L'assimilation totale à l'anglais hors-Québec

Au Manitoba, même un Saint-Boniface français a du plomb dans l'aile

Deux cas vécus

Tribune libre


Winnipeg vue de l'Esplanade Louis-Riel à Saint-Boniface
Premier cas

Un ami de passage à Saint-Boniface, situé face à Winnipeg de l'autre côté de la Rivière Rouge, m'a raconté l'anecdote suivante. Dans un café francophone, deux bonnes dames d'un certain âge bavardaient autour d'un café, en français comme de raison. Mais au bout d'une vingtaine de minutes, les deux ont changé pour l'anglais, sans motif apparent, et la conversation s'est poursuivie de la sorte jusqu'à leur départ. Intriguant, non?

Winnipeg à gauche, Saint-Boniface à droite. Remarquez les noms français des rues.
Que devons-nous en penser? Qu'après avoir fait leur devoir de francophone, elle sont revenues au "normal"? Que le vocabulaire de leur génération était insuffisant pour certains sujets modernes ou d'actualité et qu'elle devaient alors avoir recours à l'anglais pour se comprendre? Que parler français finissait par les épuiser mentalement faute de pratique généralisée et que les mots leur venaient mieux en anglais? Voilà les signes désolants d'une assimilation accomplie.

Panneau de circulation de Saint-Boniface

Second cas

Vous arrive-t-il de vous googler à l'occasion? Je m'amuse à le faire pour voir où sont repris mes articles sur d'autres sites. Cela m'a permis de découvrir que j'ai un homonyme réputé au Manitoba qui est chef décorateur de plateau de tournage avec une réputation internationale. De par son nom entièrement francophone, je suppose qu'il l'est. Mais à la lecture de la liste de ses réalisations, je constate à regret qu'il oeuvre entièrement dans le milieu anglais sur des productions entièrement anglaises.

C'est pour moi la triste réalité du francophone hors-Québec: l'acceptation pure et simple de l'assimilation anglaise pour fonctionner dans la société, au même titre qu'un Polonais, qu'un Brésilien ou qu'un Hindou. Le fait d'être francophone n'est d'aucun avantage, même qu'on doit sans doute le minimiser comme c'était une sorte de handicap.

Statue de Louis Riel

Cet autre monsieur n'a plus de francophone que l'origine, et ne vit certainement pas ainsi dans la vie courante. Le statut de francophone ne lui permet pas le moins du monde de vivre en français et de surcroît ne lui est d'aucun avantage dans son milieu de vie et de travail. On peut même supposer qu'il préfère faire le moins de cas possible de ses origines.

Parfois, je me dis qu'il y a un certain nombre de nos Québécois qui ne sont pas très loin de vivre de cette façon à Montréal même...
Réjean Labrie, de Québec, capitale nationale.

Featured 08e89f9ca3ccd008612a57afbfe02420

Réjean Labrie823 articles

  • 1 425 075

Réjean Labrie est natif de Québec. Il a fait une partie de sa carrière dans la fonction publique provinciale.

Il tire la plus grande fierté d’être un enraciné de la 11ème génération en sol natal. Son élan nationaliste se porte sur la valorisation de la culture québécoise et sur la préservation de l'identité culturelle québécoise et de sa démographie historique.

Il se considère comme un simple citoyen libre-penseur sans ligne de parti à suivre ni carcan idéologique dont il se méfie comme des beaux parleurs de la bien-pensance officielle.

L'auteur se donne pour mission de pourfendre les tenants de la pensée unique, du politiquement correct, de la bien-pensance vertueuse, toutes ces petites cliques élitistes qui méprisent le bon peuple.

Plus de 815 articles publiés en ligne ont été lus un million 400 000 fois par tous ceux qui ont voulu partager une réflexion s'étendant sur une période de plus de 14 ans. À preuve que l'intérêt pour une identité nationale québécoise affirmée ne se dément pas, quoi qu'on en dise.





Laissez un commentaire



8 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    18 novembre 2012

    Au sujet de votre homonyme chef décorateur de plateau, je tiens à vous informer que le monsieur a non seulement très bien conservé son français mais qu'il l'utilise avec joie et qu'il a même sollicité mes services professionnels pour la révision des vœux de son récent mariage. Comme quoi, on ne sait jamais.

  • Archives de Vigile Répondre

    12 janvier 2011

    @Pierre Grandchamp
    Eh non, je n'ai pas raté cette page d'histoire, plein de mes bouquins traitent de cette période de dérive entre le biculcuralisme et le bilinguisme ( B&B), l'espoir suscité par le grand canadien L. B. Pearsons, la commission Laurendeau Dunton ... et la récupération du multiculturalisme et du bilinguime fonctionnel de M. P. E Trudeau en partie pour mâter les "nationnalistes" québécois.
    Mais le Québec a sa part de responsabilité: Il a laissé tomber (chacun des québécois, un peu plus ignorant de son histoire pan-canadienne-) sous la mouvance de la révolution tranquille.
    " Le Canada-rançais s'est rétréci au Québec, aux yeux des québécois. Mais cela n'est pas le cas en Acadie ou en Ontario francophone.
    La religion des anciens Canadiens ne compte presque plus sur le plan social et politique au Québec. Mais sous les apprences couve peut-être des braises utiles à la cohésion chaleuruse de l'ensemble des québécois francophones. De plus cet énoncé est moins vraie en Acadie ou en Ontario francophone. Au yeux des québécois, le Canada-francais se serait rétrici au Québec. Mais sur le plan stratégique c'est déjà une erreur, car cette attitude néglige une énergie encore vive. Tout combat linguistique ultérieur aurait plus de chance d'être utile s'il est inclusif et solidaire. Les premiers perdraient déjà en lassitude et en égocentrisme par une fraternité plus large alors même que les autres gagneraient un soutien vital.
    ... Par aileurs...
    La faute des autres, toujours les autres,,, c'est trop facile. Tout le monde se critique, pas de cohésion: J'en ai marre de ce genre d'attitudes suivie d'un appel à l'indépendance parce que là les consciences comme par magie retrouveraient le chemin du bon, de l'utile, de la solidarité ( http://www.vigile.net/Sur-le-theme-de-la-cohesion)
    L'idée d'une "Convention" serait utile, après presque 50 ans de perceptions différentes ente Canadiens-français hors-Québec et le Québécois... et Ça pourrait être formateur pour les jeunes québécois de s'ouvrir aux injustices et aux souffrances des autres, par le seul fait d'une apparteence fière à la langue et à la (religion catholique)..
    Positivement, Bien votre

  • Archives de Vigile Répondre

    12 janvier 2011

    En Nouvelle-Zélande j'ai croisé 3 Francos-Manitobaines qui parlaient anglais entre elles la plupart du temps. Leur anglais était parfait, sans accent français. Leur français est pauvre,anglicisé, et avec accent anglophone. Les trois avaient un nom bien français.
    En Corée, j'ai croisé un Québécois et une Franco-Ontarienne qui parlaient toujours anglais entre eux. Tout le temps, tout le temps. Leur français était correct, mais ils fonctionnaient en anglais. Juste en anglais. Je n'ai jamais rien vu de pareil!
    A Moncton, je me rappelle d'avoir diné à côté de deux soeurs, dans la soixantaine avancée, qui commençaient une phrase en français et la terminait en anglais! Comme ça pendant tout le diner. Français-anglais-français-anglais-français. Ca en était étourdissant!
    L'une des deux me semblait plus francophone puisqu'elle revenait plus souvent au français alors que l'autre dérivait facilement vers l'anglais. J'avais supposé, dans ma tête, que la première devait être mariée à un francophone alors que l'autre devait être mariée à un Anglophone.

  • Réjean Labrie Répondre

    11 janvier 2011

    En complément de lecture:
    Pour le rapatriement des francophones hors-Québec:
    http://www.vigile.net/Pour-le-rapatriement-des
    Réjean Labrie

  • Pierre Grandchamp Répondre

    11 janvier 2011

    Je réponds à Michel P. qui prétend que "les Québécois ont laissé tomber les FHQ"...Il manque une page d'histoire majeure.
    Lester B. Pearson, premier ministre canadien , en 1963, crée une Commission royale d'Enquête sur le bilinguisme
    et le BICULTURALISME en lui confiant le mandat suivant: "RECOMMANDER LES MESURES A PRENDRE POUR QUE LA CONFEDERATION CANADIENNE SE DEVELOPPE
    D'APRES LE PRINCIPE DE L'EGALITé ENTRE LES DEUX PEUPLES FONDATEURS."
    Quelques années plus tard, Pearson est remplacé par Trudeau lequel ignore les recommandations de ladite Commission(basée sur la dualité canadienne et un fédéralisme asymétrique) et prône plutôt le "one Canada" continentaliste. En 1968, il fait adopter la Loi, dite des
    langues officielles qui mènera à la disparition tendancielle hors Québec, sous le couvert du bilinguisme dans un cadre de multiculturalisme.
    L'ex FHQ Roméo Paquette du Conseil de Vie française en Amérique(CVFA) a très bien décrit cela:
    "L'Histoire démontrera que l'enjeu fondamental, tel qu'exprimé par le mandat de la Commission royale d'enquête sur sur bilinguisme et le BICULTURALISME(1963), était le suivant: RECOMMANDER LES MESURES A PRENDRE POUR QUE LA CONFEDERATION CANADIENNE SE DEVELOPPE D'APRES LE
    PRINCIPE DE L'EGALITé ENTRE LES DEUX PEUPLES FONDATEURS."
    "Cet enjeu, c'est un gouvernement fédéral dominé par des Québecois, au tournant des années '70, qui l'a définitivement enterré. Obnibulés par des préjugés anti-nationalistes, ils ont condamné la notion de peuples
    fondateurs, inventé le multiculturalisme et le bilinguisme, comme si un pays pouvait se morceler en enclaves culturelles et véhiculer 2 langues sans en préciser les bases communautaires"..
    Conclusion:c'est le Canada anglais et le fédéral qui ont "tué" le Canadien français en niant la thèse des 2 nations et en remplaçant le BICULTURALISME par le MULTICULTURALISME. C'est le même système qui a mené à la constitution illégitime de 1982...pour le Québec.
    Quant au Québec, il a besoin de toutes ses énergies pour se protéger lui-même.Pis un Québec souverain serait davantage en mesure d'aider les FHQ.

  • Laurent Desbois Répondre

    11 janvier 2011

    Le 30 octobre 1995 à Winnipeg,
    Je me dis que j’allais un jour lui léguer un pays.
    Bernard DESGAGNÉ
    Chronique de Bernard Desgagné
    mardi 13 novembre 2007
    http://www.vigile.net/Le-30-octobre-1995-a-Winnipeg
    Le 30 octobre 1995, j’assistais au dépouillement du vote référendaire dans mon salon, à Winnipeg. Je venais de coucher les deux petites lorsque, de retour d’une réunion parents-maîtres, Suzanne rentra les yeux pleins d’espoir. Et alors ? Le oui gagne avec 55 % ! À ce moment-là, nous étions probablement les deux seuls dans toute la ville à sauter de joie.
    Treize ans plus tôt, jeunes enseignants, Suzanne et moi avions quitté Québec, notre chère ville, avec l’intention de garnir un peu notre curriculum vitæ. Naufragés de l’échec de 1980 et des fourberies constitutionnelles de 1981, nous nous étions retrouvés dans la vallée de la rivière Rouge, où nous pensions rester le temps qu’il fallait à de jeunes diplômés sans le sou pour se remettre à flot.

  • Archives de Vigile Répondre

    11 janvier 2011

    Autrefois, il y avait une solidarité entre tous les Canadiens-français... et cela aura permis au français de demeurer vivant et vital. N'oubiez jamais que Gabrielle Roy, Daniel Lavoie, etc sont issus du Manitoba et des Prairies.
    Une difficulté vient de ce que les Québécois ont "laissé tomber" les francpphones hors Québec, s'en sont dissociés.
    Posez-vous donc la question pragmatique suivante: Que puis-je faire pour aider?
    Beaucoup. voir le petit texte sous francophones hors Québec
    http://www.vigile.net/Francophones-hors-Quebec,29627
    reprendre le contrôle de l'immigration; mettre à contribution, utilement, le Commissaire aux langues officielles, etc...
    On peut aussi relancer l'idée d'un conventum des représentants des différentes communautés et sociétés francophone. Le dernier a eu lieu entre 1962-1964 je crois.

  • Laurent Desbois Répondre

    11 janvier 2011


    Je vais faire parler mon ami Franco-Manitobain... qui se sent de plus en plus en exil!!!!
    --------
    Cher Laurent,

    Ça tombe bien que tu m'envois ce courriel car j'ai vécu un incident avec ma belle-famille anglophone durant un souper de noël.

    Mon beau-frère a dit qu'il supporte la peine capitale, et que les «serial killers» comme Olson devrait être mis à mort. Cela a mené à une discussion sur les terroristes, les talibans en Afghanistan. Ensuite plusieurs étaient d'accord que la politique d'immigration du Canada est trop moue, et que des criminels entrent facilement le pays. Ma belle-tante a dit qu'aucun musulman devrait être permi d'immigrer au Canada. Plusieurs étaient d'accord avec cela. Cela m'a choqué un peu, et j'ai riposté en disant que je connais plusieurs mulsulmans qui sont très paisibles et contribuent à l'économie du Canada. Ensuite mon beau-père lance une bombe en disant que les francophones devraient être inclus dans la liste noire à cause que le bilingisme officiel a causé beaucoup de trouble au Canada. Selon lui, les québécois, les acadiens, et tous les autres francophones devraient être déporté pour ce crime (biliguisme) contre le Canada! À cela, j'ai simplement dit à tous les gens à la table de changer de sujet. Par respect pour ma belle-famille, je n'avais pas quitter la table, mais je voulais carrément quitter leur maison et retourner au Québec. En passant, malgré que mon beau-père ne connais pas le français, ses deux parents étaient des québécois! Il n'y rien de plus féroce contre les francophones qu'un francophone assimilé!!

    Je te permet de partager cette histoite avec ta famille et amis.

    Jean