Voyager en France pour un Québécois, ce devrait être une occasion de se réjouir, de se ressourcer, de renouer avec sa culture d’origine. Mais les Français ont l’art de gâcher ce plaisir.
Dernière aberration en date. Pour un séjour prochain dans l’Hexagone, je veux réserver un billet de train Paris-Le Puy. Je vais naturellement sur le site de la SNCF. J’entre les données, puis je m’apprête à payer au moyen d’une carte Visa. La carte est refusée. Sans explications.
La carte est pourtant en règle et pourvue d’un crédit bien suffisant. Nouvel essai, nouvel échec. L’opération se répétera cinq fois avec le même résultat. Jusqu’ici, tout s’est fait en français.
Deux appels à Visa Desjardins et deux courriels à la SNCF plus tard, je finis par avoir l’explication : il faut cliquer sur le petit bouton Other countries situé en haut à droite de la page, car les cartes bancaires émises hors de France ne sont pas acceptées sur le site principal.
Me voilà donc projeté sur un site SNCF un peu analogue au premier, mais entièrement en anglais. Je cherche le moyen d’avoir la version française. Il n’y en a pas, à part que si on habite la Belgique ou la Suisse. Je me résous donc à placer ma commande dans ce contexte et, surprise, cela fonctionne : ma carte est acceptée. On me remercie en anglais et je recevrai plus tard ma confirmation courriel en anglais.
J’adresse une plainte à la SNCF. On me répond assez bêtement que « le choix de la langue anglaise est un choix spécifique pour faciliter les achats de nos clients internationaux, peu importe leur pays d’origine. » On veut bien cependant transmettre ma suggestion d’un réaménagement du site « à notre équipe de développement en charge de l’évolution du site. »
Conclusion : pour la SNCF, société propriété de l’État français si je ne m’abuse, la francophonie à l’extérieur de l’Europe, cela n’existe pas. Ou cela ne vaut pas la peine d’un traitement particulier. Le Québec, Haïti, les pays de l’Afrique francophone, allez, dans le moule anglo-saxon!
Vraiment, de Gaulle doit se retourner dans sa tombe. Son pays est tombé dans la déchéance. Il n’a plus aucune fierté. Il n’a que du dédain pour sa langue et pour sa culture. C’est triste.