Le président des États-Unis, Donald Trump, a prévenu samedi le Congrès américain de ne pas interférer dans ses plans pour conclure un nouvel Accord de libre-échange nord-américain (ALENA) sous peine de le voir annuler complètement l’entente.
Sur Twitter, M. Trump a menacé de «mettre un terme» à l’ALENA si le Congrès refusait de ratifier une entente qui exclut le Canada.
Vendredi, le président américain avait informé le Congrès de son intention de signer dans les 90 jours une nouvelle version de l’ALENA avec le Mexique et avec le Canada si ce dernier acceptait de se joindre à l’accord.
Donald Trump a toutefois déclaré samedi qu’il n’y avait «aucune nécessité sur le plan politique» d’inclure le Canada et a laissé entendre qu’il préférait annuler carrément l’ALENA plutôt que de maintenir l’accord dans sa forme actuelle.
«Si nous ne concluons pas une bonne entente pour les États-Unis après des décennies d’abus, le Canada sera exclu, a-t-il écrit. Le Congrès ne devrait pas interférer dans ces négociations ou je vais simplement mettre fin à l’ALÉNA et tout le monde s’en portera mieux.»
Mais selon plusieurs experts, se retirer de l’ALENA n’est peut-être pas aussi simple que le suggère le président des États-Unis.
Moshe Lander, un professeur d’économie de l’Université Concordia, estime que M. Trump n’a pas l’autorité nécessaire pour quitter l’ALENA aussi facilement qu’il le dit.
M. Lander a indiqué que les États-Unis devraient aviser le Canada et le Mexique six mois à l’avance pour pouvoir se retirer.
Il a aussi dit croire que le président devrait obtenir l’approbation du Congrès pour mettre fin à l’entente, un point sur lequel les experts ne sont cependant pas tous d’accord.
«Parce que l’ALENA a été promulgué grâce à une loi adoptée par le Congrès, c’est au Congrès de l’annuler», a soutenu Moshe Lander dans une entrevue téléphonique.
Pour Gilles LeVasseur, qui enseigne les affaires et le droit à l’Université d’Ottawa, le message publié par M. Trump laisse deviner que ce dernier craint de ne pas avoir le soutien du Congrès, qui a tendance à être très pro-commerce.
«Le Congrès est plus ouvert par rapport au Canada, tant les républicains que les démocrates, a souligné M. LeVasseur. Oui, ils veulent du changement, oui, ils veulent des améliorations, mais ils ne veulent pas tout jeter par la fenêtre.»
Vouloir des concessions
Krzysztof Pelc, un professeur de science politique de l’Université McGill, estime pour sa part que Donald Trump a probablement décidé de menacer d’exclure le Canada pour obtenir davantage de concessions sur la gestion de l’offre et le mécanisme de règlement de différends.
«Le refus du Congrès de ratifier une entente sans le Canada affaiblirait Trump alors, pour parvenir à ses fins, ce dernier essaie d’intimider non seulement le Canada, mais aussi le Congrès américain», a écrit M. Pelc dans un courriel.
D’après l’expert, les républicains du Congrès et la Chambre du commerce des États-Unis sont absolument opposés à la signature d’un accord bilatéral avec le Mexique.
Les négociations entre Washington et Ottawa se sont terminées vendredi sans que les deux camps aient réussi à trouver un terrain d’entente.
Le gouvernement canadien a réagi au plus récent message de Donald Trump avec son optimisme prudent habituel.