Carbone: les Québécois travailleront-ils pour l’Alberta ?

Copenhague - 15e Conférence de l'ONU sur les changements climatiques


Le premier ministre ontarien Dalton McGuinty résume ainsi LA bataille politique canadienne post-Copenhague. Si le Québec réduit d’ici 2020 ses émissions de gaz à effet de serre de 20%, l’Ontario de 15% et la Colombie Britannique de 14%, alors que le Canada vise, dans son ensemble, 3%, une belle bataille politique entre provinces canadiennes pointe à l’horizon.
L’indispensable Louis-Gilles Francoeur a fait les calculs et les publie dans Le Devoir de ce matin. Compte tenu des efforts des trois provinces vertes, le reste du Canada pourrait augmenter ses émissions de 11% et toujours atteindre son objectif ridicule de réduction globale de 3%.
Louis-Gilles point aussi vers une entrevue publiée vendredi par le Globe and Mail où le premier ministre de l’Alberta, Ed Stelmach, reprend une rengaine assez entendue au Canada-anglais pour dénigrer l’effort écologique du Québec:
Il faut se rappeler que le Québec prend ces positions parce qu’avec leur hydroélectricité, ils pensent que leurs émissions de carbone vont être moins élevées et ils n’ont rien à faire.

Un blogueur connu et respecté au Canada anglais répète également souvent qu’au Québec “ils ont des chutes d’eau’ pour expliquer la différence. Or le Québec avait des chutes d’eau avant 1990, donc toute réduction des émissions par rapport à cette date a du se faire en plus de cet avantage comparatif — et devrait-on dire, en dépit, car il est plus facile de réduire ses émissions lorsqu’on utilise du pétrole, remplaçable, que de l’hydroélectricité, déjà peu polluante. Or les entreprises manufacturières québécoises ont réduit leurs émissions de près de 24% entre 1990 et 2006. L’effort supplémentaire de 20% d’ici 2020 sera principalement concentré sur l’industrie des transports.
Mais comme le dit Dalton McGuinty dans la citation du jour, le Canada pourrait s’asseoir sur son derrière environnemental, engranger les bonnes statistiques des bons élèves, laisser l’Alberta augmenter ses émissions sans contrainte nouvelle. Une autre victoire de l’idée fédérale.

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Jean-François Lisée297 articles

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Ministre des relations internationales, de la francophonie et du commerce extérieur.

Il fut pendant 5 ans conseiller des premiers ministres québécois Jacques Parizeau et Lucien Bouchard et un des architectes de la stratégie référendaire qui mena le Québec à moins de 1% de la souveraineté en 1995. Il a écrit plusieurs livres sur la politique québécoise, dont Le Tricheur, sur Robert Bourassa et Dans l’œil de l’aigle, sur la politique américaine face au mouvement indépendantiste, qui lui valut la plus haute distinction littéraire canadienne. En 2000, il publiait Sortie de secours – comment échapper au déclin du Québec qui provoqua un important débat sur la situation et l’avenir politique du Québec. Pendant près de 20 ans il fut journaliste, correspondant à Paris et à Washington pour des médias québécois et français.





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