Année record pour les placements canadiens dans les paradis fiscaux

34 milliards $ de plus que l’année précédente dans les paradis fiscaux antillais

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Non seulement n'y a-t-il pas de progrès, la situation s'aggrave !








Malgré les promesses de nos élus de s’attaquer à l’évasion fiscale, les Canadiens ont envoyé près de 187 milliards $ dans les paradis fiscaux des Antilles l’an dernier, soit 34 milliards de plus que l’année précédente, a constaté notre Bureau d’enquête.


Ces chiffres récemment compilés par Statistique Canada concernent les sommes transférées aux Bahamas, à la Barbade, aux Bermudes, aux îles Caïmans et aux îles Vierges Britanniques.


Ces pays à la température agréable et aux taux de taxes très bas sont considérés comme des paradis fiscaux, confirme la professeure au Département de fiscalité de l’Université de Sherbrooke, Marwah Rizqy.


L’année précédente, les Canadiens avaient expédié «seulement» 152,4 milliards vers ces destinations prisées par ceux qui veulent échapper aux impôts.


D’ailleurs, la tendance est en hausse constante au cours de la dernière décennie. Environ 100 milliards étaient envoyés dans ces cinq pays en 2008.


272 G$ en un an


Au total, en incluant tous les paradis fiscaux du globe, les Canadiens ont expédié pas moins de 272 G$ l’an dernier dans des pays comme le Panama, Chypre et l’Irlande.


Après les États-Unis et le Royaume-Uni, soulignons que c’est à la Barbade, au Luxembourg, aux îles Caïmans et aux Bahamas que les Canadiens ont investi le plus d’argent. Des partenaires économiques plus plausibles, comme la France et le Mexique, ont reçu une bouchée de pain en comparaison.


Pourtant, le gouvernement fédéral avait lancé un plan d’action en 2013. Une division du fisc composée de 70 personnes a alors été créée. Un demi-milliard $ a aussi été annoncé cette année par Ottawa pour lutter contre le phénomène. Québec s’est aussi engagé à agir.


Pour la fiscaliste Marwah Rizqy, qui a présenté cet automne un mémoire sur l’évasion fiscale devant les parlementaires de Québec, la question n’est pas de savoir quelles entreprises se servent de ces chemins fiscaux, mais de tenter de «nommer celles qui ne le font pas».











La professeure au Département de fiscalité de l’Université de Sherbrooke, Marwah Rizqy.




Photo d'archives


La professeure au Département de fiscalité de l’Université de Sherbrooke, Marwah Rizqy.





Généralisé et légal


«La plupart des entreprises ont une obligation de redonner le plus grand dividende à leurs actionnaires et, pour ce faire, [elles doivent] payer le moins d’impôts possible. Quand on veut payer moins d’impôt, on s’incorpore dans un pays où il n’y a pas d’impôt», explique-t-elle. Des entreprises implantées au Canada peuvent ainsi acheminer des profits à l’étranger et ensuite les rapatrier à faible imposition.


Mme Rizqy déplore que ce soit tout à fait légal. «L’évitement fiscal, ce n’est pas de faire des malversations. C’est de lire la loi et l’appliquer. C’est simple comme bonjour.»


Selon elle, ce n’est pas l’injection d’argent et de moyens au fisc qui va renverser la tendance. «Tant et aussi longtemps qu’il n’y a aucun changement dans la loi, il n’y a rien qui va changer», dit-elle.




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