Bloc québécois - «The medium is the message»

Le Bloc Québécois a 20 ans!



Le Bloc québécois célèbre ce week-end les 20 ans de vie politique de Gilles Duceppe. Il fut le premier député à être élu sous la bannière de ce parti que des dissidents du Parti conservateur et du Parti libéral venaient de former en pleine crise de l'accord du lac Meech. Il en est devenu le chef en 1997. Depuis, il dirige sa formation avec une autorité et une maîtrise qui lui ont valu le respect de tous, y compris de la plupart de ses adversaires.
Le talent de Gilles Duceppe est d'avoir su définir le rôle du Bloc à Ottawa. La présence d'un parti souverainiste au coeur même des lieux de pouvoirs fédéraux est en soi antinomique. Il aurait pu jouer les boutefeux, comme l'auraient voulu certaines factions du mouvement souverainiste. Rompu aux méthodes des militants de gauche, il aurait sans doute su comment mener une guérilla politique efficace.
S'il est un politicien sans grand charisme, Gilles Duceppe possède par contre un solide sens politique. Il est aussi un homme qui a le sens des responsabilités. Stéphane Dion a déjà dit avoir été frappé par le sens de l'État qui l'animait. Il a choisi plutôt, et maintenu avec constance, la ligne de la défense des intérêts du Québec, acceptant de se plier aux règles du jeu fédéral, tant que le Québec fait partie du Canada. Les Québécois ne l'auraient pas suivi dans une autre voie.
La présence à la Chambre des communes de 35 à 50 députés souverainistes est en soi une affirmation. «The medium is the message» disait McLuhan. Ici, le message est la spécificité de la nation québécoise et le rôle du Bloc est de donner un sens à ce message. Un message toujours reçu 20 ans plus tard avec incompréhension et, souvent, avec irritation. Ces derniers jours, on a ainsi vu dans la presse anglophone des papiers et des éditoriaux dénonçant «20 years of futility», comme l'écrivait hier le National Post dans une longue lamentation exprimant la frustration que génère l'existence de cet empêcheur de danser en rond. Puisqu'il ne veut pas se saborder malgré ce que son fondateur, Lucien Bouchard, avait dit qu'il ferait, on plaide pour lui couper les vivres du financement public. D'autres prient pour que Gilles Duceppe finisse par prendre une retraite bien méritée.
Qui donc parlait de futilité? Il est vrai que le Bloc doit beaucoup à son chef actuel, qui saura sans doute prévoir sa relève. Mais croire que le succès de ce parti tient d'abord à la popularité d'un homme plutôt qu'à l'essence même d'une cause est manifester une incompréhension profonde du sentiment des Québécois. Si ceux-ci ne veulent pas du Parti conservateur, du Parti libéral ou du Nouveau Parti démocratique, c'est tout simplement que leurs discours ne correspondent pas aux préoccupations des Québécois. Bien davantage que Gilles Duceppe, ils sont les premiers artisans du succès du Bloc québécois.
***
bdescoteaux@ledevoir.com


Laissez un commentaire



Aucun commentaire trouvé

-->