Cap sur l’indépendance

C’est aux jeunes qu’il faut passer le flambeau et le micro

L’avenir du Québec, c’est le leur

Chronique de Richard Le Hir


À titre de représentant du Rassemblement pour l’Indépendance Nationale et de Vigile.net, j’assistais hier à la conférence de presse qui annonçait le lancement du réseau « Cap sur l’indépendance » et de son projet de mener une campagne permanente pour réaliser l’indépendance du Québec.
En constatant hier soir et ce matin le traitement réservé par les médias traditionnels à cette nouvelle, je me suis pincé en me demandant si je n’avais pas rêvé et si la conférence de presse avait bien eu lieu. À peine retrouve-t-on dans leurs colonnes ou à leur antenne le topo préparé par la Presse Canadienne, et encore n’a-t-il pas été repris partout. En fait la très faible présence des médias à l’événement démontre que les affectateurs avaient À L’AVANCE décidé d’en minimiser la portée. Le principe est simple, « Ce que l’on ne vous montre pas ou dont on ne vous parle pas n’existe pas ».
Étrangement, c’est un média anglophone qui a le mieux couvert l’événement, mais c’est pour mieux enfoncer le clou en utilisant les failles de l’organisation de l’événement pour minimiser l’importance et la pertinence du mouvement indépendantiste.
Si un « post-mortem » s’impose à l’évidence pour éviter que de telles failles ne se reproduisent, il n’en reste pas moins qu’il faudrait être complètement idiot pour ne pas se rendre compte que nos adversaires qui, est-il nécessaire de le rappeler, contrôlent les médias traditionnels, n’ont pas attendu l’annonce officielle du lancement de notre campagne pour entreprendre la leur.
Leur stratégie est simple. Le mouvement indépendantiste est moribond et n’existe que dans le souvenir d’une bande de vieux grincheux nostalgiques déconnectés de la réalité contemporaine. Et la suite des choses pourrait leur donner raison si nous ne faisons pas de gros efforts pour actualiser notre image et notre discours.
Leur stratégie vise à la fois à nous empêcher de rejoindre notre public cible, et à nous démoraliser en nous amenant à croire que l’indépendance n’est plus un thème porteur au Québec. Nous ne serons évidemment pas dupes d’une manœuvre aussi grossière.
Reste qu’hier, dans le vieux décor de la maison Ludger-Duvernay, il y avait quelques éléments de fraîcheur et de nouveauté qui ont tout pour nous rendre optimistes. Écoutez-bien le message qu’avait à nous livrer la jeune Catherine Dorion que nous avons eu le bonheur de lire sur Vigile récemment. Ça respire cette combinaison d’émotion et d’intelligence si essentielle à la capacité de convaincre. Dommage que l’éclairage n’ait pas été meilleur.
C’est aux jeunes qu’il faut passer le flambeau et le micro. L’avenir du Québec, c’est le leur. Et c’est eux qui doivent se convaincre de la nécessité qu’il soit à leur image et non à celle du voisin, au risque de se faire déposséder aussi bien de leur identité que de leur mot à dire dans le développement des richesses du Québec et du régime de solidarité qui correspond à leurs valeurs.
C’est pourquoi je me suis également réjoui de la présence à cette conférence de presse de Sébastien Ricard de « Loco Locass », et de cette jeune femme posée et brillante dont le nom m’échappe mais qui représentait le Collectif du Libre-Marcheur. Reconnaissons-le franchement, la chanson « Libérons-nous des Libéraux » a fait davantage pour raboter l’image du PLQ et de Jean Charest que tous les discours ou les écrits de têtes blanches, à commencer par les miens. Et il faut aussi reconnaître aux jeunes la capacité de trouver les formes d’actions qui correspondent le mieux à la sensibilité de l’époque.
Je n’ai aucun doute que l’indépendance du Québec se fera. Je pense même qu’elle surviendra pas mal plus vite qu’on ne le pense, n’en déplaise aux pouvoirs qui vont chercher par tous les moyens à se mettre en travers et à nous convaincre jusqu’à la dernière minute qu’elle n’a jamais été plus lointaine, dans l’espoir de miner notre confiance et notre détermination pour nous voir y renoncer. Donnons à l’indépendance un coup de pouce en aidant les jeunes à se l'approprier.


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10 commentaires

  • Patrice-Hans Perrier Répondre

    21 mai 2011

    Salut en passant ...
    Monsieur Le Hir,
    Je ne vous faisais pas des reproches, je tentais simplement de témoigner du fait que nous devons tisser des liens intergénérationnels.
    Ma fille a voté pour la foutue ORANGE CRUSH (NPD), alors, lors de notre dernier souper ensemble, je ne lui ai pas fait de reproches... simplement exprimé un certain désarroi.
    Lui ayant confié avoir voté pour le BLOC, je lui ai rappelé que le NPD - en dépit de ses belles promesses- était tenu par une ligne de parti dictée de l'Ontario et résolument fédéraliste.
    Je lui ai dit - avec un soupçon - de tristesse dans le fond de la gorge: «au moins, toi, tu as gagné tes élections...».
    Une histoire intergénérationnelle à suivre ...

  • Archives de Vigile Répondre

    21 mai 2011

    Je viens de visionner un documentaire qui met en vedette un vieux sage et les manifestants du M15 en Espagne. Il est en espagnol, mais est également disponible avec sous-titre en anglais. C'est vraiment très inspirant. Les jeunes n'ont pas abandonner...
    http://www.youtube.com/watch?v=LOmh3jcV28g&NR=1

  • Henri Marineau Répondre

    21 mai 2011

    À l'école du Petit Prince...
    Pour continuer dans la même veine que le dernier commentaire de M. Le Hir, je me permets de revenir sur un des messages essentiels de St-Exupéry, soit celui du passage où le Renard demande au Petit Prince ce que signifie le mot "apprivoiser". Ce dernier lui répond que ça signifie "créer des liens".
    C'est exactement ce que nous devons faire avec les jeunes du Québec...Créer des liens en les apprivoisant...en se mettant à leur écoute.
    En agissant ainsi, nous réaliserons, comme le Petit Prince devant un champ rempli de centaines de roses, que sa rose est unique au monde et que c'est le temps qu'il prend pour elle qui fait qu'elle est si importante...que notre jeunesse est unique au monde et que c'est le temps que nous prenons pour elle qui fait qu'elle est si importante!

  • @ Richard Le Hir Répondre

    21 mai 2011

    Réponse @ Patrice-Hans Perrier
    J'espère que vous n'avez pas lu dans mon propos un quelconque renoncement à faire ma part dans le combat pour l'indépendance nationale, ou à suggérer que votre génération soit mise de côté ou oubliée.
    Je cherchais tout simplement à mettre en relief le besoin de "dépoussiérer" notre cause. Les gens de ma génération ne se rendent pas toujours compte de la façon qu'ils l'ont modelée à l'image des valeurs et des préoccupations de leur jeunesse. Et la vision qu'ils en ont, la façon dont ils en parlent, les références qu'ils utilisent, sont parfois si définitifs qu'ils ne laissent pas beaucoup d'espace aux plus jeunes pour la meubler à leur façon et s'en approprier eux aussi.
    Il faut méditer ces quelques lignes de Saint Éxupéry dans Le Petit Prince :
    "Il y a six ans, j'avais une panne dans le désert du Sahara. Quelque chose s'était cassé dans mon moteur, et comme je n'avais avec moi ni mécanicien, ni passagers, je me préparai à essayer de réussir , tout seul, une réparation difficile. C'était pour moi une question de vie ou de mort. J'avais à peine de l'eau à boire pour huit jours
    Le premier soir je me suis donc endormi sur le sable à mille milles de toutes les terres habitées. J'étais plus isolé qu'un naufragé sur un radeau au milieu de l'océan. Alors vous imaginez ma surprise, au lever du jour, quand une drôle de petite voix m'a réveillé. Elle disait:
    - S'il te plaît... dessine-moi un mouton!
    J'ai sauté sur mes pieds comme si j'avais été frappé par la foudre. J'ai bien frotté les yeux. J'ai bien regardé. Et j'ai vu un petit bonhomme tout à fait extraordinaire qui me considérait gravement.
    Mais mon dessin, bien sûr, est beaucoup moins ravissant que le modèle. Ce n'est pas ma faute. J'avais été découragé dans ma carrière de peintre par les grandes personnes, à l'âge de six ans, et je n'avais rien appris à dessiner, sauf les boas fermés et les boas ouverts.
    Je regardai donc cette apparition avec des yeux tout ronds d'étonnement. N'oubliez pas que je me trouvais à mille milles de toutes les régions habitées. Or mon petit bonhomme ne me semblait ni égaré, ni mort de fatigue, ni mort de faim, ni mort de soif, ni mort de peur. Il n'avait en rien l'apparence d'un enfant perdu au milieu du désert, à mille milles de toute région habitée. Quand je réussis enfin à parler, je lui dis:
    - Mais... qu'est-ce que tu fais là?
    Et il me répéta alors, tout doucement, comme une chose très sérieuse:
    - S'il te plaît... dessine-moi un mouton.
    Quand le mystère est trop impressionnant, on n'ose pas désobéir. Aussi absurde que cela me semblât à mille milles de tous les endroits habités et en danger de mort, je sortis de ma poche une feuille de papier et un stylographe. Mais je me rappelai alors que j'avais surtout étudié la géographie, l'histoire, le calcul et la grammaire et je dis au petit bonhomme (avec un peu de mauvaise humeur) que je ne savais pas dessiner. Il me répondit :
    -Ça ne fait rien. Dessine-moi un mouton.
    Comme je n'avais jamais dessiné un mouton je refis, pour lui, l'un des deux seuls dessins dont j'étais capable. Celui du boa fermé. Et je fus stupéfait d'entendre le petit bonhomme me répondre:
    -Non! Non! Je ne veux pas d'un éléphant dans un boa. Un boa c'est très dangereux, et un éléphant c'est très encombrant. Chez moi c'est tout petit. J'ai besoin d'un mouton. Dessine-moi un mouton.
    Alors j'ai dessiné.
    Il regarda attentivement, puis:
    -Non! Celui-là est déjà très malade. Fais-en un autre.
    Je dessinai:
    Mon ami sourit gentiment, avec indulgence:
    -Tu vois bien... ce n'est pas un mouton, c'est un bélier. Il a des cornes…
    Je refis donc encore mon dessin. Mais il fut refusé, comme les précédents :
    -Celui-là est trop vieux. Je veux un mouton qui vive longtemps.
    Alors, faute de patience, comme j'avais hâte de commencer le démontage de mon moteur, je griffonnai ce dessin-ci.
    Et je lançai:
    -Ça c'est la caisse. Le mouton que tu veux est dedans.
    Mais je fus bien surpris de voir s'illuminer le visage de mon jeune juge:
    -C'est tout à fait comme ça que je le voulais! Crois-tu qu'il faille beaucoup d'herbe à ce mouton ?
    -Pourquoi ?
    -Parce que chez moi c'est tout petit...
    -Ça suffira sûrement. Je t'ai donné un tout petit mouton.
    Il pencha la tête vers le dessin:
    -Pas si petit que ça..."
    Quand les Québécois comprendront que l'indépendance, c'est la caisse dans laquelle se trouve leur mouton, ils y adhéreront.

  • Archives de Vigile Répondre

    21 mai 2011

    Bonjour M. Le Hir,
    Effectivement les médias traditionnels au Québec ne sont plus ce qu'ils étaient. Soit les journalistes sont bien contrôlés par l'idéologie de leurs patrons, ou soit leurs patrons ont su leurs implanter leurs visions du Québec de demain... Dans chacun des cas, il ne reste que peu de place pour des tribunes, et des critiques objectives; et encore moins pour l'appui médiatique d'un projet collectif, tel l'indépendance du Québec, projet dénié par Gesca ou l'empire PKP.
    Heureusement, il nous reste ce cinquième pouvoir :


    L’Observatoire international des médias considère que la liberté absolue des médias, réclamée à cor et à cri par les patrons des grands groupes de communication mondiaux, ne saurait s’exercer aux dépens de la liberté de tous les citoyens. Ces grands groupes doivent savoir désormais qu’un contre-pouvoir vient de naître et qu’il a vocation à rassembler tous ceux qui se reconnaissent dans le mouvement social planétaire et qui luttent contre la confiscation du droit d’expression. Journalistes, universitaires, militants associatifs, lecteurs de journaux, auditeurs de radios, téléspectateurs, usagers d’Internet, tous s’unissent pour forger une arme collective de débat et d’action démocratique. Les globalisateurs avaient déclaré que le XXIe siècle serait celui des entreprises globales ; l’association Media Watch Global affirme que ce sera le siècle où la communication et l’information appartiendront enfin à tous les citoyens...
    [ Lire article complet ]

    L'initiative de Cap sur l'indépendance est pourtant excellente. Tout projets rassembleurs en ce sens, méritent un intérêt médiatique, car plus de 43% des québecois se disent souverainistes. Ce déni médiatique est une insulte à tous ces gens. De plus, il y a tellement de raisons pour que ce projet de pays aboutisse... Pensons seulement aux 2 mai dernier, le Québec est tout à fait distinct du Canada, et le Canada ne partage rien du Québec, tel que démontré dans la Boussole.
    Et oui, il faut de la place aux jeunes, c'est maintenant à eux de porter ce projet en première ligne, avec nous tous. Dans moins de 2 ans, l'Assemblée Nationale sera renouvelée, et les têtes "brûlées et révolues", tel Charest tomberont... Les jeunes auront beaucoup de place pour se faire entendre, pour comprendre que ce projet de pays est la seule voie digne pour un Québec prospère et épanoui.
    Parlons-en, parlons-en, et reparlons-en... Un slogan, qui m'a accroché, que j'ai vu souvent revenir sur certains blogues « Pour un Québec décidé ! »
    Bravo, M. LeHir pour toutes vos initiatives.

  • Patrice-Hans Perrier Répondre

    21 mai 2011

    Attention Monsieur Le Hir,
    Je suis de la génération X, entre vous et ces jeunes auxquels vous adressez votre appel «aux armes» ... je sortais à peine de l'enfance lorsque le PQ a pris le pouvoir en 1976.
    Et, bien, je me considère un peu comme un PONT entre votre génération et celle qui monte actuellement. Nous avons besoin de la sagesse des bâtisseurs (et vous en êtes certainement) et de l'enthousiasme de la garde montante ... mais encore ?
    La génération intermédiaire, la mienne, et aussi celle dite des Y, représentent des foyers de résistance où la mémoire aura livré ses plus durs combats.
    Les combattants de mon acabit ont dû nager à contre-courant: d'abord la contre-culture; puis la désillusion du NO FUTUR au début des années 80; puis la libéralisation des échanges économiques et culturels à outrance; puis la grande noirceur des années 2000.
    Comme des saumons nous avons remonté le courant, pour réaliser que faire TABULA RASA ne menait à rien et que la CONTRE-CULTURE était un NON SENS. Comment peut-on faire la promotion d'une anti-culture ... comme si la culture n'avait de racines que celles des classes dominantes.
    Nous avons - contrairement à vous Monsieur Le Hir - fait notre cours classique sur «le bras», au gré de nos expériences de vie, de nos voyages et de nos lectures et nous avons payé de notre VIE ce grand écart.
    Désormais, nous sommes comme des passeurs entre votre génération MIEUX éduquée et la garde montante qui, souvent, ne possède guère de repères en termes d'arrimage à l'histoire et à la culture générale.
    C'est dans la continuité qu'un peuple réalise sa libération, lorsque toutes ses composantes se connectent dans un grand mouvement de solidarité.
    Ne lâchons pas !

  • Gilbert Paquette Répondre

    21 mai 2011

    Oui, le résultat de la conférence de presse est mitigé. Nous, les indépendantistes avons une côte à remonter, nous le savons depuis longtemps. Il n'y a pas eu de campagne indépendantiste depuis 1995, ni avant, ni après, ni pendant les élections. Celle qu'amorce Cap sur l'indépendance se fera, comme vous le souligne M. Le Hir, largement par et pour les jeunes. D'ailleurs sur les 15 représentants d'organismes représentés à la conférence de presse, la moitié sont des organisations jeunes qui opèrent en dehors d'un certain "fonctionnarisme" de nos organisations traditionnelles. Le caractère inter-générationnel de Cap sur l'indépendance va mener à des résultats et nous l'avons inscrit dans les principes d'action de Cap sur l'indépendance dès le début il y a un an.
    En passant, le commentaire du média anglophone n'est pas négatif sauf celui sur les arguments déjà entendus. Répéter que les médias ne nous sont pas favorable peut être paralysant. Utilisons tous les moyens à notre disposition.
    Comme vous le dites, l'indépendance se fera plus vite qu'on pense.

  • Henri Marineau Répondre

    21 mai 2011

    100% d'accord avec vous, M. Le Hir...à preuve tous les articles que j'ai écrits sur cette tribune qui font allusion à l'importance de la génération montante qu'il faut non seulement mobiliser autour du projet d'indépendance du Québec, mais aussi... écouter!

  • Archives de Vigile Répondre

    20 mai 2011

    Le problème avec le PQ c'est que tout ces membre qui sont en charge de dossier sont en majorité des éminances du partis. Pauline Marois devrait s'entourer de personne jeune et dynamique qui ne souffre pas de la langue de bois.Il temps que les jeunes souvrainistes commence à occuper le devant de la scène. Comment ça ce fait que nous ne voyons que pauline marois dans les média.

  • Archives de Vigile Répondre

    20 mai 2011

    Monsieur Le Hir,
    N'avez-vous pas compris que le « message » ne passe pas par le média. Le média n'est pas le message (mais il est le « massage idéologique »), comme si le média était tout. N'attendez pas que le flux passe par les voies traditionnelles. Et, qu'attendez-vous d'ailleurs? La célébration de l'avénement d'une République, ou la République?
    Dans une société hypertrophiée par la fête, la sobriété est nécessaire. Il faut faire le boulot en silence. Le brouhaha que « véhiculent » les médias est assourdissant. Il faut regarder ailleurs, surtout loin des « réseaux sociaux » dans lesquels s'adore la masse narcissique. Il faut parler en silence, toucher sans éclat, dans le furtif.
    Cela dit, il faut faire acte de conscience. La République du Québec en deux mil quatorze. Juste après la fin du monde (comme La fin de l'histoire de Francis Fukuyama qui aurait apparu, aux yeux de Nietzsche, comme le concept le plus prétentieux de l'Histoire).
    Salutations.
    André Meloche
    P.S. En deux mil quatorze, nous serons une République : « Pour voir ses rêves se réaliser, il faut d'abord se réveiller. »