La pétrolière Suncor se lancera dans le développement d’un important projet d’exploitation de sables bitumineux, le Fort Hills Oil Sands Project. Situé dans le nord-est de l’Alberta, il permettra de produire 3,3 milliards de barils de brut sur une période de 50 ans. Une très mauvaise nouvelle pour le climat, selon Greenpeace.
Après des années de discussions sur ce projet, Suncor — qui possède l’unique raffinerie de Montréal — a annoncé qu’elle investira 13,5 milliards de dollars dans l’exploitation d’un imposant gisement bitumineux, en partenariat avec Total et Teck Resources.
Selon les informations divulguées par Suncor, premier actionnaire dans ce projet, l’exploitation devrait débuter en 2017. Elle devrait atteindre une moyenne de 180 000 barils par jour. Au total, 3,3 milliards de barils de pétrole seront extraits du sol, et ce, sur une période de 50 ans. Cela signifie que la production de ce pétrole pourrait se poursuivre jusqu’en 2067.
L’entreprise Enbridge construira de son côté un pipeline qui servira à transporter l’or noir produit par le Fort Hills Oil Sands Project, situé à 90 kilomètres au nord de Fort McMurray.
«Mauvaise nouvelle»
Greenpeace estime que cette annonce «est une mauvaise nouvelle pour la région, pour les engagements du gouvernement en matière de lutte contre les changements climatiques et pour la planète».
«Les sables bitumineux constituent déjà la source de croissance la plus significative des émissions de gaz à effet de serre au Canada, ce qui garantit que le gouvernement Harper ne s’approchera même pas de ses faibles cibles de réduction des émissions», a ajouté le groupe écologiste par voie de communiqué. Selon Greenpeace, le projet menace aussi des vastes étendues de milieux humides de la région.
Selon des données publiées la semaine dernière, le Canada est loin d’être sur la bonne voie quant à ses cibles de réduction des émissions de gaz à effet de serre pour 2020. Le rapport d’Environnement Canada rendu public jeudi dernier révèle plutôt qu’en 2012, le pays a reculé dans sa tentative d’atteindre ses objectifs de réduction des gaz à effet de serre établis par l’Accord de Copenhague, en 2009.
Même en tenant compte de nouvelles réglementations dans les secteurs pétrolier et gazier — promises depuis longtemps, mais qui se font toujours attendre —, il est peu probable que le Canada puisse atteindre ses objectifs d’ici 2020, conclut le document ministériel.
Le gouvernement fédéral a par ailleurs apparemment décidé de ne plus participer à l’évaluation environnementale des nouveaux projets d’exploitation de sables bitumineux. Une liste de projets dont l’impact sur l’environnement devra nécessairement être évalué par Ottawa, publiée vendredi dernier, n’inclut pas les propositions d’exploitation in situ de sables bitumineux, qui devraient être le type de projet le plus couramment choisi par l’industrie à l’avenir.
Les compagnies pétrolières actives en sol canadien comptent doubler leur production d’ici la fin de la décennie, ce qui la ferait passer à 3,5 millions de barils par jour. L’essentiel de la hausse proviendra des sables bitumineux.
Mais un ancien haut dirigeant de la NASA a déjà fait valoir que le climat planétaire risque de payer le prix de cette production d’énergie fossile. «Si le Canada va de l’avant, et si nous laissons faire, ce sera la fin pour le climat actuel», a affirmé l’an dernier James Hansen, membre du Groupe intergouvernemental d’experts sur l’évolution du climat.
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