À votre tour, Monsieur Bachand!

Harmonisation des taxes TPS-TVQ


(Québec) Les gouvernements évitent de négocier en public lorsqu'ils sont vraiment à la recherche d'un terrain d'entente. Hier, le ministre fédéral des Finances, Jim Flaherty, a ignoré cette règle et fermé la porte au nez du Québec, qui réclame 2,3 milliards $ pour l'harmonisation de sa taxe de vente avec la TPS.
Dans une lettre adressée aux journaux, le ministre a statué que si le Québec veut une compensation financière similaire à celle accordée à l'Ontario, il devra copier le modèle ontarien. «L'adoption du même modèle que celui de l'Ontario signifierait que la taxe harmonisée serait imposée en vertu de la législation fédérale et administrée par le gouvernement fédéral», tranche M. Flaherty.
En termes clairs, cela équivaut à une fin de non-recevoir, puisque le Québec a déjà dit non aux ambitions fédérales de reprendre la gestion de la taxe de vente sur le territoire québécois. Belle chicane fédérale-provinciale en vue.
C'est Raymond Bachand, le nouveau ministre des Finances, qui héritera de cette pomme de discorde dont le Parti québécois fera ses choux gras dès la rentrée parlementaire la semaine prochaine. M. Bachand a l'expérience des querelles avec Ottawa. L'automne dernier, il a fait la vie dure au ministre conservateur Jean-Pierre Blackburn, qui avait coupé les subventions aux organismes responsables du développement régional au Québec. Mais c'était une querelle entre Québécois. Cette fois, c'est à l'Ontarien Jim Flaherty que Bachand devra se mesurer. Et M. Flaherty, qui tente d'augmenter les chances de Stephen Harper en Ontario en vue des prochaines élections, n'est pas très ouvert aux demandes du Québec. En fait, un peu de Québec bashing au Canada anglais, c'est parfois payant, surtout quand le demandeur, en l'occurrence M. Bachand, est un ancien péquiste...
Quelle sera la stratégie de Raymond Bachand? Une confrontation directe ou la négociation discrète? Après sa querelle de l'automne dernier avec Blackburn, il n'aura pas l'appui des ministres québécois de Stephen Harper. Et après la lettre de Flaherty dans les journaux, il n'aura même pas droit à une vraie discussion sur le sujet.
Bienvenue au ministère des Finances, Monsieur le ministre...
L'ancien directeur général du Parti québécois, Raymond Bréard, reprend du service en politique, cette fois comme conseiller bénévole dans l'équipe de l'adéquiste Christian Lévesque, de Lévis, qui sera candidat à la succession de Mario Dumont. M. Bréard avait démissionné de la direction du PQ en 2002, après une controverse pénible sur ses activités de lobbyiste, qui avait mis Bernard Landry et le PQ dans l'embarras. Chargé de cours à l'Université du Québec, il a expliqué hier qu'il n'avait rien fait de mal, que la loi actuelle sur les lobbyistes n'interdisait pas les activités auxquelles il s'était livré à l'époque, et qu'il n'avait pas l'intention de se cacher.
Admettez quand même qu'il faut aimer la politique pour tenter un retour après une humiliation aussi dure. Les politiciens auront toujours la capacité de m'étonner...
La décision de Christian Lévesque de le recruter dans son équipe est tout aussi surprenante. Il est vrai que M. Bréard jouit d'une expérience gouvernementale précieuse, mais les politiciens ont généralement tendance à se tenir loin des gens qui ont fait l'objet de controverses.
Est-ce de l'audace, de la naïveté ou un pif extraordinaire, de la part du candidat Lévesque? Difficile à dire, mais c'est certainement une recette assurée pour attirer l'attention des médias.
«Parlez-en en bien, parlez-en en mal, mais parlez-en», me direz-vous?
Peut-être, mais pas trop souvent...


Laissez un commentaire



Aucun commentaire trouvé