en découdre que les coupables, pour l’heure introuvables, seraient punis. Comment et par qui ? Mystère. De leur côté, les Tchétchènes auraient tenu à s’excuser des troubles qui ont défrayé la chronique… en offrant symboliquement trois moutons. "Ce geste, qui ne m’a pas été confirmé, était peut-être destiné à des familles dans le besoin", suppose l’imam Mohammed Ateb, néanmoins perplexe. En marge de la réunion à laquelle Marianne a assisté, il a bien été discrètement question d’un tel présent, conçu comme une marque d’apaisement dans le cadre des prochaines célébrations de l’Aïd el-Kébir.


Suivie d’effets ou non, l’initiative des pourparlers de la mosquée n’a pas plu à tout le monde. "Pourquoi faut-il que ce soit encore et toujours l’islam qui se retrouve placé au cœur d’une affaire dans laquelle il ne saurait en être question ?", s’indigne un éducateur qui a grandi et vit toujours aux Grésilles. On est beaucoup à en avoir marre d’être essentialisés de la sorte, ramenés à nos origines ou à une religion, alors que nous sommes Français depuis au moins trois générations !"


Alors que la dimension communautaire de ces affrontements suscitait bien des débats après la parution de notre article, certains, comme l'imam Ateb, ne voient pas le problème et tentent d'évacuer l'épineuse question : "Je réfute toute approche communautariste", précise notre interlocuteur. D’ailleurs, les Tchétchènes eux-mêmes assurent qu’il n’a jamais été question d’un affrontement fondé sur une quelconque appartenance communautaire." Reste que c’est bien dans l’enceinte d’une mosquée que ces voix qui portent se sont réunies.