Réplique

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[Dans leur réaction à la lecture que je fais de leur livre, Robert Lacroix et Louis Maheu->33448] me reprochent d'avoir omis des aspects importants de leur ouvrage et, pour tout dire, d'avoir rendu une «mauvaise copie d'élève».
C'est qu'en 800 mots, il faut aller à l'essentiel. Je n'ai pas dit, par exemple, tout le bien que je pense du livre de mes collègues, qui jette un éclairage inédit sur un épisode révélateur de la vie politique québécoise.
Mais cet épisode est fascinant justement parce qu'il met en scène des visions opposées quant à l'édification d'un nouveau centre hospitalier universitaire à Montréal, visions qui divisent tant les experts et les praticiens que les acteurs sociaux et politiques. Or, si R. Lacroix et L. Maheu consacrent beaucoup de temps à démonter les arguments techniques de leurs adversaires, ils se perdent finalement en conjectures pour rendre compte de choix qui ne sont pas les leurs, et ils ramènent ultimement ceux-ci à des questions d'idéologie et d'arbitraire.
Dans un débat devenu politique, écrivent-ils, et «ouvert, même, à bien des divagations idéologiques, l'évidence et le bon sens n'arrivaient pas à se frayer un chemin dans la prise de décision». R. Lacroix et L. Maheu suggèrent même, un peu par dépit, que ce phénomène reflète peut-être une incapacité de prendre les bonnes décisions propre aux Québécois francophones.
Méfiance
Je n'ai pas été partie prenante à ce dossier. Mais, comme politologue, je me méfie des experts qui affirment qu'à chaque problème social correspond une solution évidente et unique, que seules l'idéologie et la mauvaise foi empêchent de voir. L'aéroport de Mirabel et le parc Forillon, par exemple, ont été conçus par des experts, à une époque où les citoyens concernés n'avaient pas vraiment voix au chapitre.
Aujourd'hui, la vie démocratique est plus exigeante, et nous savons qu'à chaque problème correspondent plusieurs réponses possibles, qu'il s'agisse d'un centre hospitalier, d'une autoroute en milieu urbain ou de l'exploitation des gaz de schiste. Pour avancer dans ce contexte, il ne suffit donc pas d'affirmer que les autres ont tout faux ou que, mauvais élèves, ils n'ont rien compris. Il faut accepter d'engager le débat en prenant au sérieux et en intégrant les préoccupations et les objectifs de chacun.
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Alain Noël - Professeur de science politique à l'Université de Montréal


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