Bock-Côté, Goupil : le plus rusé est…

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Quand la gauche soixante-huitarde réduit Bock-Côté à Faurisson, c'est qu'elle n'a réellement plus d'arguments


De tous les mammifères terrestres opportunistes, le renard, nous dit-on, est le plus malin, malin dans le sens de rusé, d’espiègle. Le renard, anciennement goupil, l’est devenu, suite au Roman de Renart, mais, paradoxalement, tous les goupils ne sont pas si futés, certains sont des « imbéciles », comme par exemple Romain Goupil.


C’est Mathieu Bock-Côté, essayiste québécois et chargé de cours à HEC Montréal, qui émet, au cours d’un houleux débat télévisé sur LCI, cette hypothèse diagnostique, à prendre évidemment au sérieux venant de la part d’un éminent sociologue, qui présentait son dernier ouvrage, L’empire du politiquement correct, excellent au demeurant. Goupil possède le pedigree du gauchiste classique. Militant trotskiste, soixante-huitard, membre de la Ligue communiste où il fut responsable du service d’ordre, défenseur des opprimés et de la

guerre en Irak menée par l’Oncle Sam contre Saddam, soutien d’Emmanuel Macron à l’élection présidentielle de 2017, critique du mouvement des gilets jaunes, cinéaste engagé, donc primé au Festival de Cannes, et habituel des plateaux télé en guise de moralisateur « ayatollah en chef ». La bonhomie sereine du chroniqueur québécois, sa tenue posée et la teneur de ses arguments, et son flegme surtout – gloire à son flegme -, n’avaient d’égal que l’agressivité de son interlocuteur, dont la médiocrité, l’autosuffisance idéologique et la condescendance insultante envers ses contradicteurs, son aveuglement multiculturaliste, son altération du sens de l’Histoire et du réel poussés à l’extrême, sa fixation contre Éric Zemmour, Patrick Buisson et Philippe de Villiers, n’ont fait que confirmer à merveille la démonstration de Bock-Côté longuement élaborée dans son ouvrage.


Aux explications pondérées et rationnelles de Bock-Côté d’« éviter la censure au nom d’une forme de puritanisme qui se présente comme de la morale », Goupil dégringole dans l’irrationnel, le « reductio ad Zemmourum », et pousse la comparaison caricaturale à Robert Faurisson. « Monsieur Bock-Côté avance masqué. Il tente un piège pour essayer de dire qu’on est la victime de censure […], il oppose le politiquement abject au politiquement correct. Pour dire vos saloperies, sans arrêt, vous nous éliminez […] quand Zemmour dit que l’immigration, c’est une invasion islamique, c’est une saloperie […]. Vous essayez de nous disqualifier”


“Au moins le bouffon du roi est drôle quand il parle, lui il est sinistre. » Bock-Côté, à l’égard de Goupil : « Vous reproduisez de manière caricaturale, ce qui est habituel chez vous, cette idée comme quoi le contradicteur ne dit que des saloperies. » Et l’essayiste de s’épancher sur cette séquence d’école sur sa page Facebook : « J’étais ce soir de passage chez Pujadas pour parler de mon livre. Un passage surréaliste, si je puis dire. Autour de la table, un animateur de légende, trois excellents chroniqueurs, et un imbécile de classe mondiale, Romain Goupil, représentant bas de gamme de la rectitude politique, épave intellectuelle et aboyeur sans cervelle qui jette des insultes dans le débat sans trop savoir ce qu’il dit, et qui ne parvient pas à ne pas être odieux. Je ne sais pas trop comment j’ai pu garder mon calme ! »


Henry de Montherlant disait qu’« il y a le réel et il y a l’irréel. Au-delà du réel et au-delà de l’irréel, il y a le profond. » Il y a, parfois, et aussi, tragiquement, Goupil.