Le conseil municipal de Calgary a adopté à l’unanimité, lundi, une motion qui condamne la loi interdisant le port de signes religieux à certains employés du secteur public québécois.
Étant élus, il est de notre devoir de défendre les droits de la personne
, a déclaré le conseiller George Chahal pendant qu’il présentait la motion.
Il s’est inspiré de sa propre histoire pour dénoncer la loi, qu’il qualifie de raciste et de discriminatoire.
George Chahal a indiqué que son père, assis dans la salle du conseil municipal, portait un turban, comme le faisait son grand-père avant lui.
On a jeté des oeufs sur notre maison et jeté une croix en feu sur notre terrain en 1992
, a-t-il témoigné, pour illustrer les dérives que pourrait avoir, selon lui, une loi sur laïcité comme celle du Québec.
Adoptée en juin, la Loi sur la laïcité de l'État interdit le port de signes religieux aux employés de l’État en situation d'autorité, comme les enseignants, les juges, les gardiens de prison ou encore les policiers. Elle permet aussi au gouvernement de surveiller l’application de la loi, en exigeant, le cas échéant, d’imposer des sanctions.
Cette loi est rétrograde et intolérante.
La loi ne met pas toutes les religions sur un pied d’égalité, a déploré le maire Naheed Nenshi. Elle a clairement été écrite pour cibler certaines personnes, telles que les femmes musulmanes qui portent un voile, les sikhs qui portent un turban et les hommes juifs qui arborent une kippa.
« Une crise nationale »
M. Nenshi a admis avoir eu honte d’entendre la mairesse de Montréal, Valérie Plante, dire qu’elle se sentait seule dans son combat contre la loi sur la laïcité, lors d’un récent rassemblement de maires canadiens.
La Ville de Calgary entend désormais interpeller la Coalition canadienne des municipalités contre le racisme et la discrimination pour qu’une campagne nationale anti-loi sur la laïcité voie le jour.
Cette loi provinciale empiète complètement sur les droits des municipalités en leur disant qui elles peuvent engager ou non
, a indiqué le maire Naheed Nenshi.
La résolution adoptée par le conseil municipal reconnaît le droit de porter des symboles religieux comme un droit fondamental, comme cela est garanti par la Déclaration universelle des droits de l’homme et la Charte canadienne des droits et libertés.
L’Organisation mondiale des sikhs du Canada a remercié la Ville pour sa position.
La loi sur la laïcité cause une crise nationale qui menace les droits de la personne des minorités, pas seulement au Québec, mais aussi dans les autres provinces
, a dit le vice-président de la branche albertaine de l’organisation, Tejinder Singh.
Les conseils municipaux de Montréal, de Victoria, en Colombie-Britannique, et de Brampton, de Toronto et de Kitchener, en Ontario, ont déjà adopté des motions semblables à celle de la Ville de Calgary.
Au Québec, des groupes tentent de faire invalider la loi en cour. Le gouvernement québécois a décliné nos demandes d'entrevue en spécifiant par courriel : La Loi [sur la laïcité de l'État] est une loi modérée, qui fait consensus auprès de la société québécoise. Il faut respecter la décision votée légitimement par l’Assemblée nationale du Québec.
Avec les informations de Sarah Rieger , CBC