Après les honorables, voici les respectables...

Conflit étudiant - grève illimitée - printemps 2012

Selon Jean Charest et ses valets, le gouvernement garde le contact avec les
étudiants. Il garde toujours le dialogue, toujours dans le respect de
chacun. L’écoute et le respect sont vraiment une marque de commerce pour
les néolibéraux, même dans un contexte très émotif. Quelle billevesée!
C’est vrai qu’en matière de respect pour la population et l’écologie,
l’entrepreneuriat atteint des sommets inégalés. Un véritable succès, selon
les syndicalistes de droite, trop civilisés pour protéger adéquatement
leurs membres ou pour aider les étudiants à négocier une véritable sortie
de crise. C’est sans parler des professeurs, à qui la direction ordonne
d’enseigner, dès l’instant où il y aurait au moins un apprenant qui se
présenterait en classe. Soudainement, on a l’impression que l’Université se
transforme en établissement d’enseignement privé. Par respect pour les
étudiants, il va sans dire, Madame la Marquise.
Nos champions de la démocratie et de la réconciliation confient aussi
candidement aux journalistes : « Tout le monde reconnaît qu’il y a sous
financement des universités. » Puis-je suggérer aux recteurs de lire
Université inc., un ouvrage dénonçant le sous financement de l’enseignement
dans les universités, contrastant avec les dépenses consacrées à la
recherche. Sans doute que plusieurs recteurs rejoignent, à travers la
commercialisation de la recherche, un sens particulier du mot respect. Bien
entendu, la porte de la CREPUQ et celle du ministère de l’Éducation sont
toujours ouvertes aux associations étudiantes. Chers étudiants, vous y êtes
attendus à bras ouverts, comme dans ces mondes imaginaires, où les dieux
accueillent leurs ouailles, sous les projecteurs célestes. Devrait-on alors
envisager le paradis terrestre comme un univers de mondes entrepreneuriaux
possibles?
Paraphrasant Michel Onfray, et situant ses paroles dans un contexte
différent, j’ose espérer, Messieurs les Recteurs, que l’Université n’est
pas un endroit clos destiné au petit nombre qui, pratiquant d’une manière
incestueuse, confisque le savoir en vue de la seule reproduction de sa
caste professionnelle. L’éducation n’a rien à voir avec la manie de la
corporation, qui tend généralement à se cacher derrière un vocabulaire
ésotérique, favorisant un usage clanique et tribal. Cette vision sectaire
de l’Université, laissons-la aux néolibéraux. Bien entendu, chers
étudiants, cela ne concerne point la hausse des droits de scolarité, car
nous vivons dans le meilleur des mondes possibles, grâce à la censure et à
la récupération politique que pratiquent les citoyens respectueux du
Québec.
***
Luc Benoit
Chargé de cours, UQTR
-- Envoi via le site Vigile.net (http://www.vigile.net/) --


Laissez un commentaire



1 commentaire

  • Archives de Vigile Répondre

    10 mai 2012

    C'est par le biais des subventions de recherche que les gouvernements et compagnies privées achètent le silence des profs d'université.
    Combien de milliers de silencieux parmi eux pour UN Léopold Lauzon!
    Oui bien sûr il y a aussi le retraité Guy Rocher à qui certains média osent prêter la parole de temps en temps.