Il n'y a aucun règlement qui interdise le port du hidjab sur un terrain de soccer. Ni à Montréal ni à New York ni à Téhéran. L'arbitre responsable de l'expulsion d'une adolescente qui refusait de retirer son foulard lors d'un tournoi à Laval, samedi dernier, a donc eu tort. Sa réaction exagérée illustre parfaitement le type de comportement qu'il faut craindre dans le contexte parfois explosif entourant le débat sur les accommodements raisonnables.
Il ne s'agit pas ici d'un refus d'accommodement raisonnable mais bien d'une erreur de jugement de la part d'un arbitre qui, aussi musulman soit-il, a voulu être plus catholique que le pape. Il n'est pas le seul. La Fédération de soccer du Québec a erré elle aussi.
L'idée que le hidjab puisse menacer la sécurité des joueuses de soccer est tout simplement ridicule. Le hidjab n'est pas plus menaçant qu'une queue de cheval. Les filles devront-elles désormais se raser le crâne de peur de s'étrangler avec leur chevelure?...
Les règlements de la FIFA prévoient "que l'équipement ne doit en aucun cas présenter un danger quelconque pour eux-mêmes ou pour les autres. Ceci s'applique aussi aux bijoux en tous genres." On pense donc à des boucles d'oreilles, à un collier ou un pendentif. Pas à un bout de tissu noué autour de la tête. Les règlements officiels quant à la tenue vestimentaire des joueurs parlent pour leur part d'un maillot, de culottes, des chaussettes, de protège-tibias et de chaussures. Nulle part il n'est fait mention d'un accessoire pour la tête. Il n'est jamais dit que le bandeau ou le hidjab sont interdits.
Pourquoi le seraient-ils? Les joueurs de soccer ne sont pas salariés de l'État et ne travaillent pas au sein d'une institution publique. Il y a une différence entre une gamine de 11 ans qui joue au soccer et une infirmière ou un enseignant qui travaille auprès des enfants. La pré-adolescente qui participe à un tournoi de soccer amateur peut bien arborer un tatoo, se faire teindre les cheveux verts ou porter un hidjab, on s'en fout.
On peut se demander si l'arbitre aurait pris la même décision il y a un an. Le climat actuel, qui frise parfois l'hystérie, a-t-il influencé sa réflexion? Il est permis de le croire.
Le fait que cet incident se soit produit en pleine campagne électorale a également amplifié les réactions au cours des derniers jours. Les politiciens, à qui on a reproché de ne pas se mouiller dans le débat sur les accommodements raisonnables des derniers mois, s'empressent aujourd'hui de commenter l'affaire. Et leur réaction n'est pas toujours heureuse. En particulier celle du premier ministre Jean Charest qui s'est empressé de déclarer qu'il était d'accord avec la décision de l'arbitre. On se serait attendu à plus de retenue de la part de celui qui a pourtant impressionné tout le monde en nommant Charles Taylor et Gérard Bouchard à la tête d'une commission d'enquête sur les accommodements raisonnables.
Ce n'est surtout pas le temps de faire preuve d'intolérance. Affirmer les valeurs de la société québécoise, c'est bien. Entreprendre une chasse aux sorcières, c'est idiot.
Laissez un commentaire Votre adresse courriel ne sera pas publiée.
Veuillez vous connecter afin de laisser un commentaire.
Aucun commentaire trouvé