Cap sur les 60 000 immigrants

En se fixant un tel objectif, le Québec pourra s'assurer une meilleure croissance économique à court et à long terme

Pas un mot sur la francisation - Des patrons irresponsables !!!

Si l'immigration constitue d'abord et avant tout une aventure humaine d'envergure qui va bien au-delà de strictes considérations économiques, force est d'admettre qu'elle joue aussi un rôle économique considérable. En fait, ce rôle est en passe de devenir crucial, notamment compte tenu des besoins en main-d'oeuvre dans les entreprises du Québec.
Collectivement, les Québécois bénéficient de l'arrivée de nouveaux citoyens, de leur capital humain, de leur expérience respective et de leur ingéniosité, sans oublier que les foyers qu'ils fonderont contribueront aussi par la suite à l'enrichissement collectif.
Certes, l'immigration engendre aussi certains coûts. Il y a toujours une période d'adaptation, plus ou moins longue, avant qu'une personne immigrante puisse se trouver un travail qui lui convient et qui prend en compte sa formation, ses compétences et son expérience. Pour faciliter cette adaptation, l'État offre des services d'intégration et de soutien aux familles dont les revenus sont trop faibles tout en leur permettant de bénéficier des services sociaux auxquels les Québécois ont accès.
Toutefois, cette période d'adaptation est relativement courte par rapport à la vie active d'un individu. Rapidement, les coûts de la période d'adaptation font place aux bénéfices d'un citoyen qui participe de plain-pied au marché du travail, qui s'engage dans sa communauté, qui paie des impôts et qui contribue pleinement à sa société d'accueil.
Compte tenu de l'impact bénéfique de l'immigration sur l'économie, le Québec devrait fournir un effort supplémentaire dans le but de recruter le quart (25%) de tous les immigrants économiques reçus au Canada. Dans les cinq dernières années, cette proportion n'était que de 18,4%.
L'objectif du 25% implique d'accueillir 60 000 immigrants en 2010, soit un scénario de croissance élevée de l'immigration au Québec. En se fixant un tel objectif, le Québec peut s'assurer une meilleure croissance économique à court et à long terme.
On doit toutefois souligner l'importance d'accompagner cet objectif d'accueil de meilleures stratégies quant à l'attraction et à la rétention des immigrants qualifiés et à la reconnaissance de leurs diplômes et acquis.
Mettre pleinement à contribution le capital humain
Un effort particulier de rétention doit être réalisé auprès des immigrants d'affaires, puisque les statistiques montrent que ceux-ci quittent massivement le Québec une fois qu'ils y ont été reçus. Ainsi, parmi les immigrants d'affaires reçus entre 1996 et 2005, seulement 32,7% sont encore présents au Québec en 2007. Pour les autres catégories d'immigrants (autres immigrants économiques, regroupement familial, réfugiés, etc.), plus de 80% sont encore présents ici en 2007. Il s'agit d'un énorme écart qui soulève d'importantes inquiétudes quant à l'attractivité du Québec pour les immigrants d'affaires.
Pour l'intégration économique et sociale des immigrants qualifiés, un élément paraît incontournable: la reconnaissance des diplômes par les ordres professionnels. Sans compromettre la qualité des services professionnels auxquels s'attendent les Québécois, il y a tout lieu de trouver des solutions rapides et des parcours adaptés pour les nouveaux arrivants désirant faire reconnaître leurs aptitudes professionnelles. Comment peut-on justifier, par exemple - et ceci est un cas à propos que j'ai personnellement observé, qu'un médecin formé en France et avec plusieurs années d'expérience de travail dans ce pays développé soit installé au Québec depuis déjà 24 mois sans avoir pu y travailler à ce jour?
Les critères de qualité soutenus par les ordres professionnels sont souhaitables et ne doivent pas faire l'objet de compromis. Par contre, il est clair que le refus de reconnaître un diplôme obtenu à l'étranger, surtout lorsque ce diplôme est obtenu dans un pays bénéficiant d'un système d'éducation et de formation comparable au Québec, entraîne des conséquences néfastes non seulement pour le titulaire, mais aussi pour la société dans son ensemble. Le capital humain détenu par les immigrants qualifiés doit être pleinement mis à contribution. ()
En augmentant ses cibles d'accueil en matière d'immigration économique pour la période 2008-2010, en y joignant des objectifs d'attraction et de rétention précis et en facilitant l'intégration des nouveaux arrivants (par la reconnaissance des diplômes obtenus à l'étranger, notamment), nous pourrons collectivement nous assurer du plein apport de l'immigration à la prospérité actuelle et future du Québec.
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Kelly-Gagnon, Michel
L'auteur est président du Conseil du patronat du Québec (www.cpq.qc.ca).


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