M. Jean Charest
_ Premier ministre du Québec
_ Hôtel du Gouvernement
_ Québec
Monsieur le premier Ministre,
Si j'étais vous, je chercherais le petit malicieux dans votre gouvernement qui s'ingénie à vous créer des ennuis et à vous faire tomber dans des pièges à con. Il ne se passe pas une semaine sans que vous ayez à justifier une mauvaise décision, à corriger la déclaration d'un ministre ou à retraiter honteusement dans un dossier. C'en est à pleurer!
Cette fois-ci, il s'agit d'une bévue grave, d'une erreur qui risque de libérer de vieux démons et d'alimenter l'intolérance. En effet, la décision non prévisible du ministre de l'Éducation, M. Reid, de financer à 100 % les écoles privées juives, est le meilleur moyen de faire resurgir des luttes d'identité culturelle. Il ne faut être grand clerc pour savoir cela. Et pourtant, cet ex-doyen ne le soupçonnait même pas. D'ailleurs, on pourrait écrire un gros livre sur tout ce que ne connaît pas cet universitaire et sur sa capacité à faire des bourdes.
Pour ce qui est de votre responsabilité, je ne comprends pas, pour avoir été près de Robert Bourassa dans les années '70, comment cette annonce peut se faire avec une telle légèreté. Le ministre de l'Éducation s'est contenté d'invoquer la panique vécue dans le cabinet suite au saccage d'une bibliothèque juive, l'an passé. Quelle est la relation entre le geste d'un faible d'esprit et une décision ministérielle qui risque de chambouler toute la politique de financement des institutions scolaires au Québec ? Il me semble que nous nous sommes en plein délire.
Cette mesure est arrivée comme un cheveu sur la soupe immangeable que nous sert régulièrement ce ministre si peu connaisseur du goût québécois. Il n'y a eu aucun avis préalable, aucun avertissement qui annonçait cette bombe. Il n'y a eu aucune consultation alors que votre gouvernement est reconnu pour se cacher derrière des consultations à répétition pour éviter de prendre des décisions délicates. Enfin, le dossier n'a souffert d'aucun délai si on considère que le saccage a eu lieu il y a moins d'un an. Et pourtant, cette annonce portait sur une matière très conséquente. Voilà une attitude qui tranche avec la valse-hésitation sur les tarifs d'électricité, les prêts aux étudiants, l'aide aux municipalités, l'amélioration des soins de santé, la politique du logement et la si difficile question de la localisation du CHUM français alors que le Chum anglais connaît déjà son financement. Que dire des nombreux autres dossiers pendants. Pour que cela se produise il faut que vous soyez tenu complètement à l'écart des initiatives des ministres ou que vous les appuyez à 100%, soit au même degré que les subventions gouvernementales aux écoles juives.
Je veux me limiter à l'amateurisme de votre gouvernance. Je laisse de côté les considérations démocratiques sur les institutions collectives, sur l'identité québécoise, sur l'intégration des intérêts particuliers dans un bien commun, sur le respect de la majorité et sur la justice distributive. D'autres s'en occuperont sûrement dans les prochains jours.
Mon Dieu, qu'un terme de quatre ans est long quand ceux qui se disaient prêts sont au pouvoir !
En terminant, saviez-vous que les contributions des Juifs à leurs écoles privées bénéficient de l'exemption fiscale accordée aux dons de charité . Il ne faut plus parler de 100%, mais de 120% en subvention. Bravo pour avoir fracassé tous les records de complaisance en faveur du secteur privé.
Laissez un commentaire Votre adresse courriel ne sera pas publiée.
Veuillez vous connecter afin de laisser un commentaire.
Aucun commentaire trouvé