Au menu du PQ, du réchauffé minute

Tribune libre




Où va Boisclair? J'avoue ne pas l'avoir encore découvert malgré mes nombreux efforts de décryptage des discours du leader péquiste. Je suis persuadé que je ne suis pas le seul à se questionner, même chez ses plus chauds partisans. Tantôt c'est le programme du Parti qui est sa bible et qui fixe ses objectifs; tantôt ce sont ses propres opinions qui guident son action et qui sont à la base de ses décisions; tantôt c'est n'importe quoi. Et le plus irritant vient de ce que ses déclarations lancées dans toutes les directions sont exposées avec cette mimique. qui lui est particulière, de toujours avoir l'air de s'amuser... des autres.

Il est vrai qu'il faut placer son discours dans le temps et dans les circonstances de l'heure. Quand il s'est agit de battre Mme Marois et de se faire élire chef du PQ, il a sacralisé le programme, principalement la nécessité d'un référendum dans la première année de la reprise du pouvoir. C'était l'époque de la place aux instances du Parti et de la volonté des membres. Une fois en selle, la volonté populaire a perdu de son emprise et il nous a fait découvrir un nouveau Boisclair, celui du fils d'un entrepreneur ayant réussi, d'un étudiant en économie à Harvard, d'un stagiaire dans une firme de Toronto. Non seulement le référendum s'éloigne, sinon reporté aux calendes grecques, mais aussi le programme social du PQ perd de son poids devant la nécessaire attirance au Québec des capitaux étrangers et, par voie de conséquences, des capitalistes qui les détiennent. Et vlan sur la gueule des purs et durs et des syndico-gauchistes de la coalition péquiste. Ça fait beaucoup de déçus en un seul mois pour un parti nationaliste et gauchisant. Cela en attente d'une élection, ce qui n'est pas reposant pour les organisateurs. Pour ramener le tout, il lénifie sur son ouverture aux apports ethniques après avoir fermé un comté gagnant à une militante haïtienne ainsi que sur la responsabilité du gouvernement libéral dans la crise dans l'exploitation forestière.

Sur le dernier point, qui pourrait croire que le problème de notre retard sur la productivité des entreprises de produits du bois est apparu dans les dernières semaines quand c'est le PQ qui a cafouillé dans les dossiers des papetières de Jonquière, de Chandler, de Chambord, et de tant d'autres villes des régions dites ressources. La crise du bois s'est développée sur des années et les gouvernements, y compris celui du PQ, n'ont trouvé rien d'autre que d'applaudir aux spectacles de Richard Desjardins. Pendant ce temps les usines se modernisaient et les essences moins rétives que notre épinette noire poussaient ailleurs. Aujourd'hui Boisclair fait comme n'importe quel petit politicien, il blâme le gouvernement en place au lieu de suggérer une action correctrice et d'annoncer un plan de rétablissement de l'industrie. Ce ne sera sûrement pas son discours sur l'accueil des entreprises multinationales qui fournira une solution, car ces entreprises font déjà partie du problème et attendent l'assistance publique pour réagir.

Non, au lieu de parler de mesures correctrices, au lieu de se situer sur le plan des grandes politiques, le très moderne et très jeune chef du Parti Québécois préfère avoir recours à des entourloupettes qui révèlent un esprit de carabin plutôt que la sagesse d'un leader préoccupé de l'avenir du Québec. Ses réponses aux questions des journalistes me rappellent les messages enregistrés de Robert Bourassa que j'ai bien connu. Tout du congelé qu'on réchauffe à la dernière minute. S'il croit que les Québécois vont avaler sa mal-bouffe facilement, il se prépare un réveil amer.

Le plus triste c'est que nous avons tous perdu suite à la fronde qu'a connue le PQ lors de son dernier congrès national. Autant les membres du Parti que l'ensemble des Québécois. Ce mouvement de confrontation nous prive aujourd'hui de gens d'expérience pour prendre la relève du gouvernement libéral qui ne sait plus où donner de la tête. Je ne vois rien de tonitruant dans la nouvelle équipe du tonnerre d'André Boisclair. Au contraire ce me semble un rassemblement d'amis ayant les mêmes illusions et les mêmes goûts.


Gilles Néron

Québec


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