(Québec) Il y a des vérités qu'on préfère ne pas voir ou ne pas entendre. C'est vrai dans la vie, et c'est vrai dans la politique. Le gouvernement Charest en a fait la démonstration cette semaine, dans deux dossiers importants : celui de la Caisse de dépôt et celui du terminal méthanier Rabaska sur la rive sud du Saint-Laurent en face de l'île d'Orléans.
Voyons d'abord Rabaska : mardi, le député péquiste Sylvain Gaudreault a déposé une pétition signée par les représentants d'une centaine de familles qui vivent dans le périmètre de 1,5 km du projet de terminal méthanier. Ces gens vivent dans l'inquiétude depuis des années, et se font maintenant dire que Rabaska ne se fera probablement pas avant 2017. Ils en appellent donc au
gouvernement.
C'est Claude Béchard qui a pris les questions sur le sujet, et il s'en est lavé les mains en déclarant que ce n'est pas le gouvernement qui est le promoteur dans ce projet. À la question de savoir s'il accepterait de rencontrer les familles, M. Béchard a déclaré qu'on pouvait toujours «fixer une rencontre», mais il a laissé entendre que cela ne servirait à rien.
M. Béchard n'est pas seul à refuser de voir les visages des familles dont la vie est chambardée par le projet Rabaska. Les demandes de rencontres avec le
premier ministre et les ministres Yves Bolduc, Line Beauchamp et Raymond Bachand se sont heurtées à de simples accusés de réception. «Soyez assuré que votre correspondance recevra toute l'attention qu'elle requiert», a répondu l'attachée politique d'Yves Bolduc le 24 mars. «Je vous remercie de nous avoir transmis cette correspondance qui sera portée à l'attention de la ministre dans les meilleurs délais», a écrit celui de Line Beauchamp. Des réponses stéréotypées qui ne veulent rien dire.
Le directeur de santé publique, le Dr Alain Poirier, a au moins eu la décence, lui, de signer sa lettre de réponse et de reconnaître que «l'incertitude entourant l'implantation du terminal méthanier à Lévis [...] puisse engendrer de sérieux inconvénients pour la population concernée».
Parce que c'est ça, le problème : au-delà des risques environnementaux, c'est l'attente interminable qui sape la qualité de vie de ces familles. Comme savoir s'il vaut la peine de rénover sa maison, par exemple, quand on ne sait même pas si on sera encore là dans cinq ans. La compagnie a offert de racheter les maisons de ceux qui ne veulent pas vivre cette attente, mais elle n'offre pas de compensation pour les frais de relocalisation. Seuls les propriétaires qui attendront le début des travaux, dans
5, 10 ou 15 ans, seront totalement indemnisés.
C'est de cette attente dont se plaignent ces citoyens que les politiciens au pouvoir ne veulent même pas rencontrer. Après avoir épuisé ainsi tous leurs recours, ils se tournent donc vers le Protecteur du citoyen. Il est quand même rassurant de constater qu'ils ont trouvé là un accueil plus sérieux que celui des élus du peuple.
La Caisse de dépôt
François Legault a soumis une demande bien simple, jeudi, au ministre des Finances, Raymond Bachand. Comme Luc Verville, le responsable de l'achat des papiers commerciaux à la Caisse de dépôt nie que ses patrons ont été tenus dans l'ignorance des risques associés à ces titres, M. Legault a demandé qu'on l'invite à venir témoigner devant la Commission des finances. Le ministre Bachand n'a pas donné son accord. Les travailleurs de la construction, dont les rentes de retraite seront réduites à cause des pertes de la Caisse de dépôt, aimeraient bien, eux, savoir qui sont les véritables responsables de ce gâchis.
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